Réforme des rythmes scolaires
Le retour de l’agriculture à l’école ?

Publié par Cédric Michelin
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Jeudi 18 septembre à Mâcon, l’Union des maires des communes rurales de Saône-et-Loire s’intéressait à la réforme des rythmes scolaires qui a marqué la rentrée 2014. Visiblement les communes sont confrontées à de nombreux aléas. Exemple avec les communes de Bissey et Moroges. A long terme, l’agriculture a peut-être là une chance néanmoins d’expliquer aux jeunes son métier et ses produits.
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A Cité 71 - Salon des Collectivités territoriales de Saône-et-Loire -, l’exemple pris pour illustrer cette réforme des rythmes scolaires venait des communes Bissey-Moroges. Son RPI (Regroupement pédagogique intercommunal) a fait appel à une société – Athena Coaching- qui intervenait pour gérer ses nouvelles activités périscolaires (NAP). En effet, sa mise en place s’est déroulée « dans un climat particulier, en période électorale : ce qui n’a pas favorisé les choses », déplore Élisabeth Lé-Germain, la gérante. Le comité de pilotage (élus, agents communaux, chefs d’établissements et parents d'élèves) doit se plier à un certain nombre de « contraintes », déjà propres à chacune des écoles pour ces deux communes qui totalisent près de 1.000 habitants. La question des transports scolaires étant en plus couplée avec les horaires du collège de Buxy.

Première morsure



Après avoir défini les plages horaires, décision est prise d’intéresser les enfants à l’hygiène bucco-dentaire pour le premier temps d’activités périscolaires (TAP), « puisque la Bourgogne est mal classée » en la matière. L’accueil des familles n’est « pas favorable ». Les élus tiennent bons. Ils décident d’ailleurs de s’inscrire dans une démarche au service des enfants, de communiquer positivement, sans tomber dans les polémiques médiatisées. Des réunions d’explications supplémentaires seront néanmoins nécessaires. Aucune contribution financière n’est demandée aux parents pour ces activités, « pour une plus grande participation ». Les projets « somptueux » sont donc vite confrontés aux « réalités budgétaires », pour aboutir à des projets « adaptés » et toujours « dans l’intérêt de l’enfant ». L’inscription est trimestrielle.

L’agriculture fait son retour ?



A cette compatibilité horaire des deux écoles se greffe une autre forme de « réalisme économique ». En milieu rural, il faut en effet « attirer » les intervenants qui rentrent ainsi plus dans leurs frais, avec cette double intervention. Qui dit activités "spécifiques" dit tarifs à négocier « au cas par cas ». Le nerf de la guerre étant le financement, le RPI Bissey-Moroges bénéficie de fonds d’amorçage et du soutien des DRDJS, ancien service Jeunesses et sports.
Cherchant des solutions plus économiques, Moroges se remémore une convention avec les espaces naturels qui ne coûtera rien à la commune pour expliquer les pelouses calcaires ou l’écosystème des mares. L’agriculture a certainement une opportunité ici à saisir pour expliquer son métier, que ce soit dans les écoles rurales mais aussi urbaines, plus éloignées de ce milieu…

Bénévoles épuisés



Côté gestion par la commune, « cela reste une usine à gaz, nécessitant un suivi au jour le jour. Avec la sophrologue une fois par mois, le boulanger une fois dans l’année, le cirque… tout cela nécessite d’aménager un planning au jour le jour sur 36 semaines ». Surtout très vite, il faut définir « qui fait quoi » sur des points clés notamment comme pour la récupération des enfants. « Les communes n’ont pas le droit à l’échec. Il est hors de question qu’un enfant loupe son bus ». Chacun a donc encore beaucoup à apprendre sur cette réforme des rythmes scolaires...

Répertorier les talents



Bissey et Moroges ont retenu de nombreuses activités : musique, théâtre, sophrologie, danse, photo… « Le milieu rural compte de nombreux talents ». Encore faut-il « s’assurer des compétences des intervenants ». Et une fois « retenues, les activités doivent encore servir le bien-être des enfants et contribuer à favoriser l’apprentissage », le tout « sans saupoudrer ». Les bénévoles – bien que « pratiques » - souvent des retraités -, sont confrontés aux nouvelles générations d’enfants "2014" et sont « très vite épuisés », constate l’adjointe à la mairie de Saint-Désert. Cela demande de toute façon un « accompagnement et des objectifs clairs ». Athena Coaching aidera les communes à faire des choix et recruter des intervenants. « Il y a toujours des grains de sable. L’intervenante en construction de marionnettes s’était engagée mais elle nous a annoncé qu’elle rejoignait une troupe d’artistes ». La sécurité d’un contrat fixe prime sur ces prestations aléatoires... Les marionnettes seront remplacées par un atelier photo. Là encore, il faut s’adapter, « en fixant des règles, comme le droit à l’image et leurs diffusions ». Un règlement intérieur est alors rédigé.



Mais bien d’autres questions restent en suspens : comment mutualiser ? A quelle échelle ? Qui pour gérer ? Définir des programmes pour que les élèves n’aient pas les mêmes intervenants pendant 7-8 ans ?.... Au final, tout cela « rappelle les programmes scolaires » et la fonction des Académies…