Crise agricole
La grande région à l'écoute

Publié par Cédric Michelin
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Face à la crise, les responsables professionnels de la région Bourgogne Franche-Comté ont souhaité faire le point avec la nouvelle présidente de la Région, Marie-Guite Dufay.
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À l’occasion de cette première rencontre avec le monde agricole depuis sa réélection, de nombreux points ont été abordés avec la présidente. Tout d’abord, la crise agricole et les mesures d’urgence à prendre ont été transmises par la profession pour trouver des solutions opérationnelles et éviter une catastrophe économique pour de nombreuses exploitations. Puis, d’autres dossiers plus structurels ont fait l’objet de nombreux échanges.

L’agriculture un secteur stratégique majeur



Au préalable, il était  important de planter le décor : Francis Letellier, vice-président de la FRSEA, a rappelé le poids du secteur agricole dans cette nouvelle région : « les actifs agricoles représentent cinq usines Peugeot de Sochaux, soit 4 % des emplois sans compter l’agroalimentaire. La surface agricole de la région est équivalente de la surface agricole des Pays-Bas, mais nous sommes loin derrière au niveau de la production, nous proposons une stratégie de croissance durable avec un revenu décent pour les producteurs ».

Identifier les leviers d’action régionaux



Mais face à la crise, il y a urgence, Bernard Lacour, président de la FDSEA de Saône-et-Loire a présenté la situation de la filière viande bovine « actuellement, nous perdons 240 € par animal, si rien ne bouge, la pérennité est menacée dans de nombreuses exploitations en vaches allaitantes, avec des prix de vente inférieurs aux coûts de production. Au-delà de cela, nous attendons votre soutien pour la validation de l’IGP charolais de Bourgogne par la commission européenne. Mais la profession souhaite un soutien en particulier pour la restauration hors foyer et les commandes publiques ». Le président de la FDSEA du Doubs, Philippe Monnet insiste : « un projet de convention conforme à la réglementation est sur le bureau de la préfète de région, nous demandons un appui de la région sur ce dossier. Les enfants dans les cantines doivent pouvoir manger tous nos produits y compris du Comté ». Marie-Guite Dufay s’est engagé à concrétiser ce projet avec les services de l’État lors d’une prochaine réunion prévue début mars sur les filières en crise.

Un contrat de filière pour le lait standard



Pour ce qui est du lait standard, la situation est aussi préoccupante, les producteurs de lait vendent à perte depuis plusieurs mois. Sylvain Crucerey, président de la FDSEA de Haute-Saône, explique la situation : « les producteurs sont découragés, le prix d’un litre de lait est équivalent à une cigarette pour le producteur et à deux quand il est vendu en grande surface ! Aujourd’hui, les régions sont en relation directe avec la commission européenne. Aussi, nous vous demandons d’appuyer notre demande sur la nécessité pour l’Europe de disposer de réels outils de régulation des marchés agricoles et de mettre en place, rapidement, des mécanismes pour venir en aide aux agriculteurs en difficulté ».
« Au niveau régional, nous vous demandons de mettre en place un contrat de filière pour le lait standard » indique Frédéric Perrot, président de la FRSEA Bourgogne Franche-Comté.
Impossible de parler des secteurs en crise, sans évoquer la filière céréalière, Boris Verne, président de JA Franche-Comté, rappelle la perte de revenu pour ce secteur en particulier dans les zones à faible potentiel : « nous demandons que le secteur céréalier puisse bénéficier du plan d’urgence. Pour la région nous souhaitons qu’elle soutienne les innovations pour apporter de la valeur ajoutée aux agriculteurs comme les filières semences, soja , chanvre,… ».

Installations et viticulture aussi



Ce jeune agriculteur abordait ensuite le dossier installation transmission : « nous vous demandons de poursuivre une politique d’installation volontariste ». L’adaptation des critères d’attribution sera réétudiée avec Sophie Fonquernie, vice-présidente déléguée à l’agriculture.

« Même si le secteur viticole est moins concerné par la crise - hormis le secteur Beaujolais -, des actions sont à conduire en matière de recherche développement, en particulier sur les maladies de dépérissement de la vigne » poursuivait Michel Renevier, vice-président de la chambre régionale d’agriculture BFC.

Maintenir les emplois ruraux



Enfin, le dernier dossier était celui de l'emploi, présenté par Denise Yoder, présidente de la FDSEA du Territoire de Belfort : « le secteur agricole développe ses propres initiatives innovantes pour maintenir l’emploi en milieu rural, on souhaiterait avoir le soutien de la région pour les services de remplacement et le développement des groupements d’employeurs ».

Après plus de deux heures d’entretien, Frédéric Perrot concluait en rapellant les priorités professionnelles : celle de la structuration des filières, des investissements productifs et de l’investissement dans les ressources humaines.

Conventions avec les départements



Marie-Guite Dufay se montrait intéressée par les initiatives dans le domaine de l’emploi. Elle souhaite pouvoir conventionner avec les départements pour leurs interventions dans le domaine économique et en particulier agricole.

Les représentants de la profession seront vigilants pour la concrétisation de mesures opérationnelles en particulier lors de la révision du programme de développement rural régional (PDRR) et les actions prioritaires financées par le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).

La deuxième rencontre programmée début mars avec madame Christiane Barret, préfète de région aura pour objectif de finaliser les mesures d’urgence à prendre pour les secteurs en crise.