Lait’lite 71 et syndicats de races
Conjurer la morosité

Le 2 mars, les syndicats de races Holstein et Montbéliard ainsi que l’association Lait’lite 71 proposaient une journée de l’élevage laitier à Charrette-Varennes. La matinée était consacrée aux assemblées générales des trois structures, suivie de l’assemblée de section Bourgogne de l’OS Montbéliarde. Retour.
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Une journée chargée ponctuée par un buffet sur place et qui se poursuivait par la visite du nouveau bâtiment laitier du Gaec du Chambégon de la famille Joly. Un site flambant neuf, agréable et très fonctionnel, inauguré il y a tout juste un an, avec une stabulation à logettes sur aire raclée de 122 places, dotée d’une fosse à lisier équipée d’un séparateur de phase et équipée de deux robots de traite pour une production de 840.000 litres de lait. Une belle réalisation en forme de réponse positive à la question du thème technique : faut-il investir en élevage laitier en cette période de crise ? Car si tous déploraient l’état de morosité économique sans précédent qui règne dans l’élevage laitier, les sympathisants de Lait’lite et des syndicats de race ne voulaient pas se résigner ni croire à la fatalité. Certains allant même jusqu’à penser que ceux qui auront su investir au bon moment seront peut-être récompensés de leur audace entrepreneuriale quand la conjoncture sera redevenue favorable…
Investir à bon escient est un peu ce qui unit les adhérents des deux syndicats de race et de Lait’lite, les trois structures dédiées à la promotion de l’élevage laitier en général et de la génétique en particulier dans notre département. La génétique qui, tout comme le bâtiment, est un pari sur l’avenir, un gage de potentiel pour les jours meilleurs.

Des vaches à plus de 100.000 kg de lait


Les syndicats des éleveurs montbéliards et prim’holstein ont entamé leur rapport technique commun par les performances réalisées pour les lactations 2015. En Saône-et-Loire, Acsel Conseil Elevage faisait état d’un peu plus de 18.000 lactations qualifiées toutes races confondues, pour une moyenne de production par vache de 7.976 kg de lait par an. Une performance en hausse pour la seconde année consécutive, cependant couplée à une perte de 321 lactations qualifiées sur l’exercice.
La hausse de production moyenne par vache est le fait des montbéliardes qui sont passées de 7.465 kg en 2014 à 7.689 kg en 2015. C’est 600 kg de plus que la moyenne raciale nationale avec des taux qui stagnent toutefois (TB à 38,9 ; TP à 33,1).
En prim’Holstein, inférieure à la moyenne nationale, la production moyenne par vache ne bouge plus depuis trois ans (9.148 kg) et les taux auraient tendance à baisser : TB 38,3 et TP 31,6. La production est même en baisse pour la troisième année consécutive pour les premières lactations. Au chapitre des performances, le palmarès des meilleures carrières met en évidence l’apparition de vaches à plus de 100.000 litres de lait produits. La meilleure de toutes étant la montbéliarde Tulipe au Gaec d’Amont, née en janvier 2002, qui a produit 113.800 litres. Pour Michel Place d’Acsel, ces performances sont le signe que les vaches laitières vieillissent davantage, ce qui traduit des progrès dans les conditions d’élevage et des laitières rentables.

