Enjambeur électrique Voltis de Tecnoma
Un avant-goût du futur

Publié par Cédric Michelin
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Même si Voltis est sorti il y a de cela quelques années (2012), la société Richy –qui le commercialise en exclusivité en Saône-et-Loire et dans le Rhône– vient de le présenter aux vignerons en février. Un avant-goût du futur des enjambeurs. Les vignerons montant à son bord sont vite conquis par ses performances et son silence ! Reste un ou deux détails pour que le futur se fasse jour.
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Fabriqué près d’Epernay par Tecnoma, Voltis est naturellement à l’aise en vignes étroites (2,05 à 2,30 m de voie). Il est commercialisé depuis l’an dernier, en Saône-et-Loire et dans le Rhône par la société Richy exclusivement (Davayé, Lugny, Rully). Pour l’heure, trois modèles ont déjà été vendus à des Maisons champenoises convaincues.
« Nous n’avons pas sauté dans l’inconnu. Nous sommes partis d’un châssis conventionnel (cabine, direction…) que nous avons adapté », débute Denis Desbois, inspecteur commercial pour Tecnoma. L’entreprise entend ainsi rassurer à l’aide de son savoir-faire historique.

Silence au travail



Car il y a quand même de quoi être déconcerté lorsqu’on monte à bord et allume le moteur ou plutôt les quatre moteurs électriques. Pas un bruit. Pas de vibrations. Passé l’étonnement, le sourire vient vite aux visages des vignerons testeurs lorsqu’à l’aide d’un joystick, l’enjambeur de 3,8 tonnes avance en silence. « Nous avons enlevé la partie thermique, le système de refroidissement et les parties hydrauliques mais nous avons mis une batterie de 74 kW, équivalent à 100 chevaux, qui pèse 850 kg bien équilibrée de l’axe avant aux roues arrière. L’ensemble pèse donc un peu moins que les 4 tonnes habituellement de nos machines », explique-t-il. Certains argueront qu’un petit moteur thermique aurait permis de créer un hybride pour augmenter son autonomie.
Car là est encore le point « faible » de Voltis, comme pour tout véhicule électrique aujourd’hui. L’autonomie électrique dépend de nombreux paramètres et varie de 4 h à 12 h selon la nature des travaux, la vitesse, la pente… et le nombre de packs embarqués (220 V ; 36 A). Tecnoma s’est pourtant rapproché d’un spécialiste des batteries lithium-ion fer phosphate qui « ne posent pas de problème lors des demi-cycles de chargement ». Ainsi, 2.800 cycles complets sont garantis à une charge de 80 % minimum. Ces batteries ne se déchargent pas avec les hautes ou basses températures.
Des "super-chargeurs" sont également disponibles pour une charge rapide en 4 heures. Utiles pour les recharger à mi-journée de travail.

Entre 6 et 11 h d’autonomie



« En utilisation, avec un pulvérisateur Tecnoma et une cuve de 500 litres dessus, l’autonomie tient jusqu’à 6 heures entières. Par contre, 11 heures avec une rogneuses à double moteurs électriques », qui sont alimentés par une prise de force électrique. « On a gardé un petit débit pour permettre d’utiliser des petits équipements hydrauliques ou si besoin de plus de puissance », précise Denis.
Si l’électrique a des défauts, il a aussi des avantages. Avec un très bon couple, le Voltis a quatre roues motrices indépendantes, avec chacune un capteur de vitesse, qui lui confère une très bonne motricité. La conduite est souple et très progressive. « S’il se met à patiner, le moteur va ralentir tout seul ». Un système au Glycol vient refroidir chaque moteur autonome. Voltis est homologué pour rouler sur route jusqu’à 25 km/h.

80.000 € de batteries



Reste un dernier frein, son prix : 160.000 € tracteur nu. Les batteries seules valent 80.000 €. « Nous réfléchissons à un système de location des batteries », avance Denis Desbois. Le commercial lâche son argumentaire : « nous avons fait des calculs économiques pour une utilisation de 500 heures par an et en le comparant avec un tracteur conventionnel. A 12 l/h de gasoil et avec l’entretien hydraulique, ce dernier revient entre 8.000 à 9.000 € par an. Alors que le Voltis, avec une recharge entre 8 et 10 € et un faible entretien, revient à 900 € par an. Les 40.000 € supplémentaires au départ sont donc amortis en 5 ans environ. Et si vous faites 1.000 h, etc… », calcule-t-il rapidement. En effet, selon Tecnoma, le Voltis offre un meilleur rendement qu’un moteur thermique et au final, un gain de 30 %. En supprimant l’hydraulique, les coûts de maintenance sont également réduits.
L’animation des outils se fait à l’aide de deux sorties électriques (20 CV et 6 CV) qui peuvent être complétées par un groupe hydraulique en option pour ceux voulant utiliser leurs outils avec moteurs hydrauliques.