Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire
Les élus interpellés

L’assemblée générale des JA de Saône-et-Loire a été l’occasion, par l’intermédiaire de son président Guillaume Gauthier, de tirer non pas un, mais plusieurs signaux d’alarme. Avec, toutefois, un large sourire au moment d’annoncer l’accueil du congrès national des JA en 2016.
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La semaine dernière, les Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire étaient réunis à L’Abergement-Sainte-Colombe pour leur assemblée générale. Une matinée de travail au cours de laquelle Guillaume Gauthier, président, a évoqué quelques grands enjeux de l’agriculture d’aujourd’hui et de demain. « Comme vous avez pu le constater, l’environnement est un sujet sur lequel les idéologies de certains ne doivent pas être des contraintes pour d’autres. C’est pour cela que nous avons choisi cette année pour thème pour notre assemblée générale l’agroécologie. Nous voulons comprendre les enjeux qui se cachent derrière. Nous nous devons de construire, nous jeunes, l’avenir de notre territoire. Faire cohabiter agriculture, installation et environnement ». Regrettant la lenteur des décisions ministérielles concernant la nouvelle Pac et avouant une réelle perplexité quant à certains choix, Guillaume Gauthier estime que c’est « une bataille de chaque instant pour éviter que la Saône-et-Loire ne perde trop d’un côté et, de l’autre, faire en sorte que les aides du deuxième pilier ne soient pas trop complexes pour amener un petit peu d’optimisme sur nos exploitations. Comment s’engager sur du long terme lorsque l’on remet sans cesse les règles du jeu en cause ? »

Le besoin d’être écouté


Il n’a pas hésité à tacler les élus. « Il est grand temps d’écouter la profession. Les gens qui vivent de ce métier ont beaucoup, beaucoup de choses à vous faire comprendre. Vous devez porter la voix de notre ruralité au plus haut sommet de l’état. Messieurs Hollande et Le Foll doivent comprendre que notre campagne se meurt petit à petit. Les décisions prises en haut lieu - sans concertation avec la profession - ont une importance capitale pour l’économie de nos territoires, pour la survie de nos entreprises. A quand un ministre de l’agriculture à temps complet ? Nous avons l’impression que le porte-parole du gouvernement ne plaide pas en notre faveur ».
Et d’interpeller aussi les représentants régionaux : « vous voulez gérer le deuxième pilier de la Pac et vous occuper de la modulation des DJA ?Alors, s’il vous plait, entourez-vous de gens compétents, de gens qui connaissent leurs dossiers sans idéologie sur-développée! Arrêtez de vouloir tout faire tout seuls sans écouter la profession ».

Congrès national en 2016


Disant son ras-le-bol en constatant que « depuis janvier, aucun dossier d’installation n’a été validé », Guillaume Gauthier s’est félicité du succès de la dernière Fête de l’agriculture qui a rassemblé 7.000 visiteurs. Après La Guiche Mont-Saint-Vincent, ce sera au tour du canton de Montcenis de relever le défi les 22 et 23 août prochains.
Guillaume Gauthier confirmait aussi l’organisation du cinquantième congrès national des JA à Mâcon du 31 mai au 2 juin 2016. « Cet événement sera une vraie fête pour notre département, une reconnaissance du travail réalisé par le syndicalisme saône-et-loirien depuis de nombreuses années et sur plusieurs générations. C’est grâce à vous tous que ce moment marquera sans nul doute la vie des JA 71 et celle de notre département ».



L’agroécologie au centre des débats


Temps fort de l’assemblée générale des JA, la traditionnelle table ronde avait cette année pour thématique "Agroécologie, mieux la connaître pour mieux la construire". Etaient invités à débattre Samuel Vandaele, coresponsable du groupe Environnement aux JA, Lionel Borey, chargé du dossier Environnement à la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Julien Halska, conseiller agronomique au sein de la chambre d’Agriculture, et Pauline Crepeau du service économie forestière, agricole et rurale de la Draaf. « Il y a énormément de freins en France qu’il faut lever, soulignait Samuel Vandaele. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. J’ai des craintes de voir des aides changer et/ou diminuer. Nous ne sommes pas à l’abri non plus de changements politiques. Nous avons besoin d’avoir une vraie ligne directrice. C’est un vrai souci de pouvoir se projeter dans le temps. Il y a encore beaucoup de questions sans réponse. Le projet agroécologique demeure un projet personnel. J’ai peur qu’il y ait beaucoup de projets, mais que l’Etat ne suive pas ».
Pour sa part, Lionel Borey estime qu'« au niveau régional, il y a des moyens orientés vers l’agroécologie. Il faudra faire preuve de vigilance pour que cela ne soit pas un frein. Il faut une approche globale des exploitations. J’ai peur de la stigmatisation d’un système par rapport à un autre. Il faudra faire preuve de pragmatisme ». Pour Julien Halska, « il n’y a pas de modèle unique, mais plein de solutions. On fournit une boite à outils plutôt qu’un modèle ». Quant à Pauline Crepeau, elle précise qu’il y a une « réorientation des aides vers l’agroécologie. Différents critères vont permettre d’augmenter la DJA en répondant à certains critères agroécologiques. Il n’existe pas de recette toute faite. A chacun de trouver sa propre réponse. C’est l’agriculteur qui choisit son itinéraire. L’idée est que l’agriculteur prenne en main les questions environnementales. Le projet agroenvironnmental est d’avoir une agriculture économiquement performante et préservant l’environnement ».




Ce qu’ils ont dit


Arnaud Danjean, député européen
« Le terme et le concept d’agroécologie me rendent nerveux. C’est un terme politique qui ne répond pas aux enjeux agricoles d’aujourd’hui et de demain. Il n’y a rien de nouveau ni d’original dans cette agroécologie. Il y a d’autres priorités : la transcription de la Pac dans la réglementation nationale, le volet foncier et le volet compétitivité. Notre agriculture n’est plus la meilleure en Europe et il y a un décrochement en terme de compétitivité ».
Jacques Rebillard, conseiller régional de Bourgogne
« L’agroécologie est un sujet qui continue à faire polémique, mais c’est aussi beaucoup de bon sens. Cela revêt quatre axes pour les exploitations : production alimentaire, production d’énergie et photovoltaïque, efficience et proximité ».
Bernard Lacour, président de la FDSEA
« Aujourd’hui se pose la question de l’avenir de l’agriculture sur des territoires comme le nôtre. Nous nous trouvons obligés de nous justifier par rapport à notre métier, nos comportements. Au niveau national, on ne songe qu’à nous imposer de nouvelles règles alors que nous, agriculteurs, devons les mettre en œuvre. Notre image sert à vendre des produits qui viennent du monde entier sans pour autant respecter les règles que l’on nous impose ».
Christian Decerle, président de la chambre d’Agriculture
« Je vous félicite pour avoir obtenu l’organisation du cinquantième congrès des JA. La société n’a jamais été aussi attentive aux pratiques agricoles. Nous payons très cher, trop cher, certains modèles de développement de l’agriculture, la crise de l'ESB, la problématique des phytosanitaires... Mais quelle est la responsabilité des paysans ? Un modèle dans lequel les paysans n’ont souvent aucune responsabilité. Nous ne pourrons plus tenir très longtemps avec un tel niveau de complexité au niveau réglementaire et de la Pac ».