En agronomie, il n'est pas si simple que cela de simplifier

En agronomie, il n'est pas si simple que cela de simplifier

Installé en 1997 sur une centaine d’hectares de cultures, Romuald Gros est passé d’une « monoculture de maïs » à une rotation plus longue : maïs grain, blé sur les limons battants, orge, pois, soja et même un peu de colza sur les terrains sableux, la monoculture de maïs restant sur ses alluvions inondables. L'objectif au départ était de limiter le travail profond du sol pour tenter d’augmenter les taux de matière organique de fait dégradés. L'agriculteur décide alors de faire davantage de rotations, ce qui l’emmène progressivement jusqu’au semis direct, expliquait-il le 6 juin, lors de la journée Innov’Action, organisée par la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.

Sauf en alluvions, il cesse ainsi de labourer pour passer à un système de déchaumage, décompactage suivi d’un passage de herse rotative. Sur quelques parcelles, il ne fait même qu’un seul déchaumage. « Mais, même avec ce système, j’ai très vite constaté que l’évolution tant attendue de mes sols ne se produisait pas bien vite », constate-t-il, philosophe. Il est de plus confronté à des problèmes de désherbage avec son système de culture de printemps.

En 2004, c’est par le biais de sa Cuma qu’il a pu enfin bénéficier d’un semoir pour les semis directs. Ses rotations se diversifient alors de 2008 à 2012 et, finalement, il décide de « passer le pas » et de supprimer tout travail profond. Hormis pour ses alluvions sur lesquels il utilise le strip-till.

Gestion des adventices

Reste que le semis direct génère des difficultés pour gérer certaines adventices comme pour maintenir une bonne structure des sols. La diversification de la rotation, et en particulier l’alternance de cultures d’hiver et cultures de printemps, contribue à pallier en partie ces inconvénients. Sans oublier que ces rotations permettent également de disposer d’une plus grande diversité d’herbicides pour gérer la flore présente. La gestion des adventices reste néanmoins délicate, note la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.

Désormais, des couverts sont systématiquement semés avant le maïs chez Romuald Gros. Ils sont composés d’un mélange d’espèces variable en fonction des disponibilités (avoine, seigle, phacélie, radis, pois). Leur destruction est réalisée avec un passage de glyphosate (à 2 litres/hectare) après un broyage et/ou un roulage et avant le passage du strip-till.

Couverture au sol

L’objectif de ces couverts intermédiaires est avant tout de couvrir le sol pour limiter la battance et l’érosion. Cependant, d’autres bénéfices en sont tirés comme le piégeage d’élément nutritifs et une contribution au maintien de la structure des sols (action des racines, stimulation des microorganismes et apports organiques après destruction). Ils fournissent également des ressources nutritives aux êtres vivants du sol, comme les vers de terre qui permettent l’enfouissement et le recyclage de la matière organique et participent ainsi au maintien de la porosité.

Le semoir actuel a été acquis en Cuma. En effet, ce type de matériel peut s’avérer très onéreux et, compte tenu des gains de temps engendrés, peut tout à fait s’utiliser à plusieurs. Les échanges entre agriculteurs autour de l’utilisation pratique de l’outil restent très importants. « L’an dernier, nous avons fait 400 hectares avec notre semoir à disques, mais nous n’avons pas réussi à faire certaines parcelles. Deux adhérents n’ont pas de semoir, les autres utilisent d’abord le leur. En fin de saison, quand ça colle, ils reprennent le combiné », fait état Romuald Gros. C’est donc toujours dans sa Cuma qu’il envisage peut-être un investissement collectif dans un autre matériel, encore plus performant (avec un coût du semis proche de 15 €/ha).

Reprenant une étude des Cuma, Julien Haska, agronome à la chambre d’Agriculture, donnait quelques données économiques. Un semoir (6 mètres) utilisé en collectif permet d’abaisser son coût avec un débit de chantier autour de 15 min/ha. En combiné, ce temps varie entre 30 et 45 min/ha.

Reste donc que la simplification du travail du sol au semis direct nécessite de nouvelles compétences et expériences. Ces techniques présentant des avantages et des inconvénients.