Cave des Grands Crus Blancs
Stratégie payante !

Publié par Cédric Michelin
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Le 5 février à Vinzelles, la Cave des Grands Crus Blancs avait le plaisir d’annoncer à ses coopérateurs de nombreuses hausses de revenus par hectare après l’exercice 2014/2015. Sans se couper totalement du négoce, la stratégie de la coopérative repose clairement sur la bouteille, la vente directe et la qualité des vins.
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Les 94 coopérateurs étaient invités pour deux assemblées générales, une ordinaire sur l’exercice 2014/2015 suivie d’une autre, dite "extraordinaire" pour une légère modification des statuts (pour passer à un conseil d’Administration entre 8 et 11 membres).
Le secrétaire général de la cave, et maire de Vinzelles, Yves Andreux débutait par enfin le retour à une récolte « complète » en 2014, en hausse de +16 % donc par rapport à celle de 2013, à 8.257 hl (+1.200 hl) provenant de 134 ha. La cave a pu constituer des VCI via ses vignerons. Une bonne nouvelle qui vaut donc pour les coopérateurs. Une bonne nouvelle enfin pour les frais de cave et de vinification stabilisée à 70 €/hl. Sans connaître encore la valorisation définitive du millésime 2014, toujours en vente, il annonçait les compléments de prix pour la récolte 2013 (361.500 €), payable en deux fois.

Bouteilles et un peu de vrac



Malgré les demandes des négociants, la cave des Grands Crus Blancs poursuit sa stratégie "bouteilles" qui lui réussit puisqu’elle a écoulé ainsi 5.400 hl (contre 5.000 hl l’exercice précédent). Les ventes Bib sont stables (2.000 Hl). Au total, la cave a vendu 8.669 hl avec seulement 1.200 hl en vrac au négoce (contre 1.900 hl en 2013/2014).
La situation financière et la trésorerie (1,4 millions d’€) sont « saines » permettant de faire des investissements sans emprunts, faisait remarquer le cabinet comptable Fogex. Le commissaire aux comptes soulignait dans le même temps la « diminution des charges » qui contribue à ce bon fonctionnement général.
Le caveau de vente pourrait être le prochain à profiter de rénovation avec sa façade. A côté, le bar et l’espace dégustation verront le restaurant rajouter à la carte des pizzas.

Triple record



Le président de la cave, Jean Juillard-Pinsard pouvait donc légitimement célébrer un « triple record ». « En 2014/15, nous avons battu trois records : le chiffre d’affaire net est en hausse de +2,5 % (5,3 millions d’€), du jamais vu ! Nous avons battu le record de l’an dernier en terme de cols vendus (+7 %) et nous battons d’un an, notre objectif des 720.000 cols. Et surtout, nous enregistrons le plus haut revenu par ha pour les producteurs, avec +12 % sur les pouilly-fuissés, + 16% sur les pouilly-vinzelles et pouilly-lochés, +14 % sur les saint-véran, +29 % pour les mâcons blancs, +24 % sur les beaujolais rouges, +7 % pour les saint-amour et +15 % pour les crémants », se réjouissait-il avant de remercier vivement coopérateurs, cavistes, administratifs et partenaires.

Développer les CHR



Si la commercialisation n’a « pas posé de problème », c’est aussi en raison de la nouvelle étiqueteuse qui donne pleine satisfaction. « Avant, nous n’aurions jamais pu préparer les 40.000 cols pour les foires aux vins d’Automne que les GMS ont commandé en juin/juillet ». La cave développe aussi l’export et a déjà réussi une vente de 35.000 cols de pouillys aux Etats-Unis d’Amérique. Mais c’est surtout sur le circuit traditionnel, des cafés, hôtels, restaurants (CHR) que la coopérative compte se développer.

