Ventes de vins de Bourgogne
Une belle valorisation pour les 2014

Publié par Cédric Michelin
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Le millésime 2014, généreux et qualitatif, est le centre des activités du marché régional (amont). Les sorties de propriété en vrac progressent,essentiellement grâce à lui : 94 % des volumes échangés proviennent de la récolte 2014. En attendant sa complète mise en marché, les ventes à l’export et sur le marché français restent encore en retrait, par manque de volumes disponibles.
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Malgré des volumes généreux en 2014 (récolte à 1,58 million d’hl ; +8 % par rapport à la moyenne décennale), le disponible à la propriété reste déficitaire par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes et à la moyenne décennale. C’est la troisième année de déficit consécutive et cela se ressent sur les marchés, même si l’export affiche de beaux résultats sur quelques-uns de ses principaux marchés.
Sur cette campagne (août 2014 à juillet 2015), les sorties de propriété évoluent de +4 %, avec des nuances : +11 % pour les sorties en vrac (+80.161 hl), mais -4 % pour les ventes en bouteilles (23.826 hl). Elles restent malgré tout en retrait de -2,7 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes et de ‐3 % pour la moyenne décennale.

Les négociants refont leurs stocks



Les volumes de transactions entre viticulture et négoce sont en hausse de +17,6 % (12 mois campagne 2014‐2015). Des échanges largement dynamisés par la récolte 2014 (+21 % en volume/2013), mais aussi par les besoins en vin du négoce, qui doit reconstituer ses stocks après des campagnes à faible disponible.
Cela se traduit par un fort volume d’achat sur le millésime 2014, qui représente 94 % des volumes de transactions de cette campagne (777.537 hl, contre 625.535 hl pour 2013‐2014, soit +24 % de progression).
Malgré les beaux volumes 2014, le disponible du début campagne 2014-2015 à la propriété (stock juillet 2014 + récolte 2014) restait à un seuil critique pour la filière (-5 % par rapport à la moyenne 5 ans et -8 % sur la moyenne décennale). La Bourgogne est descendue à 8 mois de stocks sur 2014. Depuis quelques années, la filière bourguignonne a énormément puisé dans ses réserves, afin de limiter les ruptures de vente. Elle a malgré tout perdu quelques parts de marché, faute de pouvoir maintenir un volume suffisant à la commercialisation.

Reprise de l'export



Pourtant, les vins de Bourgogne ont actuellement le vent en poupe, le vignoble bénéficiant d’une belle image, renforcée par l’inscription des Climats du Vignoble de Bourgogne au Patrimoine mondial de l’Unesco, le 4 juillet 2015. Si les exportations restent encore en léger retrait sur les neuf premiers mois 2015 (-3,4 % en volume), en raison du manque de vin, la demande redémarre pour plusieurs pays. Elle est portée par le début de commercialisation du millésime 2014, très attendu. Les signes de ce retour à la croissance sont particulièrement observés aux États-Unis, Japon, Canada et sur Hong-Kong.
Parallèlement, le chiffre d’affaires poursuit sa croissance, avec un gain de 25,3 millions d’euros (+4,8 %) sur les neuf premiers mois 2015 (549,4 millions d’euros). Ce chiffre d’affaires est réalisé à 53 % par les vins blancs, 43 % par les vins rouges et 4 % par le Crémant de Bourgogne.

Gare aux marchés en recul



Le Royaume‐Uni, ancien marché numéro un des vins de Bourgogne, recule. En un peu plus de 3 ans, la Bourgogne est passé de 20 millions de bouteilles exportées par an, en 2011, à 14 millions en 2014. Historiquement premier marché des vins de Bourgogne, le Royaume‐Uni a cédé sa place de leader aux Etats-Unis.
Les exportations de vins de Bourgogne souffrent également sur les marchés européens, en particulier l’Allemagne, la Belgique et la Suisse (-19,6 % en volumes sur les neuf premiers mois 2015, pour un chiffre d’affaires global à -15,7 %). Ces trois pays ont globalement ralenti l’ensemble de leurs importations totales de vins (-5 % en volumes sur les sept premiers mois 2015). Leur chiffre d’affaires import chute de 21 % sur la même période, ces marchés se concentrant sur les entrées de gamme. Allemagne et Suisse privilégient leurs propres vins sur les segments Premium, alors que la Belgique favorise toujours plus les marques de distributeurs, sous l’influence de la montée en puissance du hard discount.


En France, le bilan est plus mitigé, avec une présence en baisse en Grande Distribution et sur le circuit de la restauration. Les volumes d’achats de vin en Grande Distribution diminuent de 8 %, alors que le chiffre d’affaires se stabilise à + 1 %. La valorisation des vins de Bourgogne (+6 %) est dans la logique de ce circuit, en recherche de valorisation (+ 5,3 % du moyen de vente de vins tranquilles), à travers une offre plus qualitative. Les ventes de vins de Bourgognes blancs reculent de 8,5 % en volume. Le Bourgogne Aligoté, qui a perdu
35 % de récolte deux ans de suite, joue un rôle important dans cette évolution de marché (-21,4 % en volume). Les vins de Bourgogne rouges présentent une baisse plus limitée (-5,7 %), essentiellement portée sur les AOC régionales Bourgogne (bourgogne rouge et hautes côtes). L’AOC coteaux bourguignons s’installe en revanche très rapidement : 2/3 des magasins en distribuent et presque 80 % des enseignes de la région parisienne ont l’appellation en linéaire, alors que l’AOC n’est commercialisée que depuis deux ans.

Les milieux de gamme en hausse



En 2014, la restauration est revenue au niveau de 2011, ayant plus souffert du manque de vin de Bourgogne. La Bourgogne est aujourd’hui présente dans 59 % des restaurants (60 % en 2011), contre 63 % en 2013. On constate également une diminution de l’offre de vin de Bourgogne par restaurant : le nombre moyen de références pour chaque établissement détenteur est désormais de 7,8 (contre 8,1 en 2013).
Le marché des cavistes, lui, se maintient : 40 % évoquent une stabilité des ventes de vins de Bourgogne en 2014 et 33 % enregistrent une hausse. Les appellations privilégiées par les cavistes sont majoritairement des vins rouges de milieu de gamme : Mercurey (20 % des cavistes, ce qui place cette AOC largement en tête),suivie par Givry, Pommard, Santenay et Marsannay.
Les professionnels bourguignons doivent donc rester prudents. Avec deux récoltes aux volumes plus proches de la normale (2015 pourrait s’établir autour d’1,5 million d’hl), la Bourgogne devra reprendre petit à petit les parts de marché cédées par manque de vin. Le 21 décembre au Palais des Congrès à Beaune (9h), l'Interprofession se penchera notamment sur ces questions puisque le thème central est "quels enjeux pour demain ?". Lors de cette assemblée générale sera en effet présenté le nouveau plan Bourgogne 2020 du BIVB. L'Interprofession verra également Louis-Fabrice Latour prendre la place de président à la place de Claude Chevalier qui lui, deviendra à son tour président-délégué.