Situation FCO en Saône-et-Loire
La DGAl doit s’expliquer

Publié par Cédric Michelin
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Deux mois après la découverte du premier cas de FCO dans l’Allier, la situation reste singulièrement compliquée et tendue. La situation de blocage vers la zone indemne (ZI) « continue d’asphyxier les éleveurs de notre département », déplorent la FDSEA et le GDS de Saône-et-Loire. C’est ce « ressenti très fort de nos éleveurs et opérateurs commerciaux » qu’a été transmis par courrier au ministère de l’Agriculture, fin de semaine dernière. En charge du dossier, la direction générale de l'alimentation (DGAl) n’a toujours pas apporté de réponses à une réalité économique toujours plus délicate.
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Réunies le 26 octobre dernier, les organisations professionnelles agricoles et les représentants de la filière de Saône-et-Loire ont exposé au préfet les problèmes et insatisfactions qui demeurent pour notre département, et plus largement pour l'ensemble de la zone réglementée (ZR) (ZR). Les responsables professionnels ont demandé la venue de la DGAl en Saône-et-Loire pour trouver des solutions aux problèmes qui demeurent.
Le message est sans équivoque : « aujourd’hui, nous avons le sentiment que la Zone réglementée est sacrifiée pour protéger à tous crins la zone indemne. En effet, la ZR a été réduite à sa plus faible dimension et les conditions de sorties vers la ZI (zone indemne) ne sont pas possibles pour la grande majorité des bovins. Enfin, nous ne pouvons bénéficier des doses sanctuarisées dans la ZI, alors que nous en avons cruellement besoin », analysent le GDS et la section bovine de la FDSEA de Saône-et-Loire. Ensemble, les deux organisations font donc une série de proposition (voir encadré ci-dessous).
Autre remarque émanant du terrain, les éleveurs « ne comprennent pas pourquoi nous arriverons à échanger dès cette semaine en protocole PCR simple avec l’Espagne et en protocole Vaccination 10 jours avec les Italiens alors qu’eux-mêmes seront contraints à commercer avec la ZI seulement en période d’inactivité vectorielle ! ».
Le ministère doit ou devrait tenter d’éclaircir ce point dans les prochains jours.
Enfin, préparant déjà 2016, le GDS et la FDSEA de Saône-et-Loire réclament d’ores-et-déjà à ce que le département soit « redoté en vaccins pour pouvoir vacciner les mâles destinés à partir, en février ou mars, des femelles de 6 à 16 mois, des troupeaux en cessation vendus vers la ZI, voire d’autres catégories pour la ZI ».
Face à ces questions et ces demandes d’évolutions aujourd’hui toujours sans réponse, la profession agricole sollicite la venue de la DGAl - laquelle ne donne manifestement pas plus d'information à la DDPP 71 ou au préfet de Saône-et-Loire - pour lui exposer « sereinement » la situation du département et ainsi trouver des solutions urgentes aux difficultés rencontrées par les éleveurs et par les opérateurs économiques. Urgence absolue donc.


Trois priorités


Trois revendications sont avancées. La première des priorités est de faciliter les mouvements de la zone réglementée (ZR) vers la zone indemne (ZI). En effet, les opérateurs commerciaux sont unanimes pour dire que le protocole d’analyse (PCR sortie/PCR entrée) est inapplicable en l’état. Il est demandé :
- un protocole de sortie des animaux vers la ZI avec une seule PCR avant départ ;
- La révision des conditions de levée ADPI si la PCR est utilisée pour sortir de la ZR vers la ZI.
En effet, pour l’heure, lorsqu’un élevage est suspecté d’héberger la maladie et que cela est confirmé, un arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (ADPI) est pris, engendrant des restrictions de mouvement pour le cheptel. Statut levé que sous certaines conditions, notamment après vaccination totale du troupeau.

Remobiliser des vaccins


Deuxième priorité en Saône-et-Loire, remobiliser des vaccins pour les échanges. Une demande portée pour notre département et les autres départements de la ZR également mal dotés. Le GDS de Saône-et-Loire constate en effet que :
- nous sommes insuffisamment dotés (taux de couverture de 79 % des mâles présents de 6 à 16 mois, contre 160 à 170 % de couverture pour des départements du bassin allaitant.
- nous demandons donc un rapatriement urgent des doses destinées à la vaccination des APDI et des doses sanctuarisées dans les départements de la ZI (330.000).
« Des doses ont été réservées pour gérer les futurs exploitations avec un foyer FCO positif (ADPI). Mais depuis deux mois, les élevages en Zone indemne (surtout à l’Ouest de la France) ont profité de notre blocage pour exporter leurs broutards à notre place. Ils n’ont donc plus besoin d’autant de doses. Chez nous par contre, nous avons des femelles adultes (génisses ou vaches) à commercialiser pour les engraisseurs. Faute de vaccins, elles restent sur notre zone et sur nos marchés. Même s’il s’agit de volumes modestes comparativement aux broutards pour l’export, ces animaux pèsent sur les cours sur les marchés », explique Vincent Robergeot, directeur du GDS de Saône-et-Loire. Le département a la particularité d’avoir une production très diversifiée avec un noyau important de sélectionneurs, fournissant de nombreuses zones (sud Massif central, Vendée et Deux-Sèvres, Lorraine, Alsace). Il fournit également les filières d’engraissement classiques ou de qualité (animaux conformés) vers la ZI. Le GDS estime à environ 35.000 le nombre de femelles adultes qui sortent des exploitations du département vers la ZI sur les quatre derniers mois de l’année (requête en cours). L’export est certes un débouché important, mais la zone indemne française est son second marché.



Rouvrir certains Pays Tiers


Dernière priorité réclamée par la profession de Saône-et-Loire au ministère de l’Agriculture, achever rapidement les négociations avec certains pays tiers pour désengorger les marchés. L’Algérie en premier lieu, pour restaurer les flux de fin décembre (contingents sans droits de douanes), alors que ce marché est particulièrement important pour notre département, puis avec la Turquie qui devient un marché incontournable pour le Bassin allaitant.