Anciens exploitants
Double peine…

Réunis en assemblée générale dans une salle comble, les responsables de la section des anciens exploitants de Saône-et-Loire ont une nouvelle fois alerté sur la détérioration de la condition économique des "petits" retraités agricoles. Un constat amer alors même que les aînés sont contraints d’assister en même temps au désarroi anxiogène de leurs successeurs actifs.
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Vendredi dernier, Martigny-le-Comte accueillait à nouveau l’assemblée générale de la section départementale des anciens exploitants agricoles de Saône-et-Loire. Ce rendez-vous fut une nouvelle fois une belle démonstration de "militantisme" tant les retraités agricoles étaient venus nombreux. Beaucoup d’anciens certes, mais aussi beaucoup de jeunes retraités dont certains étaient encore en activité il n’y a pas si longtemps... En dépit des réticences de certains qui ne mesurent pas toujours l’intérêt réel d’adhérer à la section, l’effectif se maintient d’année en année. Le fait sans doute d’une culture syndicale encore vivace dans une génération qui connaît les avancées permises par le syndicalisme des décennies passées. Le fait aussi d’une évolution de la section savamment orchestrée ces dernières années par son président, Paul Billonnet. Le fait enfin des efforts remarquables de relance accomplis par la section et son animatrice, preuve que l’adhésion est avant tout une question de rapports humains. Si elle défend la condition de retraités modestes que sont les anciens agriculteurs, la SDAE 71 est avant tout une structure syndicale dynamique et conviviale. Son compte-rendu d’activité en témoigne avec, d’un côté, une forte mobilisation pour défendre les intérêts des retraités agricoles auprès des parlementaires notamment et, de l’autre, des animations incontournables (journées de juin, pique-nique des anciens, voyages touristiques…) qui connaissent de francs succès et fédèrent le groupe.

Baisse du pouvoir d’achat


En dépit de son apparence sympathique et bon enfant, la section représente pourtant une catégorie dont la situation demeure celle « de petits retraités qui voient leur pouvoir d’achat se détériorer inexorablement d’une année sur l’autre », campait le président Paul Billonnet. « Et ce n’est pas le montant de la prime unique de 40 € allouée au printemps dernier qui peut remédier à ce problème. Si le montant de nos retraites n’a pas augmenté d’un centime depuis avril 2013, nos charges, elles, ont continué de progresser régulièrement : c’est le cas des dépenses de la vie courante, des services, des cotisations d’assurances, mais aussi des retenues diverses mises en place par les pouvoirs publics », déplorait le président. Et ce dernier de citer la taxe "Contribution additionnelle pour la solidarité et l’autonomie" (Casa) prélevée sur les retraites agricoles depuis le 1er avril 2013 ou encore la « fiscalisation de la bonification enfants » qui, pour certains, a eu pour effet immédiat « d’être de nouveau imposable » avec, en sus, « la perte de l’exonération de la taxe d’habitation, de la taxe foncière, de la redevance télévision et du bénéfice du taux de TVA réduit », déplorait Paul Billonnet.

Evité de justesse…


La mobilisation des anciens a en revanche permis « d’éviter de justesse l’application de la suppression de la demi-part fiscale accordée aux personnes seules et ayant élevé des enfants ». Prévue pour entrer en vigueur sur les revenus de 2013, elle avait été retardée d’un an. Mais en 2015, elle était intégrée au calcul de l’impôt sur les revenus 2014 ce qui a valu à de nombreux adhérents anciens de se retrouver imposables, « pour des sommes parfois importantes », rappelait le président. Heureusement, les alertes lancées par la section depuis le début ont fini par porter leurs fruits. Sensibilisés par ce problème, « les parlementaires de Saône-et-Loire ont été très actifs », ce qui s’est traduit par un courrier national au Premier ministre. Résultat : l’application de cette directive est de nouveau différée de deux ans. Une « victoire syndicale », se félicitait Paul Billonnet. Reste à « utiliser ces deux années de sursis pour remettre la pression pour obtenir l’abandon pur et simple de cette directive », ordonnait le président.

Personnes dépendantes et familles modestes


Revenant sur la loi d’adaptation de la société au vieillissement, qui est à l’origine de la taxe Casa évoquée plus haut, Paul Billonnet s’inquiétait du sort « des familles modestes confrontées à la charge que représente l’hébergement d’un parent dépendant en établissement spécialisé ». Si la mise en application au 1er janvier des mesures du premier volet de la loi concernant « les personnes dépendantes à leur domicile » - se traduisant par des aides à l’amélioration de l’habitat, au calcul de l’APA, aide aux aidants - est jugée positive, en revanche, les anciens exploitants sont toujours en attente du vote du second volet concernant « la prise en charge des personnes dépendantes en établissement ». Promise à maintes reprises depuis 2011, les 2 milliards d’€ par an que coûterait cette mesure pourtant légitime ne semblent plus possibles en ces périodes de vaches maigres… « A la SDAE 71, nous continuerons d’insister fermement auprès des élus et des pouvoirs publics pour que cette prise en charge soit enfin effective pour alléger les contraintes financières de ces situations pour les familles modestes et de leur permettre de vivre plus sereinement la fin de vie de leurs ascendants ».

