CER France 71
Le retour d'une récolte pleine

Publié par Cédric Michelin
-
Pour la deuxième année, CER France 71 a présenté - la semaine dernière à Mellecey et Sennecé-les-Mâcon - son étude économique de la viticulture en Saône-et-Loire. Ainsi, Vitiscopie 2014 a analysé les comptabilités de 256 entreprises : 2013 (vendanges 2012) a vu les revenus des coopérateurs baisser au contraire des vignerons vendant en bouteilles. Le millésime 2014 s’annonce économiquement meilleur pour tous…
129611--DSC_0048.JPG
Le trésorier du CER France 71, Christophe Parat rappelait l’objectif de Vitiscopie : donner des « références économiques » spécifiques qui avaient débuté avec Fermoscopie, plus sur l’élevage et les grandes cultures désormais. Le directeur, Christophe Debuigne notait également – qu’à l’instar des artisans, commerçants, TPE et PME -, les différentes productions agricoles du département semblent « de plus en plus attirées par le commerce et l’export ».
Ce postulat posé, Thomas Lemaitre, directeur du conseil, présentait donc « la ferme 71 pour voir la santé et la place » qu’occupe la viticulture dans le département. 47 % des exploitations sont spécialisées en bovins viandes, 14 % en viticulture, 7 % en céréales et 4 % en bovins lait. 28 % des exploitations sont en multi-productions « non spécialisés » ou hors sols.
Si le revenu général moyen s’est établi à 17.000 €/UTAF (unité de travail annuel familiale), le revenu 2014 va être « à la peine » avec de fortes disparités, selon le type d’exploitation. Le produit brut/UMO (unité de main-d’œuvre) est « stable » (110.000 €) mais l’EBE/produits moyens « diminue à 28 % ». La situation est particulièrement « difficile » en céréales, « sous le zéro ». Pour la deuxième année consécutive, le nombre d’exploitations spécialisées en bovins viandes est « en baisse ». la "Ferme 71" a un taux d’endettement moyen « qui augmente à 41 % » sur dix ans – présentant un risque moyen à élevé pour 24 % du panel - mais pour revenir au niveau de 2009 et pour un capital d’exploitation de 238.000 €/UMO.

40.000 €/UTAF en 2014



Dans ce contexte, la viticulture s’en sort bien. Si le revenu/UTAF s’établissait à 30.000 € en 2013 (récolte 2012), 2014 (récolte 2013) s’oriente vers 40.000 €/UTAF. Le consultant en patrimoine, Nicolas Roux rentrait plus dans le détail, en séparant les chiffres des coopérateurs de ceux des vignerons commercialisant en bouteilles.
Suite aux pertes de récolte, le résultat 2013 des coopérateurs est en « baisse » (25.300 €/UTAF) – avec un tunnel entre 25.000 et 35.000 € - depuis 2008. Par contre, les chiffres 2014 font déjà état de la hausse des cours. « Les coopératives réussissent à vendre plus cher leur produits et encaissent plus rapidement », note-t-il. Pour tenter d’améliorer ces chiffres, les coopérateurs ont pour critère principal la « productivité de la main-d’œuvre par hectare », soit en moyenne, entre 5 et 6 ha travaillés par personne. Cela doit permettre d’atteindre le « point d’équilibre » théorique de « 300 à 350 hl récoltés par personne ». « On n’y est pas sur ces deux dernières années, donc cela passait par la valorisation ». Car dans le même temps, les charges ont continué d’augmenter, dépassant les 10.000 €/ha pour les charges de structures. Les coûts de production sont eux aussi en hausse, avec l’effet "petites récoltes", entre + 10 % sur le Mâconnais et + 20 % sur le Chalonnais. Le second critère après la productivité est le produit viticole ramené par hectare, c’est-à-dire la « régularité de rendement et la qualité ».

Valorisation des stocks



Du côté des vignerons vendant plus de 20 % de leurs récoltes en bouteilles, la hausse des résultats 2013 est « confirmée » pour 2014. « La baisse de récolte a été plus que compensé par les prix, dès 2013 en dépassant 34.000 € de revenu / UTAF » (vendanges 2012). Et la progression sera encore « plus importante » en 2014 pour atteindre en moyenne 48.000 €/UTAF, grâce à « l’opportunité de valoriser les stocks – et déstocker - en profitant de la hausse des cours du vrac ».
Là aussi, la « tendance à l’agrandissement » se fait toujours ressentir puisque les caves particulières ont gagné 1,5 ha de vignes sur 5 ans. Ce qui a certainement permis de compenser en partie les pertes de récoltes estimées à 130 Hl de vins manquants par chai, avec une seule récolte à plein potentiel sur 5 ans. Si de fait, les charges ont augmenté de 50 % sur tous les postes ces dix dernières années, l’EBE (Excédent brut d’exploitation) « fait mieux que suivre, puisqu’il est en augmentation ». Remarque du CER France 71 : « en passant un cap de bouteilles vendues, on sent que la machine s’emballe et permet d’arriver à vendre de plus en plus ». Du coup, les dépenses en main d'oeuvre ou en matériel sont des investissements avec un retour « à condition d’être en phase avec ses marchés (positionnement) » (voir article ci contre).
Quand c’est le cas, la rentabilité est en « forte progression » mais en engageant plus de charges. L’impact est donc « fort » sur le capital d’exploitation qui passe le « cap » de 50.000 €/ha de capitaux engagés pour la production. Le taux d’endettement atteint alors environ 50 % mais la rentabilité de ces dernières années « permet de le supporter ». Le développement des marchés bouteilles engendre des besoins en fonds de roulement conséquents, les trésoreries étaient alors déficitaires mais remontent depuis 2008.