Production de crémants
Marchés en progression

Publié par Cédric Michelin
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La production de crémants, en repli en 2015 du fait de la météo de cet été, s'enrichit de l'appellation Savoie, reconnue par le Journal officiel du 13 septembre. Tels sont les points qui ressortent de la rencontre annuelle qu'a organisée la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémants (FNPEC) le 15 septembre.
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La production de crémants est en repli cette année, parce que les vignerons ont dû arrêter la vendange avant la fin, a indiqué le directeur de la fédération nationale, Olivier Sohler. « Ils ont été surpris par le niveau élevé des degrés d'alcool ». Or, il faut « de l'acidité et pas trop de degrés pour faire des bons crémants ». La vendange des crémants étant manuelle, les vignerons n'ont pas pu hâter la récolte par des machines. Les taux d'alcool s'élevant de jours en jours, ils ont dû mettre fin à la vendange, a expliqué le directeur de la fédération des producteurs de crémants. Les raisins restants ont été récoltés pour la production de vin tranquille.

Commercialisation en baisse de 25% en 2015/16



En Alsace, première des sept régions productrices de crémants, la production devrait diminuer de 13% en 2015, passant de 270.000 hectolitres en année normale à 235.000 hectolitres, selon Olivier Sohler. Au niveau national, la baisse de production serait plus prononcée. Elle approcherait les moins 25%, si l'on en croit les estimations de commercialisation 2015/2016 évoquées par Olivier Sohler : une campagne de ventes prévues de 60 millions de bouteilles, contre 80 millions la campagne dernière. Autrement dit, la commercialisation plongerait de 600.000 hectolitres à 450.000.

Cette production en baisse, combinée à la demande en progression moyenne de 5% par an, conduira à des stocks au plus bas en 2016 et à une tension du marché.

La Savoie accepte les critères nationaux du crémant



Par ailleurs, la famille des crémants s'enrichit de l'appellation du crémant de Savoie, qui a obtenu l'appellation par le JO du 13 septembre. La nouvelle génération de vignerons a accepté les règles communes à tous les crémants. Parmi ces règles, figure le lien entre le cépage et le terroir : à un bassin de production doit correspondre un cépage particulier. La vendange manuelle est un autre critère indispensable. Un autre critère encore est le taux de pressage du raisin : pour produire 100 litres de crémant il faut 150 kilos de raisin, alors que pour un vin tranquille il en suffit de 130 kilos.

Le bras de fer avec des IGP « laxistes »



Enfin, soucieux de maintenir haut la barre d'exigence dans les vins effervescents, si malmenés par la concurrence internationale (notamment avec le Prosecco italien et le Cava espagnol), les professionnels de la FNPEC ont obtenu du Conseil d'État qu'il annule 33 IGP (indication géographique protégée) de vins mousseux, sur les 36 demandes. Ainsi, seules trois demandes d'IGP ont été obtenues. « Quand nous avons examiné les cahiers des charges, nous nous sommes aperçus que certains envisageaient de planter 90 cépages différents sur la même appellation », a précisé Olivier Sohler. Les cahiers des charges étaient très hétérogènes : certains s'imposaient la seconde fermentation, d'autres pas. D'une manière générale les IGP annulées l'ont été pour deux motifs : pas de lien entre le cépage et le terroir, et pas d'historique convaincant sur le savoir-faire. « Certains se sont permis de réécrire l'historique. Or, cela ne s'invente pas », s'est exclamé Olivier Sohler.

Huit des 33 IGP recalées ont redéposé une demande auprès de l'INAO, l'Institut national de l'origine et de la qualité, a-t-on appris auprès de la FNPEC.