Union des producteurs de Viré-Clessé
Une nouvelle mention "demi-sec"

Publié par Cédric Michelin
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Réunie en AG le 18 mai à Clessé, l’Union des producteurs de Viré-Clessé s’est prononcée sur deux dossiers majeurs : l’agro-environnement et ses vins ayant une teneur en sucre supérieure à 4 g/l. Sur ce dernier dossier, avec l’INAO, une solution se dessine autour des vins levroutés et de vins AOC devant porter la nouvelle mention « demi-sec ». Pour poursuivre ses efforts, l’appellation Viré-Clessé sera aussi la première ODG de Bourgogne à introduire des mesures agro-environnementales directement dans son cahier des charges.
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Mais d’abord, le président de l’Union, Stéphane Guillemin avait une pensée pour les vignerons qui ont vu leurs vignes gelées ou grêlées, et ce du Nord au Sud de la Bourgogne. Il croisait les doigts pour que cette campagne 2016 se termine mieux et rassurait pour l’heure : « notre vignoble de viré-clessé est aujourd'hui indemne et j’espère qu’il en sera ainsi jusqu’à la récolte ». Le millésime 2015 avait été lui « généreux », et en qualité et en quantité, pour les vignerons de viré-clessé, ce qui se ressent dans les cotisations enregistrées (+11,4 %). Côté qualité, le responsable de la commission, Pierre Gondard félicitait les vignerons puisqu’aucune transmission à Siqocert n’a été faite après les deux visites de vignes (214 ha contrôlés).
Avec une gestion « stricte » de ses dépenses, et sans la dépense « exceptionnelle » de l’an dernier pour le nouveau site web, l’ODG poursuit ses efforts continus de promotion de l’appellation. Le responsable de la commission Communication, Jean-Marie Chaland listait les événements plus ponctuels tels que les participations à la Fête des Grands vins à Beaune, les dégustations "presse", la distinction du Cru à Davayé… et bien évidemment le Printemps des Viré-Clessé qui a pâti d’une mauvaise météo comme le prouvent les 4.000 verres vendus en moins par rapport au précédent. Il posait la question à l’assemblée de savoir si les vignerons étaient motivés pour aller jusqu’à la 20e édition en changeant quelque peu la formule pour que les domaines soient plus « ouverts » et en lien les uns avec les autres. L’ancien président, Jacky Montbarbon estimait –après sondage des 18 caves participantes– qu’entre 20.000 et 25.000 bouteilles ont été vendues sur ce week-end. Avec un budget « équilibré », l’Union a décidé de continuer l’aventure l’an prochain.

Nouveau viré-clessé « demi-sec »



Par contre, s’en est fini de la « dérogation » pour les vins ayant une teneur en sucre supérieure à 4 g/l. Si au départ, il s’agissait de classer ses vins avec la mention "levrouté", l’avis « défavorable » de la famille négoce au Crinao a obligé à « trouver une autre solution », expliquait Franck Michel, responsable de la commission ad hoc (CTSCP). Après des dégustation par les experts mandatés par l’INAO, les "levroutés" –pouvant représenter jusqu’à 10 % de la récolte certaines années– ont donc été définis comme des viré-clessés ayant des sucres résiduels allant de 8 à 18 g/l (avec une richesse minimale au départ de 255 g/l). Conséquence, les viré-clessés entre 4 et 8 g/l de sucres résiduels pourraient porter - dès le millésime 2017 - la mention « demi-secs ». Cet étiquetage spécifique n’est cependant encore pas totalement défini car un cahier des charges est en cours d’élaboration. « L’idée est de cadrer le tout pour éviter de trouver des vins bloqués exprès en fermentation dans lesquels il reste un peu de sucre », expliquait Franck Michel.
Est-ce que les consommateurs en revanche comprendront ces différences entre sec et demi-sec, questionnait la salle. Rien n’est moins sur. « Un problème de fond qu’on rencontrera de plus en plus en Bourgogne », concluait Stéphane Guillemin, qui siège également à la CAVB.




Première ODG agro-environnementale en Bourgogne



Orientés sur la gestion et la promotion de l’appellation, les ODG ont remplacé les Syndicats de défense. Mais cette dernière fonction pourrait bien être appelée à se réinventer. Une défense préventive pour faire face aux multiples accusations. Le développement durable est la stratégie interprofessionnelle pour cela. Un terme mélangeant efficacité économique, équité sociale et respect de l’environnement, résumait le directeur du pôle technique du BIVB, Jean-Philippe Gervais. « Nous sommes entrés dans un monde qui change très vite, avec un accès immédiat à l’information, et avec plus de crises », analysait-il. Pour espérer retrouver un « équilibre » local et global tout théorique, la nouvelle responsable du Développement durable à l’Interprofession, Sarah Gillet devra mettre en place sept grandes orientations, allant de l’auto-diagnostic de chaque vigneron jusqu’à faire « bouger les lois ou les anticiper » si nécessaire.






Avec la dernière Loi d’avenir agricole, les ODG ont également un rôle à prendre puisqu’ils peuvent choisir d’intégrer des mesures agro-environnementales dans leur cahier des charges. C’est ce qu’a décidé l’AOC Viré-Clessé, qui devient ainsi la toute première ODG en Bourgogne à franchir ce cap. Mais, « personne ne va vous dire de faire cela ou plutôt cela. Ce sont des actions à la carte. C’est à vous de construire ce que vous voulez faire » individuellement et collectivement, rassurait Benjamin Alban, du service Vigne & Vin à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. « Ce qui pourra être déstabilisant, continuait-il, c’est qu’il n’y aura pas forcément au final une labellisation. Mais vous pourrez communiquer sur ces démarches positives, après un minimum de structuration collective (BIVB, ODG, chambres…) ». Histoire donc d’avoir des arguments et des preuves des efforts fournis par la profession face à ces incessants détracteurs qui sont de plus en plus médiatisés…






Sources de ces conflits locaux possibles, les habitations se sont aussi multipliées aux abords des vignes. Et le maire de Clessé, Jean-Pierre Chervier de confirmer ce besoin de « positiver » face à des populations "angoissées" par des polémiques à répétition ou bien orchestrées par quelques militants. « Cela monte en puissance et c’est violent. Je viens de passer une semaine à répondre au téléphone, aux SMS et aux mails », expliquait-il, alors que les vignerons ont du traiter durant les deux derniers jours fériés en raison des forts risques sanitaires. « Il faut aussi communiquer sur la nécessité de protéger la vigne des maladies. On ne l’a jamais fait », rajoutait Jean-Philippe Gervais. Pas étonnant derrière que tout un travail pédagogique soit à faire. « Les opposants aux pesticides s’imaginent que quand c’est bio, il n’y a pas de traitement », s’étonnait Stéphane Guillemin qui faisait partie de la délégation qui a rencontré le Collectif mâconnais pesticides et santé (CMPS71). Et le spectre des polémiques liées au plan de lutte obligatoire contre la flavescence dorée de réapparaitre déjà, avec deux foyers positifs sur Viré alors que Clessé vient de sortir du périmètre de lutte obligatoire cette année… Une nécessité pourtant que les plus dogmatiques ne veulent pas comprendre : « certains, à Clessé, dès qu’ils voient un enjambeur ils ont des boutons. Mais le vrai problème, c’est qu’on n’arrive plus à discuter avec eux », témoignait un vigneron. La profession est aussi en train de rédiger une charte des bonnes pratiques pour tenter de « gérer les comportements excessifs de certains vignerons » qui font du tort à tous, annonçait le BIVB.