Daniel Desvignes à Vitry-sur-Loire
Les vertus du grand épeautre

Depuis une quinzaine d’années, Daniel Desvignes cultive du grand épeautre. Les graines sont distribuées telles quelles aux veaux au pré. Une complémentation économe qui convient particulièrement bien aux jeunes broutards.
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Eleveur charolais bio à Vitry-sur-Loire, Daniel Desvignes cultive du grand épeautre depuis une quinzaine d’années. « J’avais eu connaissance que cette céréale faisait moins ballonner les animaux. Mes premières semences provenaient de Belgique », raconte l’éleveur. Dans les années 2005 à 2007, l’augmentation du prix des céréales bio le confortait dans ce choix. « L’alimentation bio du commerce était devenue trop chère pour complémenter des veaux sous la mère, surtout que faute de débouchés, les mâles bio sont payés au prix des broutards standards », explique Daniel Desvignes.
« A la mise à l’herbe, je donne de l’épeautre à tous mes veaux au pré, puis principalement aux veaux mâles jusqu’au sevrage début novembre. Ils le consomment à volonté (jusqu’à 4 à 5 kg par jour), mélangé avec de la luzerne déshydratée (un tiers) », explique l’éleveur. La luzerne est ajoutée très tôt car « l’épeautre étant très appétant, les veaux ne mangeraient que cela », fait remarquer Daniel. Ce dernier n’a constaté aucun problème digestif. « L’épeautre est en fait une céréale-fourrage ! », résume-t-il.

« Une céréale-fourrage » rustique



Cousin rustique du blé, « l’épeautre n’est pas une culture très délicate en soi », indique l’éleveur. Le semis est effectué à la même époque qu’un triticale vers le 15 octobre, « ni trop tôt ni trop tard », commente l’éleveur. Ce dernier produit sa propre semence fermière. Le semis se fait à raison de 180 – 200 kg par hectare.
« En première culture, l’épeautre ne se salit pas trop », rapporte l’éleveur. Ce dernier intervient en principe avec une herse étrille. Ce désherbage mécanique est effectué juste après le semis - avant la levée - et jusqu’à une feuille ou bien après trois feuilles lorsque la météo est favorable.
Côté maladie, « l’épeautre serait moins sensible que le blé, mais peut-être un peu plus sensible à la rouille que le triticale », complète Daniel qui précise qu’en bio, « on ne peut que constater… ».

Graines vêtues de leurs balles



Lors de la moisson, il est recommandé de « ne pas trop serrer le batteur » pour ne pas décortiquer les graines, « ni avoir trop de vent » dans la machine, indique l’éleveur. La graine d’épeautre a en effet la particularité de demeurer vêtue de sa balle. Ce peut être un inconvénient au semis où il est recommandé de disposer de semoirs dotés de « grosses descentes » et de préférence « mécanique ». C’est aussi un handicap à la récolte car l’épeautre non décortiqué prend le double de volume par rapport à un blé. En bio, Daniel récolte entre 25 et 30 quintaux d’épeautre à l’hectare.
L’épeautre a l’avantage de pourvoir être distribué aux animaux tel quel, sans être aplatis ni moulu, avance Daniel Desvignes. Cette céréale permet ainsi « de simplifier le travail, tout en limitant les intrants – l’épeautre étant moins gourmand en azote que le blé ou le triticale - et avec des animaux qui se portent tout aussi bien », conclut l’éleveur.

L’épeautre « sécurise » la ration



Avec 0,8 à 0,9 UF, l’épeautre a une valeur alimentaire légèrement inférieure au triticale. Un kilo d’épeautre équivaut à 300 grammes de paille dans la ration, d’où son excellente aptitude à faire ruminer les jeunes bovins ; de quoi remplacer de la pulpe déshydratée. L’épeautre peut être distribué en graines entières, mais il est recommandé de l’aplatir au-delà de 4 mois d’âge. « Antiacidose », il convient à toutes les catégories d’animaux.