Contention des bovins
Des réalisations économes et astucieuses

Le 4 octobre dans le Charollais, un rallye était consacré aux équipements de contention des animaux en ferme. Organisé par le service Santé Sécurité au travail de la MSA de Bourgogne, cette journée technique était initiée par les délégués des échelons locaux MSA de l’Autunois, de Gueugnon et de Charolles. Retour.
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Rendez-vous était donné dans quatre exploitations équipées d’un parc de contention fixe conçu par l’éleveur avec l’appui technique des conseillers prévention de la MSA. Les organisateurs ont privilégié des installations auto-construites parce qu’elles reviennent en principe moins cher que du neuf dans une conjoncture économique peu favorable. Ce rallye était aussi un moyen de faire partager des astuces mises au point par des éleveurs, détaillait Richard Thivant qui, en ouverture, insistait sur le côté incontournable d’un dispositif de contention au sein d'un élevage.
Au-delà des accidents nombreux autours des bovins, l’intervenant pointait la pénibilité du travail ainsi que l’efficacité des chantiers. L’enjeu est clairement de sécuriser les interventions sur les animaux et d’améliorer les conditions de travail tout en optimisant les opérations de manipulation du troupeau. L’un des éleveurs visités mettait en parallèle le coût engendré par un coup de pied de génisse l’ayant contraint à un arrêt de travail de six mois et le prix d’un parc de contention. Un témoignage qui incitait à la réflexion…

Manipuler ses animaux seul et sans effort


La première étape du rallye se déroulait dans l’exploitation de Frédéric Demeule à Rigny-sur-Arroux. A la tête d’un cheptel charolais de 95 mères, cet éleveur s’est construit un vaste parc de contention en dur, équipé d’une zone de tri, d’un couloir, d’une cage de contention avec bascule, d’un quai de chargement.
L’installation jouxte un bâtiment d’élevage, ce qui a permis d’ajouter un auvent pour couvrir la zone de travail. Cet outil a notamment été prévu pour manipuler des bêtes conduites en plein air et devait aussi servir pour les prophylaxies que des stalles de seulement 2,20 m rendaient impossibles en bâtiment, explique Frédéric Demeule.
L’an dernier, de graves problèmes de dos ont contraint l’éleveur à réduire son activité sur la ferme. Désormais double actif et interdit de tracteur comme de travaux de force, Frédéric apprécie plus encore son parc de contention qui lui « permet de continuer d’assurer seul la surveillance et les soins à ses animaux sans appréhension particulière ». Le parc lui permet de trier des lots de 20 à 25 vaches sans autre main-d’œuvre. Les bêtes vendues peuvent être laissées dans le parc en attendant le chauffeur du groupement « qui peut ainsi se débrouiller tout seul », indique l'éleveur. Le parc permet d’assurer les sevrages des veaux en deux jours seulement et sert aussi aux échographies du mois d’août.

Adaptations et aménagements payants


A une trentaine de kilomètres de là, Hervé Fraizy s’est équipé de son premier parc de contention avant même de s’installer à Martigny-le-Comte, « car il n’y avait rien pour tatouer les veaux à l’époque sur la ferme », justifie-t-il aujourd’hui. Une construction qu’il ne regrette pas aujourd’hui, lui qui assure seul 90 vêlages. Hervé Fraizy possède même deux parcs de contention pour desservir les deux îlots qui composent son exploitation de part et d’autre de la route ! Dans ses parcs, l’éleveur assure tous les traitements de ses animaux, les pesées de contrôle de performances et toutes les manipulations de l’année. Réalisées par ses soins, les installations d’Hervé évoluent au fil des années. Des glissières de sécurité remplacent progressivement les traverses de chemin de fer du début et il est prévu de bétonner les sols. Phénomène rare dans les fermes, Hervé Fraizy a conçu un double couloir de contention, adapté d’un côté aux animaux adultes et de l’autre aux veaux.

L’outil central de la ferme


A Saint-Bonnet-de-Joux, Stéphanie et Pascal Lorton ont construit leur parc il y a cinq ans. Vaste, bien conçu avec ses nombreuses cases de tri et son quai d’embarquement, doté d’une cage de contention peseuse, l'outil a métamorphosé le travail de la ferme, témoignent les deux époux qui assurent un peu plus de 100 vêlages. Ce parc fonctionnel et polyvalent est devenu l’outil central de la ferme. Tonte, écornage, intervention vétérinaire, tri… Toutes ces opérations sont désormais réalisées en toute sécurité, sans stress et avec du rendement dans le travail, explique Pascal. Grâce à cet outil, l’éleveur n’attend plus pour soigner une bête qui boîte au pré. La cage peseuse représente à elle seule un gros progrès pour l’exploitation. Outre les multiples possibilités qu’elle offre pour immobiliser et intervenir sur les bovins sans risque, la pesée a permis d’économiser des produits de traitement en adaptant les doses au poids de chaque animal, confie Pascal qui pèse désormais régulièrement ses bêtes, tant pour suivre les croissances que pour la commercialisation.
Le rallye prenait fin à Vendenesse-lès-Charolles chez Chantal, Jean-Marc et Mathieu Dufour. Là, c’est un parc de contention particulièrement ingénieux qui a été présenté. Implanté à l’intersection des bâtiments de la ferme, il permet de transférer les animaux d’une étable à l’autre grâce à un astucieux jeu de barrière. Le couloir de contention est abrité par un auvent et il est équipé d’une porte de tri à trois voies conçue par l’éleveur lui-même. De même qu’un ingénieux passage d’homme escamotable et des systèmes d’accrochages de barrières à double sens…



Intervention gratuite pour la conception d’un équipement


Le service Santé Sécurité au travail de la MSA de Bourgogne se tient à la disposition des éleveurs désireux de construire un parc de contention. Les conseillers en prévention se déplacent gratuitement chez les demandeurs pour leur apporter un éclairage technique sur l’implantation future, la conception même de l’équipement… Ils disposent de toutes les préconisations d’usage ainsi que d’une bibliothèque de photos.
Des aides financières sont possibles pour les exploitants employeurs de main-d’œuvre (ceux qui emploient au moins un demi équivalent temps plein ou bien ceux qui accueillent des stagiaires ou des apprentis). Pour ces derniers, le montant de l’aide peut atteindre jusqu’à 3.000 €.
Depuis 2016, une enveloppe est également prévue pour les exploitants non employeurs de main-d’œuvre, mais son montant est très inférieur à celui dédié aux employeurs et, dans les faits, très peu de réalisations de non employeurs peuvent être aidées. Un constat que déplore Guy Jacquet, éleveur à Tavernay et délégué MSA, qui s'est impliqué dans l’organisation de ce rallye. D’autant que « 50 % des accidents des exploitants sont dus au risque animal », fait valoir l’élu MSA qui aimerait voir davantage d’efforts financiers consentis en faveur des équipements de contention.