Négociations commerciales
Toujours la guerre des prix…

Les résultats de l’Observatoire des négociations commerciales permettent à l’Ania de dresser un triste bilan du climat observé dans les box au sujet des négociations commerciales cette année. La Fédération des entreprises et entrepreneurs de France, de son côté, s’attache à « voir ce qui marche », dans un contexte où la DGCCRF se veut plus vigilante.
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Mis en place à l’automne dernier, l’Observatoire des négociations commerciales devait veiller au bon déroulement des joutes dans les box. Au final, elle a reçu « pas moins de 327 signalements », déplore l’Ania, l’Association nationale des industries agroalimentaires. Des signalements adressés par des entreprises de toutes tailles, de tous statuts et de tous secteurs sur des demandes de déflation, sur des demandes indifférenciées de remises, sur des déréférencements de produits en magasin pendant la période des négociations. Un chiffre dont l’Ania tire un enseignement principal : « la guerre des prix entre enseignes de la grande distribution s’intensifie et la spirale déflationniste se poursuit malgré tous les signaux d’alerte sur nos filières agricoles et agroalimentaires ». L’Ania note tout de même que l’Observatoire a permis « d’ouvrir un dialogue direct avec les enseignes », sachant que des courriers étaient envoyés aux centrales d’achat lorsque de nombreux signalements coïncidaient sur une pratique similaire. Ainsi, huit courriers « visant à dénoncer les pratiques les plus graves comme des demandes de remises préalables à toute négociation, des retards de paiement, des déréférencements de produits comme pression en cours de négociations » ont été adressés par l’Observatoire.

Du mieux sur les PME


De son côté et refusant d’entrer dans la polémique entre fournisseurs et distributeurs, Dominique Amirault, président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef), entend « voir ce qui marche ». Et de rappeler qu’« il faut du temps pour faire évoluer les choses ». La Feef - qui a signé des contrats avec les distributeurs (sauf Casino, NDLR) pour différencier le traitement des PME de celui des multinationales - affirme que « les PME ont bénéficié cette année d’un traitement beaucoup plus différencié que les multinationales avec certaines enseignes. En moyenne, la tendance est positive, mais la différence n’est pas encore assez forte ».
Du mieux donc, cette année, dans les box selon la Feef, pour qui des progrès restent à faire. « Je suis positif, nous sommes sur la bonne voie, mais nous n’avons pas encore transformé l’essai. Nous allons continuer parce que nous y croyons. Cela mettra du temps, mais nous mettrons toutes les conditions pour que cela réussisse », avance résolument optimiste Dominique Amirault. Quant à modifier la loi, ce dernier préconise avant tout un contrôle de l’application des lois actuelles. « On fait des lois, mais personne ne vérifie ce qui se passe » met-il en garde.

Des contrôles plus nombreux


Pourtant, les contrôles menés par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) durant les négociations commerciales « ont plus que doublé par rapport à 2014 ». C’est ce qu’a indiqué Nathalie Homobono, sa directrice générale, le 7 mars. « L’objectif est de prévenir les abus de puissance d’achat pour préserver la qualité de la relation et inciter au développement d’une logique de partenariat », a-t-elle expliqué.
Les agents de la DGCCRF ont ainsi mené 12.565 vérifications auprès de 3.818 établissements, tous secteurs confondus, pour constater de l’équilibre des relations commerciales. Ceci a donné lieu à 68 décisions de justice, « un chiffre du même ordre qu’en 2014 », selon Nathalie Homobono, mais un montant d’amende de 3,5 millions d’€ « supérieur à l’année précédente ». Dans le même temps, la Cour d’appel de Paris a condamné Leclerc et Carrefour à rembourser plusieurs millions d’€ à leurs fournisseurs sur des sommes indûment perçues…





Calmer le jeu…


La Fédération du commerce et de la distribution (FCD), dont le délégué général Jacques Creyssel a vivement réagi aux critiques de l’Ania, « ne communique pas plus avant, pour l’instant, sur le bilan de ces négociations », a indiqué un porte-parole, dans l’attente d’un premier bilan d’ici quelques jours. Son objectif, on s’en doute, sera de calmer à tout prix le jeu. Ces polémiques entachent en effet le tablier blanc des ardents défenseurs du pouvoir d’achat, ceux-là mêmes qui contribuent à la perte de l’emploi de leurs clientèles par des comportements d’un autre temps.



La guerre des prix n’est pas finie


« La guerre des prix continue », a réagi Xavier Beulin, le président de la FNSEA, qui indiquait, le 9 mars devant les anciens exploitants, que les négociations commerciales qui devaient se terminer le 29 février n’avaient pas abouti pour tous les produits. Il a annoncé par ailleurs que les résultats des négociations devaient conduire à une baisse des prix de l’ordre de -4 % à -6 %... Étant donné que le prix du lait a été plus ou moins maintenu, Xavier Beulin disait craindre de fortes baisses pour les autres produits agricoles.