Viré-Clessé
Vers une reconnaissance des vins levroutés

Après l’obtention en 1998 de l’AOC Viré-Clessé, l’ODG souhaite offrir un cadre réglementaire sur le long terme aux vins communément désignés comme levroutés. Lancée en 2013, cette démarche a passé une première étape importante en obtenant une approbation de la part du comité régional de l’INAO.
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Reconnue par l’INAO en 1998, l’AOC Viré-Clessé a, depuis lors, une problématique qui lui empoissonne quelque peu la vie. Celle liée aux vins partiellement atteints de pourriture noble. Ces vins, communément désignés comme levroutés, ne rentrent pas dans les règles analytiques de l’AOC Viré-Clessé. Il est donc impératif de leur offrir un cadre réglementaire sur le long terme afin de légitimer leur existence. Aujourd’hui, la teneur maximale en sucres fermentescibles (glucose + fructose) est de trois grammes par litre ou de quatre grammes par litre si l’acidité totale, exprimée en H2SO4, est supérieure à 2.7 grammes par litres.

Un passé très présent


De tout temps, les villages de Viré et de Clessé ont été liés à la culture de la vigne. On trouve les premières traces dès l’antiquité. L’implantation du christianisme a favorisé dès le VIème siècle l’extension de la vigne. Au XVIIème siècle, le nom des vignes de Viré et de Clessé figure dans le dénombrement de la châtellenie de Vérizet. En 1844, Viré compte 215 hectares de vignes. En 1963, les vignerons déposent pour la première fois auprès de l’INAO une demande de classement en AOC communale pour Viré et Quintaine, le hameau voisin. La tentative de 1973 n’aboutit pas plus. En 1988, le syndicat des viticulteurs de Viré dépose un dossier pour une reconnaissance d’appellation communale. Le syndicat de Clessé fait de même en 1991. La commission d’enquête nommée propose aux deux syndicats de déposer une demande commune pour la création d’une appellation communale Viré-Clessé en raison de « l’homogénéité des terroirs des deux communes. » Ce qui est fait en 1994.
En 1996, le comité national de l’INAO affirme dans son rapport à propos des vins liquoreux –c’est-à-dire levroutés– que « ce phénomène exceptionnel en Bourgogne et avec le cépage Chardonnay ravive des usages anciens selon les écrits. Cette production a été pérennisée depuis 1980 et la commission s’est prêtée à un examen attentif de la demande… La commission s’est forgée l’idée que cette production limitée devait être encadrée afin que les caractéristiques de l’AOC Viré-Clessé soient avant tout une production de vins secs à côté de laquelle il peut exister une sélection de grains nobles. » Alors que la notion de grains nobles a été retenue, l’Union des Producteurs de Viré-Clessé préfère aujourd’hui le terme levrouté qui fait davantage référence à des usages sur un territoire limité. Dans son rapport de 1996, la commission d’enquête dévoile une étude sur les vins levroutés qui confirme que « la production de ces vins spéciaux semble être traditionnelle dans les communes de Viré et de Clessé. » Dans son rapport du 3 octobre 1997, la commission affirme même que « le problème des vins liquoreux fera l’objet d’une étude ultérieure par la commission nationale chargée de ce type de produits. »

Retour vers le futur


Initiée en 2013 et renforcée par l’embauche de Sarah Dessoly comme animatrice, la démarche visant à donner au Viré-Clessé levrouté une existence à part entière a débouché sur l’élaboration d’un dossier. Lequel dossier vient d’être approuvé par le comité régional de l’INAO. A partir de là, une commission d’enquête permanente devrait être nommée début 2015. Même si cela avance à un rythme soutenu, l’ODG souhaiterait une prolongation de la dérogation au cas où ledit dossier n’ait pas encore abouti.
Une première dégustation de vins de différents millésimes dépassant les 4 grammes de glucose-fructose s’est déroulée le 9 avril dernier. Ensuite, 21 échantillons ont été analysés. A partir de là, une conclusion s’impose : le seul taux de glucose-fructose après fermentation ne suffit pas à catégoriser les vins levroutés. Il apparaît indispensable de combiner cela au titre alcoométrique et à l’acidité totale. La deuxième dégustation du 25 juin a permis (avec le soutien du BIVB) la réalisation d’une fiche de notation propre au Viré-Clessé levrouté. Une excellente occasion de mettre en avant les critères différenciant Viré-Clessé et Viré-Clessé levrouté.
A retrouver aussi d'autres informations sur  www.vireclesse.fr

Le levrouté quésaco ?


Des raisins qui rappellent la couleur du jeune lièvre, souvent hôte des vignes. Voilà ce qui aurait donné le terme de levrouté selon l’historien et vigneron Emile Violet. Les terroirs de l’AOC Viré-Clessé présentent une aptitude naturelle favorable à la surmaturité des raisins et à leur récolte après action de botrytis cinerea. Ces raisins atteints de pourriture noble présentent une teneur en sucres fermentiscibles pouvant atteindre plusieurs dizaines de grammes par litres. En 2007, lors de la réécriture du cahier des charges de l’AOC Viré-Clessé, la teneur en glucose-fructose a été limitée à quatre grammes par litre. Des procédures nationales d’opposition ont alors été déposées à ce sujet et une dérogation délivrée jusqu’à la récolte 2015. Vendus aujourd’hui à 100 % en bouteille, les vins levroutés constituent un marché de niche complémentaire des Viré-Clessé traditionnels et peuvent être commercialisés via des réseaux de distribution très valorisants comme les restaurants gastronomiques. Actuellement, la surface consacrée aux vins levroutés est d’environ 10 %, représentant 5 à 8 % de la production totale. Un volume de levrouté qui pourrait augmenter en cas de reconnaissance même s’il ne s’agit pas pour autant de développer une production de masse de ces vins. Aujourd’hui, l’AOC Viré-Clessé, ce sont 415 hectares pour 23.214 hectolitres, 72 viticulteurs, 42 producteurs en caves particulières, quatre caves coopératives (Viré, Clessé, Lugny et Charnay-lès-Mâcon) avec 63 % de vins vendus en bouteille et 35 % à l’export.