Association laitière Jura Bresse
Un coin de Ciel bleu

Initié l’an passé par l’Association laitière Jura Bresse, le projet qui vise à créer un pôle laitier à Ciel pourrait, en cas d’évaluations positives, trouver une issue heureuse à l’horizon 2016. Retour sur la dernière assemblée générale de l'organisation de producteurs.
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En cette année 2015 synonyme de grands changements, l’assemblée générale de l’Association laitière Jura Bresse - qui se tenait à Pierre-de-Bresse le 2 avril - était forcément très attendue. Et notamment l’intervention du président Emmanuel Courvoisier qui a fait preuve de détermination et de conviction. Concernant le prix du lait et la gestion des volumes, « l’horizon semble encore brumeux à court terme. Le début d’année était presque trop beau pour nos exploitations avec des prix corrects, voire bons, et une production laitière qui s’améliorait avec l’arrivée de fromages de bonne qualité. Mais la baisse du prix du lait s’est accrue au fil des mois. Heureusement que les récoltes de cette année étaient bonnes en quantité et en quantité ». Parfaitement conscient que la filière laitière se trouve aujourd’hui dans un monde qui évolue très vite, il estime que « la centralisation et la création d’organisations de producteurs sont arrivées à point pour notre zone ». Regrettant le peu d’échanges avec Fromagers en Bourgogne, mais avec des positions simples à comprendre et à appliquer, il remarque qu’il en est tout autrement avec Danone. Les discussions sont certes plus nombreuses bien que marquées par trop peu d’avancées. « Sur notre zone, le producteur ne peut pas être continuellement et uniquement la variable d’ajustement ».

Aller de l’avant


Avec la fin des quotas laitiers, la volonté clairement affichée est d’être acteur de son développement. « Notre objectif est de produire et de stabiliser notre production à hauteur de notre référence laitière… Depuis la fin d’année 2014, nous avons demandé à Conseil Elevage de mettre en place leur nouvel outil de précision de collecte. Cet outil est fiable. Il nous permettra de prévoir la collecte dans les mois à venir avec un bon taux de précision. Il serait indispensable dans le cas où nous partirions sur une gestion collective des volumes… »
Bien évidemment, l’auditoire était en attente d’informations sur la démarche envisagée à Ciel. « Le projet de notre association qui consiste à assurer la collecte de la zone et à effectuer une pré-transfomation du lait est en cours d’évaluation. Deux cabinets d’étude ont été retenus. L’évaluation du projet est en cours aussi bien sur la phase utilisation des locaux, coût de la transformation que sur l’aspect débouchés. Ce travail de chiffrage et d’expertise avance rapidement ». Avec, d’ici fin juin, plus d’éléments à communiquer. « A court terme, ce projet nous apporterait surtout du travail supplémentaire. A long terme, il doit offrir des perspectives aux producteurs et aux transformateurs de notre région, apporter de la valeur ajoutée aux exploitations de notre territoire et permettre de prendre notre avenir en main ».
Mais si ce projet venait à tomber à l’eau, deux possibilités se présenteraient : il y aurait soit une reprise de la collecte par une organisation commerciale mais sans pré-transformation du lait, soit une adhésion à une association d’organisation de producteurs tournée vers l’Est ou le Centre-Est. « Je pense que notre filière a de l’avenir dans notre région à condition que nos partenaires transformateurs comprennent bien les enjeux de demain pour nos exploitations. Elle aura encore plus d’avenir si des hommes et des femmes s’impliquent à la faire évoluer et que les producteurs se fédèrent autour d’un projet ».

L’expérience de terrain de Henri Brichart


Ancien président de la FNPL, Henri Brichart était invité à témoigner de son expérience du terrain lors de cette matinée. « Le contexte a beaucoup changé. Nous sommes passés d’une politique de l’offre à une politique de la demande. Il y a également la problématique de la volatilité extrêmement forte des prix de vente et d’achat. Cela entraîne deux grands défis pour les producteurs. D’une part la gestion des aléas, seul sur son exploitation ou de manière collective. D’autre part, sans quotas, il y a un risque de devenir nos propres concurrents entre producteurs, ce qui serait destructeur ». Evoquant son vécu avec la société Nestlé et la complexité de la gestion des volumes, Henri Brichart a ensuite expliqué le pourquoi de la création d’une coopérative de collecte dans sa région. Tout en concluant que « rien ne peut se faire sans l’entreprise à qui on livre le lait ».