Résurgence de la fièvre catarrhale
La catastrophe !

L’annonce de la détection en fin de semaine d’un cas de FCO de type 8 dans le département de l’Allier a eu l’effet d’une bombe pour l’élevage de ruminants de Saône-et-Loire. Une crise sanitaire qui s’ajoute à la crise économique structurelle et conjoncturelle et à la crise morale. Nul n’avait besoin de cela…
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La Direction départementale de la protection des populations du département de l’Allier a confirmé un cas de Fièvre catarrhale ovine (FCO) dans un élevage d’ovins et de bovins de l’Allier. Des prélèvements pour analyse ont été immédiatement réalisés sur l’animal malade.
La confirmation formelle du foyer de FCO a été établie vendredi dernier, le 11 septembre, par le résultat positif de l’analyse et isolement viral par le laboratoire national de référence de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Il s’agit d’un cas de FCO à sérotype 8.
« Nous sommes repartis pour une galère », fait état Vincent Robergeot, directeur du GDS de Saône-et-Loire, résumant ainsi parfaitement le ressenti du monde de l’élevage. Un ressenti accentué par le fait que « lundi soir, on attendait des décisions pratiques et pragmatiques, ce qui n’a pas été le cas ».
De son côté, le ministre de l’agriculture a mis en place des mesures visant à prévenir tout risque éventuel de propagation de la maladie : l’élevage a été placé sous surveillance renforcée et les mouvements d’animaux ont été bloqués au sein de l’exploitation ainsi qu’entre les différents zonages qui en découlent :
- la zone interdite de 20 kms au tour du foyer ;
- la zone de prévention de 20 à 100 kms ;
- la zone de surveillance de 100 à 150 kms ;
- et la zone indemne au-delà des 150 kms.
La Saône-et-Loire concernée
Le Saône-et-Loire est directement concernée en partie par la zone de prévention et la zone de surveillance (cf carte ci-contre).
A ce stade, entre ces différentes zones et en conformité avec la réglementation européenne, des mesures de gestion sont appliquées : restriction des mouvements d’animaux, interdiction de regroupement, surveillance active, etc. Lire à ce sujet notre article en page Sanitaire de cette même édition.
Dès lors, les entrées et les sorties "nationales" des périmètres de protection et de surveillance sont interdites aux ruminants, sauf sous certaines conditions à destination de l'abattoir (transport direct, abattage immédiat et désinsectisation). En ce qui concerne les échanges et l'exportation, tout dépend des clauses sur les certificats sanitaires c'est-à-dire des exigences des pays-tiers. Nous attendons des précisions très rapidement destination par destination.

Une crise dans la crise


« La crise n’est pas seulement sanitaire, elle est commerciale », commente Vincent Robergeot, faisant état de la fermeture des marchés d’exportation aux animaux issus des secteurs pour l’instant concernés. On pense aux broutards dont le marché se tenait relativement bien, mais aussi aux reproducteurs destinés aux autres régions françaises, dont de nombreux secteurs sont, pour l’instant encore, en zone indemne.
« Mais il s’agit d’un cas de résurgence », note le directeur du GDS 71, pour qui il est probable que les zonages actuels soient rapidement modifiés au regard des animaux positifs qui ne manqueront ainsi pas d’être détectés ailleurs dans les jours et semaines à venir. Résurgence signifie que la maladie avait trouvé la faune sauvage comme hôte et qu’il est dès lors probable que ce cas de résurgence ne soit pas isolé… Le dernier concours National adultes du HBC au Mans aurait permis de détecter d’autres cas positifs dans la zone.
« Il faut agir vite et de façon pragmatique », commente Vincent Robergeot, faisant référence à la crise précédente, en 2007, dont on a l’expérience et dont on a pu tirer des enseignements. Il évoque l’urgence d’aller renégocier avec l’Italie l’équivalent de l’accord de 2007, mais aussi la rapide fusion des zonages dont le contrôle du respect des règles liés aux flux s’était avéré impossible en 2007… « Nous avons besoin de réponses rapides pour ne pas handicaper plus qu’il ne l’est déjà le commerce. Nous avons besoin de trouver des solutions intermédiaires sans délai », conclut avec pragmatisme le directeur du GDS 71.
Une nouvelle tuile qui tombe à un bien mauvais moment pour les éleveurs allaitants de notre département, confrontés à une crise majeure, depuis maintenant plusieurs années… Bref, une tuile dont tous se seraient bien passé.





Dans l’expectative…


Le Comité national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale s’est réuni le 14 septembre en présence des représentants des filières d’élevage et ldes autorités sanitaires sur les mesures de gestion et notamment sur la stratégie vaccinale à mettre en place.
Rien de concret n’en est pour l’heure sorti… Le ministre précise seulement qu’il entendait rencontrer les responsables nationaux des filières d’élevage dès ce jeudi 17 septembre pour discuter des mesures financières à mettre en place pour accompagner les éleveurs impactés. Stéphane Le Foll a également pris contact avec les Commissaires européens à la Santé et à l’Agriculture pour les informer de la situation sanitaire et des mesures de gestion mises en œuvre par la France.
Les pouvoirs publics rappellent que « la rapidité de mise en œuvre des mesures de gestion est une condition indispensable pour limiter les conséquences de la maladie, notamment à l’export ». Ainsi, le ministre a-t-il fait acheter toutes les doses possibles du vaccin contre le sérotype 8 en question et décidé de procéder à une vaccination, dont l'ampleur n’est pour l’heure pas dévoilée. 1,3 million de doses seraient disponibles. Une partie sera affectée aux animaux exportés. Dans le contexte actuel de crise, il convient en effet d’éviter toute mesure de blocage de la part de pays clients…







Pour rappel, la FCO est une maladie virale, transmise par des moucherons piqueurs. Les espèces sensibles à la FCO sont les ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) et sauvages. La France continentale était indemne de FCO depuis décembre 2012. Le sérotype 8 ne circule plus depuis 2010 en France et n'avait été notifié dans aucune région du monde depuis 2011.
Cette maladie est strictement animale : elle n’est pas transmissible à l’Homme et elle n’affecte pas la qualité des denrées (viandes, lait, etc). Elle ne représente donc un danger ni pour les citoyens, ni pour les consommateurs.