SIAL 2016
Les attentes paradoxales des consommateurs

Publié par Cédric Michelin
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Le Salon international de l’alimentation (SIAL) qui se tient tous les deux ans à Paris, aura lieu cette année du 16 au 20 octobre. En attendant de découvrir les innovations alimentaires qui seront présentées lors cette édition, les organisateurs font le point sur les préférences des consommateurs et sur les tendances amenées à se développer dans les rayons.
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A l’occasion du Sial 2016, qui se tiendra du 16 au 20 octobre, les organisateurs de ce rendez-vous mondial de l’innovation alimentaire ont commandé une analyse croisée de TNS Sofres et de XTC world innovation, présentée le 6 septembre. Déjà réalisée en 2012 et 2014, l’étude prend en compte neuf zones, 14 pays et met en évidence les nouvelles préférences des consommateurs. Premier point majeur, la confiance vis-à-vis de la production alimentaire reste stable, la baisse de 85 à 83 % depuis 2014 n’étant imputable qu’à deux pays, la Chine et la Russie. Autre tendance notable, l’intérêt croissant pour des produits sains : en 2012, un consommateur sur deux pensait que les produits alimentaires pouvaient nuire à la santé, ils sont aujourd’hui 68 % de cet avis !
De même, l’intérêt pour les conséquences environnementales progresse : 54 % des consommateurs privilégient des emballages recyclables ou moins polluants, contre 52 % il y a quatre ans. Si dans la majorité des zones concernées, les aliments font figure de « petits luxes » abordables pour se payer un moment de plaisir, la France est le seul pays où la proportion des consommateurs prêts à s’octroyer ce type d’écart est moins importante qu’en 2012, et ce pour des raisons budgétaires. Autre spécificité française, 79 % des consommateurs de l’Hexagone - contre 55 % en moyenne dans les autres pays - considèrent que l’alimentation présente un risque pour la santé, soit 20 points de plus qu’en 2014, et 8 sur 10 sont rassurés, sur ce point, par l’origine nationale des produits, contre 7 sur 10 dans les autres zones étudiées.

Nouveauté sans rupture



Ces préférences se traduisent dans les innovations qui seront présentées au Sial. Ainsi, la nostalgie revisitée reste une valeur forte, jouant sur la confiance symbolique accordée aux recettes anciennes, à l’exemple de la Fallue, brioche normande, dans un marketing modernisé.
La recherche de produits sains renforce aussi l’attrait pour les produits bruts, naturels, et pour tous les produits avec des mentions « sans » : sans huile de palme, sans antibiotiques, etc. Enfin, pour répondre aux préoccupations de développement durable et de lutte contre le gaspillage alimentaire – présentes chez 80 % des consommateurs – se développent des produits surprenants comme le "vin" blanc de kiwi (qui permet de valoriser la surproduction de fruits). L’étude met néanmoins en évidence certaines contradictions puisque malgré cet intérêt affiché, seulement 16 % des consommateurs considèrent l’impact environnemental comme un critère d’achat, ce qui le place au 14ème rang des critères de choix. D’une façon générale, si l’innovation semble plébiscitée par les consommateurs, il ne s’agit pas d’une innovation dite de "rupture". En effet, les produits à base d’algues ou d’insectes, dont on fait beaucoup la promotion depuis plusieurs années, n’ont été consommés que par 46 % et 17 % des personnes interrogées.
Pour Nicolas Trentesaux, directeur du réseau Sial, « les industriels qui perceront dans le futur sont ceux qui parviendront à gérer ces paradoxes ». Le salon qui les accueille poursuit quant à lui son développement, avec 7.000 exposants dont 85 % d’internationaux, 400.000 produits présentés et 155.000 visiteurs attendus, soit une croissance proche des 20 % par rapport à 2014.