Amertume…


Tandis qu’ils doivent s’accommoder tant bien que mal de niveaux de retraites dérisoires, les anciens ont le regret d’assister au terrible désarroi dans lequel se trouvent nombre de leurs successeurs actifs confrontés aux crises agricoles. De constater que 50 % des éleveurs ne dégagent aucun salaire, que certains abandonnent le métier, que des familles explosent, de voir tant de travail et d’abnégation si mal payés… : les anciens sont « abasourdis, consternés, dépités, amers… », avouait avec beaucoup d’inquiétude Paul Billonnet.
Solidaire de la profession, le président des anciens attribuait la responsabilité de cette évolution dramatique tant aux politiques qu’aux consommateurs qui sont autant d’électeurs… Le responsable des aînés s’interrogeait sur « la volonté des politiques de conserver une agriculture compétitive dans ce pays », sur l’attitude des consommateurs se disant attachés à la qualité des produits, mais privilégiant le seul prix bas au moment de faire leurs courses…
Le président de la SDAE déplorait enfin « le désengagement » de certains agriculteurs « à l’égard de notre syndicalisme ». Faisant allusion aux 15 millions d’€ d’allègement de cotisation MSA - équivalent à 2.500 agriculteurs accompagnés en Bourgogne ; à la baisse de dix points de charges sociales (-20 %) ou encore les 19,6 millions d’€ qui reviennent à la Saône-et-Loire pour la sécheresse 2015, Paul Billonnet faisait une vibrante démonstration de l’intérêt du syndicalisme et de la solidarité. Des propos qui introduisaient la conclusion du président de la FDSEA, Bernard Lacour, lequel, rendant hommage au militantisme des anciens, signalait que le taux de syndicalisation progressait malgré tout en Saône-et-Loire. Et d’évoquer l’avenir du système agricole français à l’heure où commencent à apparaître des transferts de capitaux - 1.700 ha achetés par des Chinois en région Centre (lire en page 2 de cette édition) - « au nez et à la barbe de la profession ». Rappelant que l’agriculture représente encore « 80 % de l’économie collée au territoire alors que l’aéronautique ne pèse que 20 % », Bernard Lacour appelait la profession « à ne pas perdre la main sur ses propres orientations ».


Randonnées mensuelles au menu


L’activité de la section des anciens exploitants sait aussi être plus légère et la dernière initiative mise en place par la SDAE est l’organisation mensuelle de randonnées. Trois administrateurs en sont à l’origine : Marie-Christine Tatraux, René Forêt, Michel Givry et un groupe "Randonnées" a vu le jour en 2015. Rencontrant un franc succès, ces "randos" sont l’occasion, chaque mois, de parcourir une dizaine de kilomètres à travers les paysages de Saône-et-Loire, mais aussi de partager un sympathique déjeuner en commun.



Dématérialisation

Cours d’initiation à l’informatique


En décembre dernier, les sections départementales bourguignonnes étaient allées à la rencontre des responsables de la caisse régionale MSA de Bourgogne pour leur faire part « de leur désapprobation concernant la dématérialisation des documents MSA ». Une décision que les anciens redoutaient à raison, alors « que très peu de nos adhérents pratiquent l’informatique », faisait remarquer Paul Billonnet. Faisant part de l’impossibilité de déroger à cette règle imposée par la caisse centrale, les responsables de la MSA de Bourgogne ont cependant proposé une formation informatique destinée aux adhérents de la SDAE 71. Des cours d’initiation à l’informatique pourraient ainsi être mis en place dès cet automne. Les nouveaux moyens de communication de la MSA et les raisons de la dématérialisation des documents seront par ailleurs au programme des prochaines Journées de juin.










Programme 2016
Les « journée de juin » sont reconduites pour 2016. Elles auront lieu le 15 juin à Laives ; le 17 juin à Rully et le 22 juin à Chalmoux. Comme d’habitude, les matinées seront informatives et les après-midi récréatifs : visite du château de la Ferté le 15, visite de l’usine de traitement des déchets de Chagny le 17, visite d’un parc phovoltaïque et Casino de Bourbon-Lancy le 22…
En août, le traditionnel pique-nique des anciens aura lieu comme tous les ans, mais pas le lendemain du concours de labours des JA 71 car il tombe un 15 août cette année. La date et le site du pique-nique seront communiqués ultérieurement.
Quant au programme des voyages, il sera une fois de plus varié avec des destinations alléchantes comme les Canaries du 26 avril au 3 mai, les Calanques de Cassis les 11 et 12 mai, la Pologne du 24 au 31 août, la Corse du 28 septembre au 3 octobre.