Politiques agricoles
Ne pas se tromper de priorités

Président d’Orama et de l’AGPB, Philippe Pinta invite les politiques à ne pas se tromper de priorités. En ligne de mire, la géopolitique du blé…
131231--Ble_en_grain_dans_la_main.jpg
Les écologistes pourront-ils encore longtemps endormir l’opinion sur ce que les agriculteurs devraient être et faire, tant ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée interpelle chacun aujourd’hui ? Évidemment, les écologistes restent égaux à eux-mêmes.
Que le Gouvernement envisage de se montrer un brin plus pragmatique sur les indicateurs de suivi d’EcoPhyto 2, tout en restant très rigide sur les objectifs du Plan et enclin à jouer du bâton, ils crient aussitôt à la trahison ! Que l’État et la profession signent un protocole sur la gestion quantitative de l’eau dans le bassin Adour-Garonne, ils saisissent la justice en agitant le spectre de « projets de barrage comme celui de Sivens »… Et c’est sous leur influence que la Commission européenne se demande si la définition réglementaire des plantes génétiquement modifiées ne devrait pas s’appliquer aux variétés obtenues au moyen de techniques nouvelles maintenant répandues chez les semenciers. Inutile de préciser ce qu’il en résulterait pour l’accès des agriculteurs français aux semences du futur et pour l’avenir de notre filière semences, la première en Europe et la plus exportatrice au monde pour sa partie Grandes cultures.
Toutefois, dans le même temps que persiste cette malfaisance, il est des évènements et des éléments qui réveillent les esprits, qui sont de nature à mettre de plus en plus en porte-à-faux les chantres du produire moins.
L’opinion publique est sensible à l’afflux en Europe des centaines de milliers de réfugiés qui fuient le Proche-Orient. Simultanément, depuis quelques mois, des ouvrages et des travaux se succèdent qui soulignent combien, de par leurs démographies et limites naturelles de leurs agricultures, le Proche-Orient, l’Afrique du Nord et l’Afrique sub- saharienne sont exposés à une dépendance alimentaire accrue vis-à-vis des importations. À en juger par l’intérêt médiatique qu’a suscité une étude récente de l’Inra en la matière, à voir le retentissement persistant dans la presse du livre "Géopolitique du blé" paru en juin, qui insiste sur l’importance de la production céréalière française pour la stabilité sociale et politique dans ces zones, la lucidité progresse chez les leaders d’opinion.
À nous d’agir pour que le rideau de fumée écologiste se dissipe encore plus vite !