Cave de Charnay-lès-Mâcon
Orfèvres du vivre ensemble !

Publié par Cédric Michelin
-
Comme chaque année, la cave de Charnay-lès-Mâcon profite de son assemblée générale pour passer des messages pleins de bon sens à ses coopérateurs. Au-delà d’être reconnu pour la qualité de ses vins, pour son poids économique, pour la beauté de ses paysages viticoles, les vignerons sont surtout des professionnels et des citoyens responsables. S’ils défendent leurs droits à lutter contre les maladies de la vigne, ils veulent également expliquer qu’ils le font d’abord pour toutes ces raisons. Et que le dialogue avec tous est ouvert et le bienvenu malgré quelques polémiques.
133437--DSC_0164.JPG
Avoir accès à l’information n’induit pas pour autant la connaissance. De même, la connaissance ne présage pas forcément la sagesse. Sur la question des pesticides, pour soigner les vignes de façon bio ou non, les polémiques à répétition en sont régulièrement l'illustration. L’information médiatique est souvent partielle ou à sens unique. Difficile dès lors pour les citoyens de se faire leur propre opinion. Les répercussions sur le terrain sont concrètes. Au milieu des habitations, aux portes de Mâcon, la cohabitation n’est pas toujours facile entre vignerons et riverains, les urbains méconnaissant la plupart du temps la réalité du métier et notamment l’obligation de lutter contre les maladies et les ravageurs de la vigne. Les vignerons, eux, doivent parfois traiter les weekends du fait de la météo ou de l’attaque des ravageurs.
« On ne fait pas n’importe quoi. On utilise des produits homologués. On respecte les cahiers des charges (celui des AOC, NDLR). Nous n’avons jamais souhaité ces oppositions. Nos familles vivent avec les autres et nous n’avons donc pas peur d’ouvrir nos portes », insistait le président de la cave de Charnay, Luc Chevalier, lors de la dernière assemblée générale de la cave coopérative.

Un appel au dialogue


On s'en souvient, son frère Jérôme, lui aussi vigneron sur la commune, avait reçu l’an dernier des menaces de mort (en l'occurrence une cartouche par voie postale, NDLR). Si la Charte des bonnes pratiques agricoles signée au cours de l'été dernier est une base de travail intéressante, elle ne suffira certainement pas à calmer seule les plus dogmatiques des opposants…
Calme, Jérôme Chevalier entend donc donner l’exemple à tous et montrer qu’il est préférable « d’expliquer ce que l’on fait et pourquoi on le fait ». Il trouvait par contre dommage et « plus inquiétant » de voir encore certains collectifs, certains riverains et même certains vignerons « continuer de nous insulter ou de nous montrer du doigt » en dépit des appels répétés au dialogue. « Evitons les amalgames pour ne pas déterrer la hache de guerre, sachant que nous sommes tous obligés - en bio ou en conventionnel - de traiter pour produire du raisin », rappelait-il.
Dès lors, tout le monde espère que la météo 2017 sera plus « clémente » que celle connue lors de la campagne 2016. C’est en effet elle qui conditionne bien souvent la pression plus ou moins forte des maladies et des ravageurs.

Vivre ensemble


Pas manichéen, « ni pour, ni contre », le maire de Charnay-lès-Mâcon, Jean-Louis Andres se disait quant à lui prêt à aider les vignerons à communiquer « sur l’intérêt des traitements quand ils sont nécessaires ». Un article est d’ailleurs paru dans la revue municipale sur ce sujet. « Je suis sensible aux problèmes de l’environnement, mais on ne peut pas rejeter l’autre sous prétexte qu’il ne fait pas ce que vous faîtes. Mon rôle d’élu est de concilier les uns et les autres » et l’édile de rappeler aussi le travail conduit en amont sur le PLU en faisant attention à « ne pas faire naître de conflit d’usages », malgré la forte pression immobilière dans cette zone périurbaine.
Pour Jérôme Chevalier, « à nous, les vignerons, d’être tous hyper vigilants en cherchant des solutions ». Sur les traitements même, bien évidemment, mais aussi et parfois en ouvrant le dialogue avec le voisinage, et en les prévenant avant des jours de traitement. « On ne pourra pas arrêter la fronde, ils veulent comprendre ce qu’on pulvérise. Il faut communiquer avant pour engager le dialogue ».
A ce sujet, le préfet de Saône-et-Loire et la profession préparent actuellement un plan de communication en ce sens, lequel doit être lancé avant le 24 mars, date à partir de laquelle les pouvoirs publics auront un devoir de réserve jusqu’aux élections présidentielles. Luc Chevalier concluait sur la volonté de vivre tous ensemble, en bonne harmonie.



