Marchés des vins de Bourgogne
Cranter la montée en gamme

Publié par Cédric Michelin
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Le directeur du pôle Marchés et Développement du BIVB, Philippe Longepierre présentait les changements en terme de commercialisation des vins suite à leur actuelle « montée en gamme ». Ce qui n’est pas qu’une évolution des prix, mais bien aussi de la qualité et du développement économique de la filière… Exemples.
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Malgré une stabilité des surfaces (proche de 2.000 ha), les bourgognes côte chalonnaise et AOC villages blancs et rouges ont connu des récoltes en baisse. « L’effet de ces petites récoltes a fait évoluer les cours à la hausse ». Le vrac a grimpé de +15 à +45 % selon les AOC chalonnaises. L'impact des cours sur les prix marchés est bien moindre. Mais, « il faut changer d'argumentaire et de segments de marché » pour les vendre à l’export (niveau de valorisation moyen actuel : 9 €/bouteilles) et en grande distribution française (prix consommateur actuel : 10 €/col).
En effet, seule la reprise de l’économie américaine semble permettre des gains de parts de marché (+15 %) à l’inverse de la Belgique, Danemark, Angleterre, Japon, Suisse… Les blancs de la côte chalonnaise eux, connaissent une reprise (+ 9 % en volume) en grande distribution France, mais sont stables en valeur.
Pour les appellations du Mâconnais, le constat est plus important côté production et commercialisation. Avec des « effets sur les cours de transaction » encore plus importants. Les cours des AOC régionales mâconnaises ont connu une hausse de +33 % et + 107 % en villages. L'impact des cours sur les prix marchés est bien moindre, mais au final, « on s’adresse à d’autres consommateurs qui ont d’autres besoins qu’il faut donc les identifier », explique Philippe Longepierre qui mène ce travail au BIVB, avec toujours l’objectif de « développer la rentabilité des entreprises » de la filière.
Pour Grégoire Machenaud, d’Abso Conseil, ce sont aux vignerons de choisir leur positionnement. « Il faut donc "cranter" les valeurs dans le temps, pour éviter l’effet yoyo » de la valeur, d’images et de clients. Des changements « pas anecdotiques » qui rebattent la hiérarchie des appellations bourguignonnes et de ses concurrentes. Ainsi, au « jeu des projections », les travaux qualitatifs menés des vins AOC mâcon blancs « pourraient permettre de cibler un meilleur segment de consommateurs au-dessus de la barre fatidique des 5 €/col et pour les mâcons + nom de commune, celle du segment de consommateur de 7 € en moyenne » d’ici deux ans sur le circuit étudié. Au niveau de l’Interprofession, six orientations « clés » définiront des chantiers et projets structurants pour éviter ne serait-ce que « la stratégie des régionales ne viennent concurrencer certains villages ». Une démarche engagée également pour les crémants, toujours très dynamiques.
Reste que les « marchés se complexifient de plus en plus ». Rendez-vous le 26 janvier au BIVB à Mâcon pour comprendre comment les vignerons bourguignons peuvent saisir ces « opportunités », en adaptant leur potentiel de production.