Un projet de cave ISO 22000



Pour tous ses vins blancs, la cave vient justement d’être certifiée ISO 22000. « Cette obtention fut un temps forts, structurant pour notre cave. Au delà d’être une image de sérieux, de qualité, de sécurité pour nos clients, il s’agissait pour nous d’un véritable projet de cave, reconnaissance aussi du travail fourni. Donner une direction claire à nos salariés, à nos coopérateurs et au monde qui nous entoure », argumentait-il. La cave des Grands Crus Blancs et son « œnologue au top », Jean-Michel Atlan, ont ainsi, une nouvelle fois, remporté de nombreux prix et citations (Hachette, Bourgogne Aujourd’hui…). Mais comme le président le rappelait, tout débute avec « de magnifiques terroirs et de bons viticulteurs qui travaillent bien leurs vignes », qu’il remerciait ainsi en guise de conclusion.




Vente en mouts : « L’appel des sirènes »



C’est à l’occasion d’une discussion autour des rémunérations par hectare que le président, Jean Juillard-Pinsard reprécisait la stratégie de son conseil d’Administration. « Oui, on a une problématique sur les mâcon car la moitié des volumes est vendue en Bib, moins rémunérateur. On va commencer à faire évoluer le revenu/ha des mâcons mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. J’entends l’appel des "sirènes" avec des tarifs négoces forts. Mais le conseil d’Administration a mis en place un système en 2009 qui est en train de porter ses fruits. On fait 720.000 cols en baissant les charges. Nos appellations sont rares. Le jour où le négoce baissera, nous on est déjà forts, autonomes et maitres de notre destin », défendait-il. Le représentant du Crédit Agricole CE, Denis Catherin confirmait et élargissait : « beaucoup de filières agricoles font face à la volatilité des cours. Vendre en bouteilles est donc un choix judicieux et pérenne ». C’est finalement la déléguée générale de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura qui résumait le mieux le paradoxe actuel : « Les mouts sont payés vite et chers. C’est parfois immoral que ce soit ceux qui font les efforts qui ne soient pas les mieux rémunérés. Mais la vente en mouts ne peut être un raisonnement à long terme et il faut rester indépendant avec la bouteille », conseillait-elle.





Siqocert/CAVB : blocage "technique" collectif !






Avec plus de 2.000 déclarants (7.000 ha, 450.000 hl), les caves coopératives de Bourgogne ont un « souci technique » avec Siqocert et la CAVB. « Si un seul coopérateur est mal identifié, tout est coincé. La sentence vaut pour toute la coopérative. Fin décembre, certaines ne pouvaient toujours pas mettre leurs vins en marché », expliquait Marie-Odile Sorlier. Ainsi, comme l’explique dans son denier éditorial le président de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura, Marc Sangoy, « les problèmes de déclarations de récoltes, de DREV, d’identifications, de VCI et autres s’accumulent. La dématérialisation et le blocage systématique des opérateurs non identifiés sont à l’origine de ces déboires et nous posent question sur notre organisation. Malgré la mise en place de deux réunions d’informations à ce sujet, nos services administratifs n’ont pu répondre efficacement à ce chalenge. Un recensement des dysfonctionnements est en cours et fera l’objet d’un travail en commun pour corriger cela ; en parallèle des discussions sont en cours afin d’alléger ces contraintes et de ne pas perdre les avantages de la mutualisation en coopérative ».



Par ailleurs, la FCBJ s’est renforcée et élargit au Beaujolais avec l’adhésion d’Agamy, fusion des caves rhodaniennes de Bully, Quincié (ex-Signé Vignerons) et Saint-Bel, auxquelles se joint la cave de Trelins, basée dans la Loire. Agamy vient du mot gamay. Les quatre caves en produisent 60.000 hl.






Photo légendée






« Si jeune », souriait Jean Juillard-Pinsard à son vice-précident et ami. A 80 ans, c’est un coopérateur comme il y en a peu qui a décidé de prendre sa "retraite". Entré en 1988 à la cave des Grands Crus Blancs, Michel Moreau aura marqué de son empreinte la coopérative, qu’il présida pendant 8 années. Homme véritablement engagé, dévoué et intègre, il fait parti de la Société d’agriculture et de viticulture de l’arrondissement de Mâcon, est correspondant local pour le Journal de Saône-et-Loire et a récemment écrit un livre sur l’histoire de Vinzelles, ce village qui lui tient tant à cœur. Pour le remercier au nom de tous les vignerons, Jean lui remettait un Jéroboam de la coupe Perraton 2014, largement mérité !