Le boom de la génomique et des semences sexées


Concernant l’activité génétique, la génomique et les semences sexées continuent de se développer en races laitières.
En Prim’Holstein, les semences "Premium Gènes Diffusion" représentent plus de 50 % des inséminations sur les 14.200 IAT effectuées. Les semences sexées représentent pour leur part 7,8 % de ces IAT.
En Montbéliarde, une vache sur trois est inséminée avec de la semence Umotest « Profil » et les semences sexées représentent 15 % des quelque 18.000 IAT réalisées en Saône-et-Loire. L’avènement de la génomique a pour conséquence une plus grande diversité de taureaux utilisés avec moins de taureaux "stars" qu’auparavant.
On assiste aussi à la montée en puissance du génotypage dans les élevages. Si en holstein, le nombre de génotypages stagne aux alentours de 200 en Saône-et-Loire, en revanche, en Montbéliardes, le cap des mille femelles génotypées a été franchi sur la campagne. « Beaucoup d’éleveurs se sont mis à génotyper l’ensemble de leur cheptel », rapportait Pascal Quignard d’Elvanovia.
En termes de création génétique, la race montbéliarde aura été marquée par la montée en puissance de la station de donneuses d’embryons permanente. Une centaine d’embryons ont ainsi été posés dans le cadre du programme "Génumo Intense", dont 69 en Saône-et-Loire.

Le couronnement de Girafe


2015 aura été émaillée par de belles sorties de vaches saône-et-loiriennes sur des manifestations nationales. Mention spéciale à Girafe, fille d’Ulemo, appartenant au Gaec des Buissons à Baudrières. Présente au Salon de l’agriculture 2015 aux côté d’Hôtesse du Gaec de la Clairière, elle a été sacrée Grande Miss, Miss senior, meilleure mamelle de section et première dauphine mamelle à Eurogénétique à Epinal en avril, puis championne espoir au Montbéliarde Prestige à Besançon en mai. Une consécration pour cette magnifique et imposante vache en seconde lactation et une saison inoubliable pour la famille Maire.
Avec Lait’lite 71, la Saône-et-Loire a participé à l’Expo du futur à Bourg-en-Bresse début avril. C’est Hello, une prim’holstein du Gaec de Raimbos qui a remporté la plus haute récompense avec un premier prix et une meilleure mamelle de section. July de l’EARL de la Sigraie remportait quant à elle un deuxième prix. En montbéliarde, c’est Joyce du Gaec des Magnolias qui s’est hissée à la troisième place du podium. Quelques jours plus tard, la Saône-et-Loire participait cette fois à Eurogénétique où Girafe a fait sensation. En mai, c’était au tour du Montbéliarde Prestige avec la participation de six vaches de Saône-et-Loire, dont Girafe sacrée championne espoir.
Début 2016, le Salon de l’agriculture a vu le jeune Antoine Bélicart atteindre la deuxième place du trophée du meilleur pointeur. Au concours montbéliard, Indochine du Gaec des Magnolias de Loisy a obtenu un 5e prix et Hibiscus du Gaec Galoche de Chatenoy-le-Royal un 6e prix.



L’Avenir est dans le pré…


Pour 2016, ce sera avant tout le salon "L’Avenir est dans le pré" qui se tiendra les 1er, 2 et 3 avril au parc des expos de Chalon-sur-Saône. Un rendez-vous exceptionnel qui devrait drainer entre 5.000 et 7.000 visiteurs à la découverte d’une « agriculture d’aujourd’hui qui s’expose ». Avec Elva Novia, l’association Lait’lite 71 sera bien évidemment l’une des chevilles ouvrières de cette manifestation. Elle sera notamment l’organisatrice d’un concours inter-régional montbéliard (samedi) qui rassemblera 70 animaux en provenance de Saône-et-Loire, de Côte-d’Or, de l’Ain, de l’Isère, des Savoie, de la Loire… Un inter-départemental prim’holstein, samedi aussi, réunira pour sa part des vaches en provenance de Saône-et-Loire, de l’Ain et de Côte-d’Or… Un concours de meneurs aura lieu le vendredi soir. Outre ces présentations d’animaux, "L’Avenir est dans le pré" proposera de nombreuses animations durant les trois jours, comme ce « parcours métier », véritable plongée dans l’univers de l’agriculture ; un vendredi consacré aux scolaires ; un défilé dans les rues de Chalon… Très motivés à l’approche de ce grand évènement, les adhérents de Lait'lite 71 et des syndicats de race comptent beaucoup sur ce salon pour conjurer la morosité et combler le déficit de communication vis-à-vis du grand public.