Frelon asiatique
Piéger pour ralentir sa progression

L’expansion fulgurante du frelon asiatique ne serait pas forcément imputable à l’Homme, selon l’Inra, qui invite chacun à travailler au ralentissement de sa progression…
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La rapidité d’expansion du frelon à pattes jaunes ou frelon asiatique (Vespa velutina) en Europe n’est pas forcément liée aux activités humaines. C’est ce que vient de révéler une équipe de l’Université François-Rabelais, de l’Inra et du CNRS dans une étude publiée dans Journal of Applied Ecology. Leurs travaux démontrent que la mise en place d’actions de lutte ciblée pourrait réduire grandement la progression et les impacts de cette espèce invasive.
Depuis son introduction accidentelle en France vers 2004, le frelon asiatique a en effet envahi l’Europe. Cette espèce invasive pose des problèmes de santé humaine (type allergies et décès suite à certaines attaques sur l’Homme), économiques (des ruchers se font attaquer) et environnementaux (prédateur généraliste, le frelon a un impact sur la biodiversité). Depuis son arrivée, le nombre de colonies a, année après année, rapidement augmenté sur les territoires colonisés. Citons par exemple, les données disponibles pour l’Indre-et-Loire : 3 colonies en 2009, 10 en 2010, 41 en 2011, 202 en 2012, 466 en 2013, plus de 600 en 2014, et un millier en 2015…
Rappelons enfin que la présence du frelon asiatique a officiellement été constatée en 2015 (lire à ce sujet notre édition du HH KKKKKKK en page YYY)… En effet, à La Motte-Saint-Jean près de Digoin, un nid a été découvert fin septembre. Des individus, probablement sexués, ont également été observés à Chagny, au sud de Beaune. Si ce sont bien des sexués n’étant pas inféodés à un nid, ils peuvent parcourir plusieurs dizaines de kilomètres par jour et n’informent pas sur les capacités de l’espèce à fonder des colonies viables à proximité de l’observation. Mais s’il s’agissait d’ouvrières, alors un nid doit être présent à moins de 3 km.

78 kms par kilomètres par an !


Les chercheurs de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (Université François-Rabelais/CNRS, Tours) et de l’Unité de recherche de Zoologie forestière de l’Inra Val-de-Loire ont ainsi développé un modèle mathématique permettant de simuler, en France, l’expansion du frelon asiatique en s’appuyant sur des données biologiques et de terrain. Les scientifiques se sont notamment basés sur les données issues du programme de sciences participatives du Muséum national d’histoire naturelle (http://frelonasiatique.mnhn.fr). Ce modèle leur a permis de tester plusieurs scénarii :
1) La dispersion du frelon asiatique sans l’intervention de l’Homme.
2) La combinaison de cette dispersion naturelle du frelon et d’une dispersion par les activités humaines (transports accidentels par l’Homme).
3) Les conséquences de l’élimination des colonies de frelons.
Les résultats indiquent que le front d’expansion du frelon asiatique progresse de 78 kilomètres par an en moyenne.
Les chercheurs démontrent que la rapidité de la colonisation peut s'expliquer par les seules capacités de dispersion des frelons et ne peut pas être systématiquement imputable à l’Homme.
En termes de lutte ciblée, le modèle révèle que lorsqu’on augmente considérablement le niveau de lutte contre le frelon, on ne parvient pas à éliminer l’espèce invasive, mais en revanche on réduit nettement son expansion et la densité de ses populations. L’intensification de la lutte ciblée est donc nécessaire pour limiter l’expansion de l’espèce dans l’avenir et en diminuer les impacts. Les pièges actuels, utilisant des appâts alimentaires, ne sont pas sélectifs d’où l’intérêt de développer un piège sélectif et spécifique des frelons asiatiques.

1 Sont impliqués dans ces travaux des chercheurs de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (Université François Rabelais, CNRS) et de l’Unité de Recherche de Zoologie Forestière de l’Inra Val-de-Loire.


Que faire… ?


Si vous trouvez un nid, adressez-vous à votre mairie qui sera mieux à même de vous réorienter vers l’organisme local de lutte. Certaines administrations locales peuvent prendre en charge une partie de la destruction. Il est aussi utile de signaler cette présence aux apicultures voisins et au Muséum national d’histoire naturelle.
Si vous êtes apiculteurs, soyez vigilant, il est possible que des frelons attaquent vos ruches.
Placez si besoin des pièges. Pensez également à consulter les recommandations de lutte du Muséum sur son site dédié : http://frelonasiatique.mnhn.fr.