Gaec Lapray à Martigny-le-Comte
1.200 litres par chèvre et par an rien qu’à l’herbe !

Depuis de nombreuses années, Colette et Guy Lapray réalisent l’une des meilleures performances de production de lait de chèvre du département. Au coeur du Charollais, le Gaec parvient à se maintenir à 1.200 kg de lait produit par chèvre et par an, dans un système traditionnel strictement fromager et avec une alimentation 100% herbagère. Explications.
129964--foin_2.JPG
A Martigny-le-Comte, Colette et Guy Lapray ont un troupeau de 90 chèvres en plus de leurs 140 vaches charolaises qu’ils élèvent sur près de 200 hectares d’herbe. Cette exploitation charolaise ne comptait que six chèvres en 1988, mais depuis, l’atelier caprin n’a fait que s’agrandir, encouragé en cela par les crises successives dans la viande bovine, confient les éleveurs. La structure est composée aujourd’hui deux associés (Colette et Guy) aidés de deux salariés dont l’un à mi-temps. Tout le lait est transformé sur place en fromage. La majeure partie étant vendue en direct.
Le troupeau caprin de Colette et Guy Lapray est l’un des plus performants de Saône-et-Loire. La production moyenne par chèvre tourne en effet autour de 1.200 kg de lait depuis plusieurs années. Les chevrettes produisent 950 kg de lait par an en moyenne et les adultes 1.400 kg. Un niveau de production plutôt rare en Saône-et-Loire où la moyenne départementale n’est que de 630 kg et qui plus est dans un élevage fromager et non laitier.

Contrôle laitier depuis 2001



Ce niveau de performance résulte d’une conduite d’élevage particulièrement rigoureuse. Génétique, alimentation, pâturage, sanitaire… : Colette et Guy Lapray font attention à tout ! Et le résultat est spectaculaire.
Depuis leurs débuts en production caprine, la famille Lapray n’a jamais cessé de faire progresser leur atelier. Et pour mieux gérer cette progression, ils ont adhéré au contrôle laitier dès 2001. En douze ans de contrôle et de suivi par Saône-et-Loire Conseil élevage, le Gaec a vu sa production augmenter de + 25% ; son TB de + 28% (il est de 39) ; son TP de + 12% (il est à 33,7) et sa production fromagère de + 33%, détaille Frédéric Pacaud, le conseiller qui suit la ferme.

Accouplements raisonnés



La génétique constitue sans aucun doute l’armature fondatrice de ces résultats. Historiquement, les époux Lapray achetaient déjà de bons boucs dans de bons élevages. A partir de 1999, ils ont cessé d’acheter des reproducteurs à l’extérieur pour se lancer dans l’insémination artificielle. Colette et Guy ont commencé par inséminer leurs chèvres qui avaient le plus de lait, sans toutefois connaitre leurs taux, se souvient Guy. Depuis que les animaux sont contrôlés et indexés, les deux associés raisonnent leurs accouplements en connaissance de cause, tenant compte aussi bien des taux (TB, TP) que des index des pères et des mères. Adhérent à un organisme de sélection caprin (Capgènes), l’élevage a accès aux doses des meilleurs boucs de la race Alpine. Les inséminations concernent un tiers des femelles du cheptel. Les deux autres tiers sont saillis par des boucs « maison », issus de chèvres inséminées. La progression génétique passe aussi par un taux de renouvellement élevé avec une politique de réforme très stricte.

Pâturage tournant



Dotant son troupeau d’une génétique de haut niveau comme moteur, le Gaec Lapray tient à lui donner le meilleur des carburants en guise d’alimentation. Pour se faire, le couple sait profiter du bon potentiel des herbages de son exploitation de Martigny-le-Comte. Les chèvres sortent dès que c’est possible sur les prairies naturelles. Objectif : « valoriser au maximum l’herbe de pâturage ». Tournant sur trois ou quatre parcelles de 4 à 5 hectares, les chèvres en lactation ont « une herbe courte, qu’elles mangent à pleine gueule. Et dès que ça monte, on les change de parcelle, on fauche ou bien, on les fait raser par les bovins », explique Guy. Au démarrage des lactations, les chèvres reçoivent en plus de leur ration de base (composée de céréales et d’aliment du commerce), une complémentation azotée constituée de tourteau de soja et de luzerne déshydratée. Cette complémentation est rapidement arrêtée dès que les productrices vont au pré. La quantité de concentré s’abaisse ainsi de 300 à 230 g par litre de lait produit. « C’est 25 à 30% de moins que la moyenne des éleveurs de Saône-et-Loire. En conséquence, le coût alimentaire ramené aux 1.000 litre de lait produit est inférieur de 40% au groupe de référence », commente Frédéric Pacaud, le conseiller de Saône-et-Loire Conseil élevage. Une performance qui tient tant à la qualité de l’herbe fournie par les prairies de l’exploitation que par l’important volume de lait produit qui dilue les charges.

Du bon foin régulier



En hiver, les chèvres du Gaec Lapray sont nourries au foin. « On cherche à donner du bon foin, le plus régulier possible. Au printemps, les parcelles à foin sont déprimées et reçoivent un petit coup de lisier », confie Guy qui dit récolter un fourrage de qualité ne contenant pas trop d’épis. Pour compléter cette ration sèche, les chèvres reçoivent un peu de céréales, luzerne et tourteaux à l’auge ainsi que du concentré distribué lors des deux traites quotidiennes. Les râteliers à foin sont rechargés plusieurs fois dans la journée.

Equipements simples et fonctionnels



Les époux Lapray sont également très rigoureux sur le traitement du parasitisme. Les chèvres sont traitées au printemps avant les saillies et au tarissement. L’élevage fait également réaliser des « coproscopies » pour identifier les éventuels parasites intestinaux. « Avec de l’herbe de qualité, en déparasitant bien et en préparant bien à la mise bas, on fait du lait ! », résume Guy. L’élevage dispose en outre d’un bâtiment confortable, équipé de cornadis ainsi que d’une salle de traite autoconstruite pimpante. Bien équipés, les Lapray n’ont pourtant réalisé aucun gros investissement, adaptant eux-mêmes d’anciens bâtiments bovins pour parvenir à des équipements simples mais très fonctionnels. La complémentarité bovins caprins est aussi une source d’économie avec l’optimisation du matériel de fenaison.

Génétique
Une chèvre à 1.900 litres de lait par an !



Dans leur cheptel produisant une moyenne de 1.200 kg de lait par animal, Colette et Guy Lapray ont une chèvre qui, à sa onzième lactation en est à une production totale de plus de 15.000 litres de lait ! Cette productrice exceptionnelle a eu donné jusqu’à 1.900 litres de lait en une année !