Gaec Corneloup Guichard Sabot à Chenay-le-Châtel
Tirer le meilleur profit de l’herbe

A Chenay-le-Châtel, le Gaec Corneloup Guichard Sabot exploite un cheptel de 240 charolaises en système naisseur-engraisseur avec vêlages d’automne. Dans ce système exigeant en nourriture, les associés jouent la carte de l’optimisation de l’herbe pour limiter les coûts. Croissance des veaux à l’herbe, pâturage tournant, ensilage sont quelques-unes des clés de cette gestion fine.
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Le Gaec Corneloup Guichard Sabot est aujourd’hui composé de Fabien Corneloup et de Bruno Sabot. L’histoire de ce Gaec remonte à 1995 lorsque René Corneloup s’est associé à Pascal Guichard, un autre agriculteur de Chenay-le-Châtel. En 2005, ils étaient rejoints par Bruno Sabot pour former un Gaec à trois associés non familial à la tête d’une exploitation en système naisseur-engraisseur de bovins charolais. La structure couvre aujourd’hui 478 hectares dont une centaine d’hectares de cultures, le tout dispersé autour de trois sites. Le cheptel charolais compte environ 240 mères dont la production est engraissée en totalité. Fin 2014, le Gaec était endeuillé par le décès de Pascal Guichard emporté par la maladie. Bruno et Fabien emploient désormais un salarié.
Depuis sa création, le Gaec engraisse tous les animaux qu’il fait naître, d’où une part importante de cultures sur l’exploitation : 85 hectares de céréales à paille, 25 à 30 ha de maïs ensilage et de la prairie temporaire. Les terres de limons sur argiles hydromorphes sont en grande partie drainées. Le Gaec retourne entre 25 et 30 hectares de prairies chaque année. La rotation type comporte deux céréales à paille, suivies d’un ou deux ans de prairie temporaire, précédant un maïs.

Contrôle de performances depuis dix ans


Depuis plus de dix ans, les associés soignent la génétique de leur troupeau. Les animaux sont suivis par Bovins croissance en contrôle de performances VA4 depuis 2005 et les génisses en suivi "post sevrage" depuis 2007. Depuis deux ans, le Gaec a même commencé à inscrire ses charolaises, pour « commercialiser quelques veaux en reproducteurs », signalent les associés.
Naisseurs-engraisseurs, ils voient le contrôle de performances avant tout comme un outil au service de la performance économique de leur atelier viande. « Nous l’utilisons notamment pour la voie femelle », confie Bruno. Pour le choix de leurs reproducteurs, ils privilégient « la croissance et les qualités maternelles ; les taureaux qui donnent des filles qui vêlent bien, font du lait et des mâles avec de la croissance », détaille l’éleveur. Des aptitudes génétiques que Bruno et Fabien vont chercher en épluchant les index et références techniques. Un mode d’achat raisonné qui dans leur système naisseur-engraisseur les déçoit rarement, confient-ils. La moitié de leurs femelles mises à la reproduction sont inséminées avec des taureaux testés (Gènes Diffusion). Les autres sont saillies en monte naturelle par des taureaux issus de stations d’évaluation (Jalogny ou Union Charolais Croissance). Chaque année, le Gaec fait établir un planning d’accouplement.

Vêlages d’automne


Les vêlages ont lieu en automne sur octobre, novembre, décembre. Pour Bruno et Fabien, cette précocité des naissances permet de mieux profiter de l’herbe au printemps. A la mise à l’herbe, les veaux les plus âgés ont déjà six mois pour un poids de près de 250 kg. Ces gros veaux profitent pleinement de l’herbe de printemps ainsi que de la bonne production de lait de leurs mères sans avoir besoin d’aucune complémentation au pré. Et si un coup de sec survient en été, les éleveurs réalisent un sevrage précoce. Les mâles sont alors rentrés immédiatement en vue de l’engraissement. Les femelles sont complémentées sur des prairies de repousse.
Cette mise à l’herbe se prépare toutefois en amont. S’ils ne reçoivent aucun aliment au pré, les veaux sont soignés au préalable en bâtiment avec un complément du commerce à 17 % de protéines. Ils le reçoivent à partir du 15 janvier jusqu’à la mise à l’herbe début avril. L’aliment inclut une cure "décox" contre la coccidiose, informent les éleveurs qui confient que leur enjeu durant l'hivernage est de « maitriser le sanitaire et l'alimentation des vaches afin de sortir des veaux en bonne santé. Des veaux frais et propres qui dès qu’ils tombent dans de la bonne herbe font du GMQ ! », résume Bruno. C’est une véritable préparation au pâturage qui ne se résume pas qu’à cela. « Cela commence par le fait d’assurer le vêlage, ce qui remonte même jusqu’au choix du père et de la mère ! Il y a aussi cet aspect prévention contre la crypto et la coccidiose (vaccination des vaches contre le collibacille, traitement de l’eau de source, désinfection des bâtiments, etc…). C’est toute une somme de facteurs. Il nous a fallu plusieurs années pour régler tout cela », confie Bruno.

