Grandes cultures
Perplexité…

De retour du congrès Orama, Lionel Borey, président de la section céréalière de la FDSEA, livre son ressenti. Un ressenti teinté d’amertume pour ne pas dire de regrets qu’on n’accompagne pas comme elles le mériteraient les grandes cultures dans nos zones intermédiaires et qu’on leur fasse sans cesse des procès teintés d’idéologie et non de pragmatisme.
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Après le congrès d’Orama qui s’est tenu il y a quelques jours à Reims, les membres du bureau de la section céréalière départementale présents sont restés perplexes suite à l’intervention de notre ministre de l’Agriculture d’une part et à celles d’un certain nombre d’élus de la nouvelle région Grand Est d’autre part.
Pour le premier, il semblerait que son esprit n’était plus tout à fait à l’Agriculture, tant son intervention fut décousue ; une sorte de fin d’année scolaire pour le professeur Le Foll qui, à la veille des grandes vacances, en a profité pour solder quelques comptes avec des élèves perturbateurs, les coopératives…

Percé à jour !


Jugées dénuées de tout scrupule et ne poursuivant qu’un seul but avec la vente maximisée de produits phytosanitaires, ces dernières ont fait l’objet d’une agression verbale caractérisée.
Le nouveau président de Coop de France, Michel Prugue, s’est empressé d’exiger un rendez-vous avec le ministre pour « s’expliquer ».
Car, enfin, le bilan, quel est-il ? Le mirage des prix durablement élevés est passé et le cheval de Troyes de l’agro-écologie est en peine face à la réalité économique.
L’analyse d’un ministre, en tribune, qui consiste à dire qu’il suffirait de supprimer le poste phytosanitaire de nos intrants pour réaliser une économie substantielle perce à jour des objectifs qui sont bien éloignés de celui d’assurer un revenu décent à notre travail.
La triple performance - économique, sociale et environnementale - est actuellement une chimère ; il suffit pour s’en convaincre de regarder l’état de notre agriculture dans son ensemble. Xavier Belin a parlé d’une “parenthèse” pour caractériser la période qui vient de s’écouler. Il nous tarde que celle-ci se referme…

Un peu de courage…


Le constat pour notre nouvelle région est très amer. Une Pac qui fragilise un peu plus encore les céréaliers des zones intermédiaires : bien qu’exposés aux aléas les plus forts, ils disposent des outils d’accompagnement les plus faibles. Et ce n’est pas une hypothétique MAE, basée sur des baisses d’IFT (Indice de fréquence de traitement), qui pourra constituer une quelconque porte de sortie.
La Pac n’est pas une fin en soi, mais il est indécent que l’égalité de traitement entre producteurs tarde à se mettre en place. Nos demandes sont claires sur ce volet :
- un DPB vert unique ;
- un DPB socle de base unique ;
- une politique d’accompagnement de filière renforcée (type plan Protéine pour le soja) ;
- une couverture des risques consolidée sur le volet climatique par une assurance socle obligatoire avec option complémentaire ;
- enfin, sur le volet prix et fiscal, une DPA améliorée.
Toutes ces orientations demandent, in fine, un peu de courage politique pour les mettre en œuvre.

Quelles ambitions en BFC ?


L’autre volet de la Pac, le second pilier, a échu aux régions. Nous avons eu la chance d’entendre à Reims, Philippe Richert, le nouveau président de la région Grand-Est et président de l’Association des régions de France au niveau national. Nous avons entendu, dans son discours, des orientations claires et équilibrées qui battent en brèche les politiques de saupoudrage, ces dernières faisant que les priorités de préservation l’emportent sur les enjeux de développement.
Mais alors, pour notre nouvelle région, “coincée” entre deux poids lourds que constituent le Grand-Est et Rhône-Alpes Auvergne, quelles volontés ? Quels objectifs ?
La carte de France des régions pourrait laisser à penser que nous sommes le cœur ou un poumon de ce nouveau découpage. Oublions le cœur, compte-tenu du poids économique très relatif. Côté poumon par contre, sur le volet agricole a minima, nous pourrions avoir des ambitions. Souhaitons que ce “poumon vert” ne soit pas vu comme un espace récréatif pour Lyonnais ou Parisiens en mal d’oxygène… C’est pourtant ce qu’un certain nombre de schémas régionaux élaborés récemment laissent présager…
Le tableau est donc plutôt sombre. Il doit nous renforcer dans l’idée que notre avenir passe d’abord par une implication forte dans les organisations territoriales sur lesquelles nous avons la main, parmi lesquelles, n’en déplaise au ministre Le Foll, les coopératives. Le contexte économique, juge de paix au final, nous impose d’aller chercher la valeur ajoutée partout où elle se trouve, avec un souci d’efficacité exacerbé.