Colza
La grosse altise fait de la résistance

Publié par Cédric Michelin
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Les pyréthrinoïdes représentent la principale famille d’insecticides utilisée depuis plus de 40 ans sur coléoptères ravageurs du colza. Les analyses réalisées sur la campagne 2015/2016 par le laboratoire de Terres Inovia ont mis en évidence l’existence de résistances des grosses altises aux pyréthrinoïdes.
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Concrètement c’est quoi la résistance des insectes ?
Terres inovia : La résistance des insectes se traduit par une diminution de leur sensibilité à un insecticide. Les insecticides ne fabriquent pas la résistance, ils la révèlent. En effet la résistance pré-existe dans la population et l’usage répété des insecticides va sélectionner les individus résistants s’ils sont capables d’avoir des descendants. Plusieurs mécanismes de résistance existent.
Résistance de type « mutation de cible » :
Un des mécanismes les plus fréquents est lié à la présence de mutations sur le gène codant pour le site de fixation de l’insecticide qui se fixe alors moins bien sur sa cible. Concernant la résistance aux pyréthrinoïdes, les mutations les plus fréquentes chez les insectes sont les mutations « kdr » (knock-down resistance) et « skdr » (super knock-down resistance). Ces mutations sont recherchées par le biais d’analyses moléculaires sur des insectes « morts ». C’est ce type de résistance que les analyses moléculaires de Terres Inovia ont pu mettre en évidence à l’échelle nationale.
Résistance de type « métabolique » ou par détoxification :
Les insectes présentant cette résistance vont produire des enzymes qui vont dégrader les insecticides. Ce type de résistance est mis en évidence sur insectes vivants en ajoutant un ou des inhibiteurs de ces enzymes. Un grand nombre d’insectes adultes vivants est nécessaire, c’est pour cette raison que peu de résultats sont disponibles à ce jour.
Les recherches de Terres Inovia ont essentiellement pu porter sur les analyses moléculaires. Sur quelques échantillons d’autres mécanismes de résistance peuvent exister, notamment par détoxification (non détectables par analyses moléculaires) et peuvent conférer un très haut niveau de résistance. Les analyses qui ciblent les mutations ne fournissent donc qu’une réponse partielle sur l’état de la situation.

En situation de résistance, quelle efficacité attendre des pyréthrinoïdes au champ ?
T.I. : Sur grosse altise, dans les essais Terres Inovia, sur des populations exprimant la mutation « kdr » et en l’absence de mutation super kdr, le niveau d’efficacité des pyréthrinoïdes varie entre 25 et 75%. La mutation « kdr » ne peut à elle seule expliquer cette variabilité. Des mécanismes de détoxification ou d’autres mutations sont probablement en jeu.
La résistance de type Super kdr est également sans doute couplée à de la résistance par détoxification. Les populations de grosse altise sont alors particulièrement résistantes, ce qui se traduit sur le terrain par une efficacité quasi nulle des traitements.

Un choix d’insecticide qui se complique




Sur grosse altise adulte, que l’on soit sur des insectes sensibles ou bien avec des résistances partielles ou élevées, Terres Inovia conseille d’utiliser Boravi WG (phosmet) à 1 kg/ha (à utiliser avec un acidifiant). Si le phosmet n’est pas disponible, on peut également utiliser une association chlorpyriphos éthyl + pyréthrinoïde mais cette solution ne pourra plus être appliquée lors d’interventions éventuelles ultérieures visant les larves de grosse altise ou les charançons du bourgeon terminal résistants (pour des raisons réglementaires et de pression de sélection). Pour en savoir plus consulter votre technicien ou rendez-vous sur www.terresinovia.fr dans la rubrique colza - ravageurs.