Abattoir d’Autun
Etape décisive

Le projet de rénovation de l’abattoir d’Autun vient de franchir un nouveau cap. Sommés de s’engager financièrement, les acteurs attachés à l’outil ont répondu présents. Soutenus par les élus communautaires, les défenseurs de l’outil ont désormais des arguments économiques irréfutables pour enclencher la création d’une nouvelle chaîne d’abattage.
130349--reunion_abattoir_eduen.JPG
Mardi à Autun, la Communauté de communes du Grand Autunois Morvan (CCGAM) organisait une réunion pour faire le point sur « la recapitalisation de l'abattoir ». Etaient conviés les élus du secteur, les usagers et les personnes qui ont soutenu financièrement cet outil structurant pour l’économie du territoire. Propriété de la communauté de communes et géré par une Sica, l’abattoir d’Autun est tenu de réaliser d’importants travaux de rénovation avec, in fine, la création d’une nouvelle chaîne d’abattage. Un investissement important que la collectivité propriétaire des lieux s’est rapidement montrée prête à consentir. A condition toutefois que les usagers manifestent clairement leur engagement. C’est ainsi qu’une association de sauvegarde d’un abattoir en Autunois–Morvan a vu le jour en 2012. L’année dernière, FranceAgriMer exigeait que tous ceux qui sont attachés à cet outil s’engagent financièrement dans le capital social, à hauteur d’un minimum de 66.000 euros. Le 9 juin dernier, l’association de sauvegarde avait atteint son objectif. A quelques centaines d’euros près, la somme exigée par France Agri Mer était bel et bien réunie.

Evolution du capital social


C’est une étape importante pour les défenseurs de l’abattoir autunois. Les 66.000 € de souscriptions rassemblés rejoindront prochainement le capital social de la Sica, conformément à la demande de l’Etat et cela sous le contrôle de juristes, confiaient les intéressés. Ce sera l’occasion de rénover la composition du capital social, lequel compte encore les parts des fondateurs souvent décédés, confiait le président de la Sica, Bernard Joly. Ils seront remplacés par les sympathisants actuels de l’outil : éleveurs, usagers divers, bouchers, distributeurs, élus, consommateurs…
Cet engagement concret de la part des acteurs du territoire est un tournant décisif. Les souscriptions supplémentaires - d’un montant de 300 € - sont toujours les bienvenues pour renforcer le capital, soulignait néanmoins le président de l’association, Jean-Philippe Nivost.
Ce mardi 16 juin, une réunion importante aura lieu à la sous-préfecture d’Autun pour faire le point sur la situation. Forts de cet engament financier, les défenseurs de l’abattoir auront les arguments nécessaires pour que soit engagé pour de bon le projet. Cette mobilisation sans précédent des acteurs du territoire sera également précieuse pour relancer les financeurs territoriaux (département, région…).

Economie du territoire


Le projet de rénovation de l’abattoir s’inscrit dans une optique de développement économique au cœur d’un territoire rural. La structure emploie aujourd’hui un peu plus de 17 équivalents temps plein, ce qui n’est pas rien sur un bassin d’emploi comme celui d’Autun.
La montée en puissance des circuits courts, le développement de systèmes alimentaires locaux impliquant cantines et producteurs ou encore l’intérêt grandissant manifesté par la grande distribution vis-à-vis des produits locaux sont autant de données qui militent pour le maintien de cet outil de proximité. Diversifié depuis longtemps dans la découpe, l’abattoir d’Autun s’est tout récemment équipé pour le conditionnement de viande sous vide ou "PAD". Il est aussi le premier « abattoir-école » de France, le seul qui soit en mesure de former aux métiers de l’abattage (lire à ce sujet notre article publié en pages 21 et 22 de notre édition du 6 mars 2015). Il y a quelques semaines, l’outil communautaire renouvelait le succès de ses portes ouvertes, en accueillant plusieurs centaines de personnes. « Un signal positif pour les élus », se félicitait Bernard Joly.

Mobilisation payante


La rénovation de l’abattoir sera aussi l’aboutissement d’une mobilisation remarquable initiée par le syndicalisme. A travers l’association de défense, la profession a su constituer un véritable « groupe de pression derrière la Sica qui impressionne les clients potentiels », faisait remarquer Christian Gillot, vice-président de la CCGAM. La détermination et l’opiniâtreté des éleveurs auront aussi convaincu les élus. « Sans le syndicalisme, sans la Chambre d’agriculture, sans la communauté de communes, sans le soutien des élus, sans le soutien des éleveurs, rien n’aurait été possible », concluait Jean-Philippe Nivost. La livraison du nouvel outil est envisagée pour 2018.



Retour à l’équilibre financier


En 2014, l’activité de l’abattoir d’Autun a été sensiblement identique à celle de 2013, informait Bernard Joly. Le volume d’abattage s’est maintenu à environ 1.650 tonnes en dépit d’une conjoncture difficile dans la viande, faisait-il remarquer. Les volumes réalisés par les principaux chevillards (Raze, Guedjou) ont légèrement progressé, de même que les particuliers. Seul SVA a quelque peu tassé ses abattages à Autun. L’activité transformation/découpe progresse légèrement aussi.


2014 a surtout été marquée par un retour à l’équilibre financier. Après deux exercices très déficitaires, la Sica renoue avec un excédent. Une amélioration due principalement à d'importants efforts sur les charges. Les travaux de mise aux normes sanitaires ainsi que des investissements dans la gestion des déchets ont permis de réduire les dépenses de fonctionnement, expliquait Bernard Joly. L’abattoir a par ailleurs accompli un gros travail d’organisation interne.