Abattoir d’Autun
« Transformer la dynamique en plus-value ».

Une étape décisive vient d’être franchie dans la sauvegarde de l’abattoir d’Autun. Les 66.000 € d’engagement financier exigés par FranceAgriMer viennent d’être versés au capital de la Sica gestionnaire de l’outil. Une recapitalisation qui sonne le départ de la création d’un nouvel outil, mais qui ouvre aussi un second défi : celui de saisir toutes les potentialités de l’essor des circuits courts.
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Lundi soir à L’Eduen, l’association de défense de l’abattoir d’Autun a procédé à ses assemblées générales ordinaires et extraordinaires. La réunion était consacrée au renforcement du capital social de la Sica gestionnaire de l’abattoir. Une opération qui représente la concrétisation de trois ans d’une mobilisation entamée en 2012.
Propriété de la communauté de communes et géré par une Sica, l’abattoir était en effet tenu, pour éviter la fermeture, de créer une nouvelle chaîne d’abattage. La collectivité propriétaire des lieux était prête à consentir cet investissement, mais à condition que les usagers manifestent clairement leur engagement. Pour ce faire, une association de sauvegarde a vu le jour en 2012 et FranceAgriMer a exigé un engagement financier de la part de tous ceux qui sont attachés à cet abattoir d’un minimum de 66.000 €. La mobilisation générée autour de l’association a permis de réunir la somme demandée. Eleveurs, communes, commerçants, chevillards, bouchers, vétérinaires, assurances, banques… Nombreux sont ceux qui ont accepté de souscrire à cet engagement financier. Conformément à la demande de l’Etat, cette somme est destinée à rejoindre le capital social de la Sica et elle déclenche le processus de subventionnement de l’investissement.
« C’est une nouvelle étape de franchie », commentait le président de la communauté de communes, Rémy Rebeyrotte, qui qualifiait même le projet d’« inarrêtable » désormais. Un sentiment conforté par le fait que depuis la décision collective de sauver l’abattoir d’Autun, chaque étape a été franchie avec succès : rénovation et mise aux normes de l’existant, rééquilibrage des comptes, recapitalisation et rénovation de la Sica…
En décembre dernier, la communauté de communes lançait un appel public pour la maîtrise d’œuvre. Les candidats seront reçus par un jury le 7 mars prochain et le maître d’œuvre désigné d’ici le mois de juin. Le permis de construire pourrait être déposé en fin d’année et les travaux débuter aux grandes vacances 2017. La nouvelle tuerie pouvant être opérationnelle fin 2018, annonçait Rémi Rebeyrotte.

Profiter de l’essor des circuits courts


Si la recapitalisation de la Sica est une étape significative, le combat de la sauvegarde de l’abattoir n’est pas pour autant terminé, s’accordaient à dire l’ensemble des participants. Il va falloir continuer de mobiliser la filière. « Le projet n'ira au bout que si la dynamique perdure », estimait le président de la communauté de communes. Une dynamique qui reposera en grande partie sur l’essor des circuits courts et autres approvisionnements locaux. L’origine locale est dans l’air du temps. Il faut savoir profiter de cet engouement pour les produits de proximité, reconnaissaient en cœur les participants.
Du côté de la communauté de communes du Grand Autunois Morvan, l’approvisionnement local est pratiqué depuis deux ans dans les cantines scolaires et les autres restaurants collectifs desservis par la cuisine centrale. Affichée sur les menus distribués aux enfants, la démarche est appréciée par les familles qui se montrent très sensibles à la qualité des produits distribués à leurs enfants. Dans l’agglomération creusotine, l’enseigne Leclerc du Breuil s’approvisionne également avec succès depuis plusieurs années auprès d’un groupe d'agriculteurs du canton fédérés au sein de leur USC. Initiées dans les territoires et en bonne intelligence avec les producteurs, ces démarches sont des exemples à suivre.

Marchés à saisir


La population, les établissements scolaires et même la grande distribution seraient demandeuses. Sur Autun, de gros volumes se profileraient du côté des lycées, révélait Luc Quillon de la communauté de communes. Toujours dans l’Autunois, une enseigne de grande distribution serait intéressée par un approvisionnement de deux à quatre vaches par semaine pour le libre-service, rapportait le président de l’USC de Lucenay-l’Evêque, Gilbert Desmorieux.
Evoquant un groupe de travail syndical consacré au "Manger français", le secrétaire général de la FDSEA, Luc Jeannin, confiait avoir rencontré une société fournissant 6.000 repas par jour à des collectivités et qui serait prête à étudier un approvisionnement local en viande. Autant de pistes prometteuses qu’il convient de creuser.
Mais pour répondre à ces marchés, c’est un véritable travail de prospection, d’organisation de filière qu’il faut désormais mettre en œuvre.
Si « on est encore qu’au milieu du gué », la dynamique collective enclenchée autour de l’abattoir d’Autun pourrait bien être en mesure de relever le défi. Elle fait d’ailleurs partie des objectifs du nouveaux GIEE de l’Autunois, le premier de Saône-et-Loire et le premier en élevage en Bourgogne, rappelait le président de la FDSEA, Bernard Lacour. Un GIEE porté par des éleveurs du territoire, eux-mêmes impliqués dans la défense de l’abattoir, et qui vise à « transformer une dynamique territoriale en plus-value ».


Activité 2014
Stabilité dans l’abattage local


« L’activité de l’abattoir d’Autun est un peu à l’image des filières bovines et porcines qui représentent respectivement 80 et 10 % du volume abattu ici ». C’est en ces termes que le président de la Sica gestionnaire de l’abattoir, Bernard Joly, introduisait sa présentation des chiffres de l’outil. Sur l’exercice 2015, l’activité de l’abattoir d’Autun a perdu 100 tonnes par rapport à 2014, descendant ainsi à 1.480 tonnes. Ces cent tonnes perdues correspondent en fait à la baisse de volume abattu par SVA Jean Rosé, lequel est passé de 300 à 200 tonnes. Exception faite de cet opérateur breton, tous les autres usagers de l’abattoir maintiennent leurs volumes, que ce soient les chevillards Raze, Guedjou ou bien les particuliers, agriculteurs… L’activité découpe est en légère hausse. Après un retour à l’équilibre en 2014, le résultat économique de l’outil devrait demeurer bénéficiaire sur 2015, estime le président. En attendant la construction d’une nouvelle chaîne d’abattage et la poursuite de la modernisation de l’outil, la Sica continue d’améliorer la gestion de l’abattoir et de peaufiner sa mutation. L’abattoir d’Autun est devenu le premier abattoir-école de France. Une activité valorisante pour la structure qui lui permet aussi de recruter son futur personnel qualifié. La Sica s’est donnée aussi comme objectif d’améliorer la communication avec ses usagers. Une enquête de satisfaction a été réalisée à cet effet.