Charolais Horizon
Structuration de filière

Dans un contexte de marchés défavorables mettant à mal les trésoreries des éleveurs, le groupement Charolais Horizon s’appuie sur ses filières de qualités, la planification et la contractualisation pour conforter la production. Il compte aussi sur ses outils aval (Sicarev) pour créer de nouveaux contrats de filière et explorer de nouveaux débouchés.
130353--debat.JPG
En 2014, à l’instar de ce qu'a connu l’ensemble du département, le groupement Charolais Horizon a connu une légère baisse d’activité en volumes : 30.259 animaux, lié à un décalage des ventes de broutards sur 2015. L’activité viande progressait néanmoins de +4 % (12.179 animaux) notamment grâce aux vaches et aux génisses qui font l’objet de nouveaux contrats de filière avec la grande distribution, révélaient les responsables de la coopérative. Le marché de la viande s’est montré toutefois très difficile en 2014, commentait le président Guy Fonteniaud. La situation a conduit à une baisse moyenne de 40 centimes d’euros sur les cotations gros bovins correspondant à un manque à gagner pour les adhérents de 150 € par animal (– 8,3% par rapport à 2013), calculait le directeur François Chaintron. Une conjoncture qui a provoqué une détérioration brutale des trésoreries des exploitations nécessitant de nombreux accompagnements d’adhérents, confiait le président. En maigre, la baisse des prix a été en moyenne de – 3% par animal.
Dans ce contexte défavorable, les résultats financiers de la coopérative sont en baisse par rapport à 2013. « Un résultat faible, mais qui a le mérite d’être positif après qu’aient été reversées aux adhérents toutes les plus-values planification, contractualisation et qualité, représentant un total de 371.164 € », faisait remarquer le président. Et cela tout en préservant la capacité de la coopérative à investir dans les outils d’abattage et de transformation du groupe, ajoutait Guy Fonteniaud.

Plus d’animaux en filière qualité



Les plus-values sont la conséquence « d’actions structurantes filière » auxquelles le groupement se montre très attaché. En 2014, contrairement à la tendance nationale, le nombre d’animaux vendus sous signe officiel de qualité a progressé de + 16% à Charolais Horizon. 2.919 animaux ont ainsi été valorisés dans les filières AOC Bœuf de Charolles, Filière Qualité Carrefour, Charolais label rouge, Charolais de Bourgogne… Une nouvelle filière a vu le jour avec l’enseigne « Simply Market ». 4.483 animaux maigres ont également été valorisés en non OGM. Toutes ces filières de qualité représentent un total de plus-value versées aux éleveurs de 215.583 €. A cela, il faut ajouter 155.581 € liées à la contractualisation et à la planification des sorties. Une nouvelle plus-value de 14 centimes d’euro par kilo a été mise en place (sur vaches et génisses labélisables et contractualiées) pour palier la pénurie de ce type de femelles très prisées par le marché.

Investissements dans l’abattage et la transformation



Tous ces efforts de filière et de valorisation découlent de l’appartenance au groupement de coopératives Sicarev. Les relations étroites entre amont et aval, au sein de ce groupe possédant ses propres abattoirs, permettent de développer des contrats de filières avec la grande distribution, explique Guy Fonteniaud.
Sur son site de Roanne, Sicarev abat 1.200 gros bovins par semaine. A Saint-Etienne, ce sont 1.000 bovins ainsi que 1.300 veaux de boucherie qui sont tués. L’activité abattage de Sicarev progresse de + 5,7%. Plus de 8 millions d’euros d’investissement sont actuellement réalisés à Roanne. Ils permettront de porter la capacité d’abattage de l’outil à 30.000 tonnes et celle des ateliers de découpe à 24.000 tonnes. A Saint-Etienne, les investissements visent à développer les activités produits transformés ainsi qu’à répondre aux nouveaux marchés.

Explorer tous les créneaux



Via Sicarev, Charolais Horizon a le souci de répondre aux nouvelles attentes du marché, en restant attentif à la demande industrielle (steack haché) et en prospectant du côté de la restauration hors foyer encore trop pourvoyeuse de viande d’import (lire encadré).
Mais cela ne l’empêche pas de continuer de soigner les animaux de qualité. En témoigne son implication dans les filières à signes officiels de qualité. Elle affiche par ailleurs sa volonté « de mettre les bouchées doubles » pour développer le créneau des animaux conformés. L’idée serait de mettre en place un marché spécifique, en particulier sur le sud de la France, détaillait Guy Fonteniaud.
Autre créneau cher à Charolais Horizon, la commercialisation de reproducteurs avec 630 animaux échangés en 2014. L’activité se développe au sein de la coopérative : augmentation du nombre d’animaux vendus en élevage ; succès des portes ouvertes et autres présentations ; essor de ventes à l’extérieur (Massif Central) ; implications dans les programmes génétiques « GIE Synergie Charolais – Station de Jalogny et Union Charolais Croissance ».

