Vignerons indépendants de Saône-et-Loire
Valoriser ce beau métier

Publié par Cédric Michelin
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Le 7 mars, la fédération des Vignerons indépendants de Saône-et-Loire tenait son assemblée générale à Fuissé. Derrière les événements festifs, faisant la promotion des valeurs véhiculées par les caves particulières, se cachent de nombreuses actions allant de l’aide au commerce (Salons, concours, Plugwine…) jusqu’aux réflexions, avec le reste de la profession, sur la pérennité des exploitations viticoles en cas d’aléas. L’objectif est encore et toujours de valoriser le métier.
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En Saône-et-Loire, 146 vignerons et 4 retraités adhèrent à la Fédération départementale, pour une surface totale de 1.635 ha. Plus important que ces quelques chiffres, « les Domaines viticoles vendant en bouteilles créent de la valeur ajoutée et des emplois », rappelait d’emblée Muriel Denizot, la secrétaire générale. Si chacun contribue à la « dynamique » dans les salons ou dans les caveaux, la fédération communique aussi vers les clients, sur les valeurs des Vignerons indépendants. Pour cela, Facebook est utilisé. Le compte voit son nombre de fidèles « abonnés » - ou de followers sur Twitter, autre réseau social web - grimper en flèche. « Majoritairement, ce sont des Français, 39 % sont des femmes, habitants à Mâcon, à Dijon et, juste après, à Paris », apprenaient les adhérents. Une autre page Facebook a été créée spécialement pour la "Marche gourmande" - laquelle aura lieu cette année le 11 juin à Rully - et environ 500 personnes, Dijonnais en tête, peuvent ainsi suivre les informations de cette opération qui avait vu participer - malgré l’Euro de Football - 490 participants à Romanèche-Thorins l'en dernier.
La communication plus classique n’est pas pour autant délaissée et passe toujours par les offices de tourisme, l’Agence départementale du tourisme, le syndicat d’initiative de la Route des vins Mâconnais-Beaujolais… Tous pourront relayer l’organisation des pique-niques lors du prochain weekend de Pentecôte (3, 4 et 5 juin), même si seulement trois Domaines ont participé l’an dernier à cette journée qui permet pourtant de « faire découvrir le métier » aux clients.
La Fédération communique également en « interne » auprès de ses adhérents, avec des informations juridiques, sur ses services (vente de capsules congés, formations, organisation de salons…), pour des achats groupés avec les offres des partenaires, pour échanger sur des thèmes, comme lors des dernières Rencontres nationales à Beaune sur la notion de Terroirs ou même en organisant une journée « détente » ouverte à tous les adhérents.

Propositions aux futurs élus


Le président, Eric Palthey, donnait la parole à Thierry Mothe, secrétaire général de la Confédération nationale des Vif, pour faire le point sur les actions de « lobbying ». Ce dernier « brossait l’actualité nationale » qui, en cette année électorale (présidentielle et législative), est « considérable ». Un livre blanc - « 18 propositions pour l’avenir » - reprend les revendications des Vignerons indépendants. Les principales mesures proposées aux candidats sont « d’alléger le poids administratif ; d’adapter la fiscalité ; d’instaurer une réglementation favorisant les échanges intra et inter réglementaires, idem sur le web ; favoriser l’installation de vignerons ; développer la viticulture durable ; encourager une consommation responsable et de qualité ; mettre en place de nouvelles solutions face aux aléas climatiques ». Le travail se poursuit aussi pour étendre le dispositif des VCI aux appellations rouges ou encore « sécuriser » l’achat de vendanges qui s’avère « chaotique » dans les faits. La confédération des Vignerons indépendants travaille également avec la commission fiscale de la FNSEA pour des « aménagements » fiscaux à présenter aux futurs parlementaires.
Mais avant, la profession est vent debout contre l’obligation d’augmenter la taille du logo femme enceinte (10 mm), « barrée d’un trait rouge », sur les étiquettes. Autre bataille, « en bonne voie », celle de ne pas obliger les vignerons à « avoir une caisse enregistreuse au caveau et dans les salons » voulu par la loi, et ce au 1er janvier 2018. « Ancien » adhérent à Chaintré, le conseiller départemental, Jean-François Cognard, prenait la défense des caves particulières, comme celle des coopératives, qui ont « inventé le concept des ventes en circuit court, en même temps que l’œnotourisme ». Une tendance qui ne se dément toujours pas, bien au contraire…



E-commerce
Déception ou désintérêt ?


Plusieurs adhérents posaient la question du service de vente de vins par correspondance via Internet (web et mail) dont la plateforme logistique et les services informatiques sont basés à Mâcon. « Aujourd’hui, Plugwine se développe timidement mais pas dans la conformité de nos attentes. Il y a des freins mais lesquels ? », répondait Thierry Mothe, qui suit de loin ce dossier. « C’est comme sur un salon, si le vigneron ne lève pas la tête de son stand, il ne vendra pas », faisait le parallèle, Eric Palthey. Dans un marché français mature, le e-commerce a pourtant « ses adeptes » chez les jeunes générations. Et ce ne sont pas forcément les plus importants acheteurs de vins de Bourgogne... Ensuite, les codes sur Internet se rapprochent de ceux de la grande distribution, « avec trop de promotions », dénonçait la salle, craignant une destruction de la valeur ajoutée.


Utilisateurs d’autres solutions de vente sur le web, Jean-Marc Veyron La Croix du château de Chasselas comparait en connaissance de cause et jugeait malheureusement « l’outil un peu cher mais fantastique » pour se préparer « à l’avenir », rappelant que 30 % déjà des ventes de vins aux Etats-Unis se faisaient sur Internet. Son confrère d’Uchizy, Gérald Talmard donnait sa solution pour abaisser dès à présent les frais de stockage et de préparation ; « je fais du volume en utilisant Plugwine pour mes commandes par téléphone. Par contre, la facturation après est compliquée… J’ai aussi différencié mes prix au caveau, 10 % plus cher ». Les clients au caveau bénéficiant eux d’une dégustation.




Transmission : séparer professionnel et patrimoine privé


Le centre comptable CerFrance 71 et l’assureur Allianz étaient invités à donner leurs conseils pour de bonnes transmissions, c’est-à-dire en fonction des objectifs de chacun. Le point central étant évidemment lié à la gestion du foncier, « le nerf de la guerre en viticulture ». Mais pas seulement, puisqu’il faut aussi penser au reste du patrimoine comprenant le matériel, les bâtiment, les installations et les stocks. « Il y a aussi les droits incorporels, notamment le fichier clients, lequel n’est pas dans le droit rural, ou autre "gros mot", puisque juridiquement incessible, la valorisation des baux ruraux, mis en valeur par le droit des sociétés ». Pour bien faire comprendre l’importance d’anticiper sa transmission, il prenait l’exemple tragique d’un décès. « La gestion peut alors devenir délicate », même pour le conjoint ou la famille. Sans parler de la fiscalité, surtout si juridiquement, les activités viticoles n’ont pas été séparées du patrimoine privée ou des sociétés commerciales (négoce…). Heureusement, « il existe des mécanismes pour atténuer les droits de transmission ». Derniers conseils, « ne pas vouloir tout régler d’un coup mais sur le long terme » et pour ce faire, rien de tel que d’en parler avec son comptable et des spécialistes le plus en amont possible.