« Pour être à la page » 2.0


En charge de la communication à la cave de Charnay, François-Régis Barbier, viticulteur, veut faire « transpirer l’esprit du caveau à l’extérieur ». Et il a bien raison tant ce dernier à été réaménagé avec goût. Le concessionnaire d’Audi ne s’y est pas trompé, lui qui est spontanément venu y présenter ses nouvelles voitures. Des partenariats sont ainsi possibles avec des entreprises comme avec d’autres, à l’image du club de Rugby. Des actions de communication aussi, mêlant vin et gastronomie, seront régulièrement organisés avec des producteurs locaux. Autant dire, que la cave participera avec plaisir à la prochaine Saint-Vincent tournante qui, en janvier 2018, célébrera l’appellation saint-véran. Autant d’occasions de communiquer sur Facebook qui est un outil marketing aujourd’hui pour toucher des « acheteurs et décideurs ». Tout comme le nouveau site web de e-commerce qui permet de réaliser des ventes à distance, « près de cinq par semaine ».



Marché vrac : « rien de grave »


Président de l’Union des producteurs de vins Mâcon, Jérôme Chevalier faisait un aparté sur le marché vrac des vins en appellation mâcon. « Sur 100.000 hl produits, 55.000 hl avaient déjà été vendu à fin janvier, certes avec plus de moûts que les autres années, suite à des opportunités. Le système VCI a libéré plus de vins et plus de vins de base crémant se font dans le Beaujolais mais il ne faut pas prendre peur. Nous avions vite pris l’habitude de vendre fin janvier, mais les négociants sont aujourd’hui des producteurs en plus et cela créé ce décalage. Maintenant, un bras de fer s’engage avec certains, mais rien de grave. Les premiers prix étaient plutôt stables. C’est malheureux, mais Chablis n’a pas fait de vin et il manque ces volumes sur les marchés. Et les vins du Mâconnais ont une belle image ».





Période de transition


La récolte 2015 à la cave de Charnay s’est établie à 7.655 hl (128 ha), soit un recul de 1.111 hl par rapport aux vendanges 2014 (8.700 hl pour 138 ha). Heureusement, la qualité était au rendez-vous pour espérer compenser le manque à gagner. D’ailleurs, les marchés bouteilles sont porteurs avec 9.300 hl facturés sur le dernier exercice, tout millésime confondu. 218.142 bouteilles (+12 %) ont ainsi été vendues, soit le « meilleur résultat depuis une décennie », se félicitait Pascal Perrin, le directeur. Les ventes en Bib sont « stables ». L’activité du caveau est en augmentation (+5 %, soit 1.500 k€). Reste que « le magasin n’est pas extensible à l’infini ». Désormais, la cave souhaite poursuivre son développement via les ventes web. Pour avoir plus de bouteilles à vendre en direct, la cave a baissé son activité négoce de -23 % en volumes, « mais a augmenté en valeur » relative. Au final, le chiffre d’affaire (3.441 k€) est tout de même en retrait. La baisse des apports de raisins a une autre conséquence, celle de faire baisser le prix moyen de l’hectolitre. « C’est une performance décevante puisqu’on espérait maintenir ou faire progresser les revenus des coopérateurs. Si nous avions rentré une récolte 2015 pleine, à charges et ventes équivalentes, nous aurions pu rémunérer les apports de +1 % », démontrait-il. Son président, Luc Chevalier, rappelait quant à lui l’importance d’optimiser - « avec de pleins rendements » - l’outil coopératif qui est « aux normes et performant », donc sans besoin d’investissements dans l’immédiat. La stratégie d’atteindre 50 % de ventes bouteilles, plutôt qu’au négoce, va se poursuivre car « par rapport à l’année dernière, les cours du vrac donnent des premiers signaux de baisse ». La cave coopérative compte également « retrouver des hectares », notamment en accompagnant (techniquement, financièrement…) les jeunes voulant s’installer.