Deltagro Export

3.500 animaux maigres par semaine



Le groupe Sicarev commercialise 63.000 animaux maigres via sa filiale Deltagro Export, structure commune à plusieurs groupes coopératifs (Sicarev, Cialyn, CCBE, Altitude, Synergie, Lur Berri….). Leader national dans son domaine avec 200.000 animaux exportés en 2014 sur les 800.000 que totalise le marché français, Deltagro Export poursuit son essor au rythme de 3.500 animaux par semaine. En dépit de la crise économique, l’Italie demeure le débouché numéro un avec 82% des animaux exportés. L’exportation sur les pays tiers est encore très « chaotique et marginale », estiment les responsables de Charolais Horizon.





Sicarev

Développement du steak haché et du « piécé cubé »



Dans un contexte de baisse de la consommation de viande bovine où seul le steak haché tire son épingle du jeu, Charolais Horizon, à travers son groupe Sicarev, investit dans des outils de transformation pour répondre à de nouveaux marchés. « A Sicarev, deux axes de développement sont privilégiés : le steak haché et les produits piécés/cubés à destination de la restauration », détaillait Ludovic Paccard, directeur. Le groupe mise sur une usine près du Puy-en-Velay spécialisée dans le steak haché frais et surgelé et qui approvisionne plusieurs grandes enseignes. Un autre site près de Saint-Etienne se destinera à la viande en barquettes ou caissettes ainsi qu’à des produits industriels. 5 à 6 millions d’euros seront investis dans ces nouveaux outils par Sicarev. « La différenciation dans les produits transformés permet aussi de gérer l’équilibre matière. La segmentation du rayon haché est un outil précieux pour valoriser nos avants », expliquaient les responsables de Sicarev.




Produits transformés, restauration hors domicile…

Des parts de marché à reconquérir auprès des consommateurs



« Produits transformés, élaborés, restauration hors domicile » : tels sont les principaux défis qui se présentent à la filière si elle veut reprendre des parts de marchés auprès des consommateurs. Invités à l’assemblée générale de la coopérative le 4 juin dernier, Isabelle Tisserand d’INTERBEV, Ludovic Paccard de Sicarev, Régis Taupin, président de Charolais de Bourgogne et Michel Joly de la section bovine de la FDSEA ont alimenté la réflexion.

En matière de produit transformé, le bœuf a beaucoup de retard en comparaison du porc ou de la volaille. « Il faut proposer des produits innovants mieux adaptés aux modes de vie actuels », estimait Guy Fonteniaud dont le groupe Sicarev investit dans les outils de transformation. Dans la restauration collective, près de 80 % de la viande bovine serait d’origine étrangère. La restauration dite « commerciale » (grandes chaines) ne ferait pas mieux. Chez ces derniers, des critères très techniques tels que grammage, taille des morceaux dans l’assiette, etc… l’emporteraient largement sur les notions de qualité, confiait Michel Joly. Du côté de la restauration collective, tout dépend de la volonté des politiques. Elle ne doit pas se résumer qu’à un discours. La pression des éleveurs et de leurs organisations est indispensable pour convaincre. En la matière, l’expérience de Charolais de Bourgogne dans les cantines des lycées le montre bien. Outre l’appui politique indispensable, il faut soigner « la relance en ciblant bien la personne responsable des achats », expliquait Régis Taupin. La campagne presse est également essentielle.

Les cahiers des charges des appels d’offre constituent également un frein à la viande française de qualité dans la restauration collective. INTERBEV est là pour accompagner les professionnels de ce secteur dans leur rédaction, confiait Isabelle Tisserand. « La guerre des prix est évidemment une raison qui explique la situation de la viande française dans ces secteurs. Un prix, ça ne se décrète pas, ça se construit. Pour peu que le consommateur ait été éclairé sur le contenu de son assiette et avec un peu de bonne volonté des opérateurs, notre produit peut avoir sa place », défendait Michel Joly.