Être Agricultrice en 2017
Une question d’actualité

Le 22 février, Hélène Doussot, exploitante à Gergy et administratrice de la commission des Agricultrices, a participé au colloque "Être agricultrice en 2017". Son témoignage.
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J’ai participé au colloque pour thème "Être agricultrice en 2017" organisé au Sénat le 22 février par Chantal Jouanno, délégué aux Droits des femmes, et Gérard Larcher, président du Sénat. Un sujet cher à la commission des Agricultrices de Saône-et-Loire qui en avait d’ailleurs fait le thème de son dernière assemblée générale (lire notre édition du 10 février en page 11).

La féminisation de l’Agriculture


Ce colloque c’est articulé sous forme de trois tables rondes.
Tout d’abord, la première était consacrée aux défis à relever. Il est nécessaire de rappeler que ce sont les femmes qui se sont occupées des fermes durant la guerre. A l’heure actuelle, 38 % des jeunes dans les écoles d’agriculture sont des filles, mais rares sont celles qui s’installent dès la fin de leurs études. La majorité des installations féminines sont généralement le fait de femmes qui s’installent après avoir exercé un autre métier et qui suivent alors le plus souvent une formation adulte. Aujourd’hui, les femmes s’installent de plus en plus tard et 60 % d’entre elles s’installent d’ailleurs lors du départ à la retraite de leur mari. Il est sans rappeler que l’accès aux terres et aux prêts bancaires est beaucoup plus difficile lorsque l’on est une femme. C’est pourquoi, lors d’une installation, certaines sont obligées de se diversifier (gîte, transformation, accueil a la ferme…), comme le note la sociologue Sabrina Dahache, et cela en vue d’améliorer les performances économiques de l’exploitation. Elles recherchent des nouveaux circuits de commercialisation, la création de marque, à l’exemple l’exemple des "Veaux de Nathalie". Une femme se moque d’avoir le plus gros tracteur ou le plus gros chiffre d’affaires, ce qui l’intéresse, c’est la marge finale.

Le besoin de faire bouger les choses


La seconde table ronde portait sur les "innovations porteuse d’avenir pour l’agriculture et la vie rurale". Dans toute la France, des hommes et des femmes portent des projets comme le concours Graines d’agriculteurs" en témoigne, lui qui a pour objectif de communiquer vers le grand public, ou encore le projet "Femmes et hommes en agricultures" qui a consisté à sonder tous les exploitants d’un département en vue de valoriser la place des femmes, la gestion du stress au quotidien et l’amélioration de son image. Pour cela, sept objectifs ont été définis :
1) trucs et astuces masculins et féminins ;
2) bien dans sa peau bien dans ses bottes ;
3) agricultrice communiquer sur son métier ;
4) femme agricultrice et citoyenne ;
5) fonctionnement et chiffres clés d’une exploitation ;
6) projet de vie ;
7) réussir à deux dans un métier indépendant.
Tous ces projets sont généralement portés par des femmes combattantes et qui ont envie de faire bouger les choses.

Des évolutions… tardives


Enfin, la dernière table ronde abordait le thème "Des femmes engagées, des agricultrices élues". En préambule, il faut rappeler quelques dates : en 1999, le statut de conjoint collaborateur a été créé, lequel donne droit à la protection social et aux droits à la retraite laquelle, faut-il le rappeler, est en moyenne de l’ordre de 500 à 600 € pour une exploitante ! En 2016, on recensait entre 5 et 6.000 femmes qui ne bénéficiaient toujours d’aucun statut ce qui est très inquiétant…
Autre date clef : 2006 avec la création du congé Maternité pour les agricultrices et, en 2012, l’obligation d’intégrer un tiers de femmes dans les listes des différents collèges aux élections aux chambres d’agricultures.
La route est encore longue
Il est pas toujours facile de concilier vie personnelle et vie professionnelle. L’engagement dans différents organismes demande en effet du temps, de l’organisation, mais aussi d’avoir confiance en soi. Ainsi, en Bretagne, la profession a-t-elle mis en place des programmes de formation spécifiques pour les femmes pour que celles-ci s’assument et apprennent à prendre des responsabilités dans des organisations professionnelles.
Pour conclure, je reprendrais les paroles de Karen Serres, ancienne présidente de la commission nationale des Agricultrices de la FNSEA, « il est regrettable d’avoir attendu la fin d’un mandat pour élaborer ce rapport, la route est encore longue ».
Hélène Doussot




Face à la crise…


A l’heure ou je rédige ces quelques lignes, je viens d’apprendre qu’une productrice de lait âgée de 47 ans venait de mettre fin à ses jours montrant ainsi la détresse, la pression, la crise que nous traversons. Son geste rappelle que ce ne sont pas que les seuls hommes qui supportent cette crise. C’est tous unis, hommes et femmes, que nous devons faire face ensemble à cette terrible crise et à ses conséquences que nous subissons tous, tous les jours et depuis maintenant trop longtemps.