ODG du Beaujolais
Un divorce et des questions
« Cette réunion s’est bien déroulée. Malgré les échanges et les discussions, les représentants de l’ODG des crus n’ont pas apporté d’éléments concrets par rapport aux informations données dans le communiqué de presse », confie Denis Chilliet, secrétaire général de l’Union des vignerons du Beaujolais. Lors de ce conseil d’administration exceptionnel, le responsable de la famille viticole a décidé d’organiser des réunions de travail régulières, afin notamment « de comprendre les tenants et les aboutissants de cette décision de l’ODG des crus du Beaujolais ».
« Le plan stratégique a toujours un sens »
Aujourd’hui donc, le flou règne. L’ODG des crus du Beaujolais s’est donné trois mois pour être opérationnel. De son côté, l’UVB doit également songer à son avenir, devenu incertain suite à cette décision. Des choix budgétaires et organisationnels sont prévisibles. Ceux-ci pourraient même se préciser prochainement ; les membres du conseil d’administration de l’ODG beaujolais - beaujolais villages se réunissent jeudi 15 janvier et plusieurs scénarios sont envisagés. Malgré tout, Denis Chilliet reste confiant. « Des incertitudes planent évidemment au-dessus du personnel. Mais pour l’heure, le travail de l’UVB ne changera pas ». Si l’ODG des crus gèrera ses principaux dossiers (climats, premiers crus, etc.), les autres grandes lignes du plan stratégique de l’UVB sont toujours d’actualité. « Ce plan a un sens et des actions ont été entamées pour les appellations beaujolais-beaujolais villages », dit Denis Chilliet. Des questions se posent néanmoins au sujet des dossiers transversaux communs aux deux ODG, dans lesquels les représentants des crus souhaitent toujours s’impliquer.
Quid de l’interprofession ?
Cette séparation rebat les cartes au sein de la famille viticole. Mais qu’en sera-t-il pour l’interprofession ? Contrairement à ce qui a été annoncé par quelques médias, l’ODG des crus ne compte pas quitter Inter Beaujolais dont les principales missions sont la communication et la promotion du vignoble. Jean Bourjade, son délégué général, l’a confirmé. « J’ai contacté Audrey Charton ce lundi matin. Elle m’a certifié la volonté de l’ODG des crus de travailler dans le cadre de l’interprofession. Cette décision ne devrait donc pas avoir d’incidences politiques ».
Si la séparation annoncée sera effective dans les semaines à venir, une réorganisation administrative sera nécessaire et les statuts de l’interprofession seront notamment révisés, en vue d’une parité. « D’ordinaire, les deux instances viticoles choisissent leurs représentants pour siéger au sein du conseil d’administration d’Inter Beaujolais. Si l’ODG des crus du Beaujolais se sépare de l’UVB, les deux ODG présenteront leurs propres candidats », complète Jean Bourjade.
« Impliqué comme toute son équipe », ce dernier réclame désormais l’unité de la viticulture. « Je souhaite que le contexte actuel du Beaujolais s’apaise et que la sérénité s’installe à nouveau pour l’intérêt supérieur du vignoble. Actuellement, près de 80 % des opérations d’Inter Beaujolais sont communes aux deux ODG. Dernièrement, les représentants des crus avaient approuvé un budget consacré à une opération aux Etats-Unis pour les beaujolais villages. Aucun ODG n’aurait intérêt à ralentir ou à bloquer le travail des différentes commissions », déclare Jean Bourjade. Un conseil d’administration d’Inter Beaujolais se réunira mardi 13 janvier tandis que l’assemblée générale de l’interprofession aura lieu lundi 19 janvier à Villefranche-sur-Saône.
CAVB : « une scission rapide et brutale »
Contacté en début de semaine, le président adjoint de la confédération des appellations et vignerons de Bourgogne, Christophe Ferrari, avouait ne pas avoir été surpris de la décision des crus du Beaujolais de reprendre la gestion administrative et financière de leur ODG. Pour autant, il ne s’attendait pas à ce qu’une scission apparaisse aussi rapidement et aussi brutalement. « Nous n’en connaissons pas les raisons exactes, même si nous savons que les relations entre le Beaujolais et les crus n’étaient pas toujours au beau fixe. » L’heure est-elle donc à un rapprochement des crus du Beaujolais avec la Bourgogne ? C’est la question que beaucoup se posent. Les représentants de la viticulture bourguignonne s’en défendent, répondant qu’aucune demande officielle ni officieuse n’a été formulée par leurs voisins du Sud.
« Nous avons des intérêts communs à défendre sur certains dossiers », répond Christophe Ferrari, qui reconnaît la volonté de travailler ensemble, mais sans précipitation. Et avec un Beaujolais unifié, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Rappelons qu’en 2014, les organismes de contrôle du Beaujolais (Cibas) et de la Bourgogne (Icone) ont donné naissance à un organisme unique : Siqocert. « Une première tentative réussie de mise en commun de moyens », commente justement celui qui est également le président de cette dernière. 25 % des parts de Siqocert sont aujourd’hui détenues par l’UVB.