Coopérative Bourgogne du Sud
Le Matif dans la tourmente

Publié par Cédric Michelin
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Vendredi 19 septembre à Gigny-sur-Saône lors de la visite d’essais maïs, Michel Duvernois revenait sur les marchés de la coopérative Bourgogne du Sud. Le directeur le reconnaît : l’année 2014 est « difficile » en terme de gestion économique. Et ce un peu partout, soulevant même des interrogations sur la pertinence des cotations Matif pour la commercialisation des blés meuniers...
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Dans un contexte mondial « difficile », cumulant récoltes abondantes et crises géopolitiques successives, la coopérative Bourgogne du Sud a connu en plus sur son secteur des « soucis qualitatifs majeurs, jamais rencontrés, même pas en 2000 », analyse Michel Duvernois. Avec une partie des blés germés et des maïs à forte végétation cette année, la masse fourragère disponible sur les marchés est conséquente.
Pour les blés, le souci est qualitatif évidemment avec une partie des récoltes qui a germé. Le pourcentage définitif reste inconnu pour l’instant. D’autant qu’à cela, il ne faut pas oublier de rajouter l’épisode de grêle du 30 juin qui a entraîné sur le secteur de la coopérative, des déclarations de dégâts de grêle sur 40.000 ha. « On perd en moyenne 3 quintaux/ha en colza et 5 en blé », déplore Michel Duvernois. Reste qu’au niveau mondial, les marchés prévoient des hausses et la reconstitution de stocks à 200 millions de tonnes. La production serait elle aussi en hausse (720 Mt), tout comme la consommation (710 Mt). Surtout, la chronologie des marchés est bouleversée cette année. Avec la crise ukrainienne, la Russie se « dépêche de sortir tout ce qu’ils peuvent » sur les débouchés notamment de la coopérative. Ce qui « appuie sur les cours » à la baisse.
Sur les marchés maïs, les prévisions prévoyaient des records en volume. « C’est confirmé et encore plus ». Les cours des maïs sont donc eux aussi à la baisse. Les stocks mondiaux progressent (190 Mt ; +13 Mt/2013), avec une hausse de la production mondiale, principalement du fait des Etats-Unis qui prévoient de faire 107 Qtx/ha sur 33 millions d’ha ! L’Europe n’est pas en reste, à l’est et au nord. L’Ukraine va produire 26 Mt pour n’en consommer que 8 Mt, exportant dès lors « sur nos zones via la mer Noire ».

Remise en cause du Matif



Tous ces paramètres ont évidemment influé sur les marchés à terme. Les cours du blé ont chuté à 156,50 €/t la semaine dernière. Mais surtout, cette baisse généralisée de la qualité des blés meuniers a mis dans la tourmente le Matif. Car, « on ne sait plus forcément si on parle vraiment de blé meunier », lâche dubitatif le directeur. En effet, les silos de Rouen ont mis du temps a préciser leurs critères de réception a l'entrée (note de panification, protéines, PS), laissant craindre des différences avec ceux du Matif. Résultat, les cotations furent remises en cause. D’ailleurs, un autre marché s’est créé dans la foulée en Allemagne. Du coup, la coopérative a très vite « dégagé nos positions », le 18 juillet, révèle Michel Duvernois.
En attendant, la courbe des cours du blé meunier a continué de se rapprocher des fourragers. Conséquence derrière, le maïs s’affiche en dessous de 140 €/t. « Nous ne sommes pas loin du prix plancher » estime Michel Duvernois, et des coûts de production aux Etats-Unis, qui ont déclenché leur mécanisme de soutien aux revenus, interdits en France.
Enfin, côté oléagineux, même punition, avec une fois encore une baisse des cours en raison de la diminution de la fabrication de diester.
Petite consolation, les prévisions de semis sont partout en baisse l’an prochain, « donc 2015 sera mieux », essaye de positiver Michel Duvernois. En attendant, la coopérative est consciente des difficultés de trésorerie des exploitations. « Le conseil d’administration s’est réuni et on va vous reverser le maximum possible ». Mais 2014 ne sera pas une bonne année…