Du GMQ rien qu’à l’herbe !


La méthode est efficace. Les données de pesées de Bovins croissance indiquent que le GMQ moyen des veaux du Gaec passe de 1.076 grammes par jour en bâtiment (de zéro à 4 mois) à 1.316 grammes par jour avec la mise au pré (de 4 à 7 mois), chiffres du printemps dernier. Pour Bruno, « ce gain de +250 g de GMQ correspond à l’effet herbe ». « C’est au pré que les veaux prennent le plus de croissance et c’est aussi là où ils nous coûtent le moins cher », ajoute l’éleveur, d’où l’intérêt aussi de bien les préparer à cette croissance à l’herbe et de faire vêler tôt.
Chaque année, le Gaec lâche ses animaux dans la première quinzaine d’avril. Ils sont conduits en pâturage tournant. Les vaches et les veaux sont répartis en quatre ilots. Chaque îlot est constitué de deux ou trois prairies à pâturer plus une prairie à enrubanner ou ensiler. Les lots entament la saison de pâturage sur deux ou trois parcelles. Ils disposent d’une quatrième parcelle une fois que l’ensilage ou l’enrubannage est récolté. « Notre souci, c’est de ne pas se faire déborder par la pousse de l’herbe. Nous faisons tourner les lots tous les huit jours. Nous faisons en sorte que les animaux aient à leur disposition uniquement de l’herbe non épiée », confient Bruno et Fabien.

Ensilage d’herbe clé du système


Dans ce système naisseur-engraisseur avec vêlage d’automne, l’ensilage d’herbe est la clé de l’alimentation du cheptel. Bruno et Fabien en récolte 70 hectares, dont 30 de prairie temporaire de ray gras et de trèfle ainsi que de la prairie permanente. Le fourrage est réparti dans deux silos. Réalisé vers le 15 mai, le chantier ne prend que deux journées pour un fourrage récolté début floraison à 35 % de matière sèche environ. Si la qualité « n’est pas exceptionnelle », reconnaissent-ils, cette récolte abondante et précoce est déterminante pour la sécurité fourragère du système, expliquent Bruno et Fabien. L’exploitation a beaucoup travaillé le chaulage de ses parcelles. Le pH des sols a ainsi pu être significativement remonté, « si bien que le trèfle tient bon », explique Fabien.
Ensilage d’herbe et enrubannage permettent de libérer les prairies de bonne heure et de pouvoir profiter d’une bonne repousse. D’autant que sur leurs terres lourdes, les associés craignent davantage l’humidité que la sécheresse. Les associés ont aussi l’avantage de récolter des aliments sur une période longue de six mois ; de l’ensilage d’herbe au maïs. Une diversité qui constitue un atout face aux aléas climatiques, mais aussi dans la ration de leurs animaux.

Passage à la ration mélangée


La saison passée, le Gaec s’est équipé d’une mélangeuse. Jusqu’au décès de Pascal, les trois associés se passaient de ce genre de machine, car la main-d’œuvre n’était pas limitante sur l’exploitation. Aujourd’hui, le recours à une ration mélangée permet d’espacer la distribution à trois jours. La simplification a été le déclencheur de cet investissement conséquent. Mais la mélangeuse induit également une optimisation des performances techniques de l’atelier. Elle répond bien à la diversité des aliments et fourrages récoltés sur la ferme. Au terme d’une première saison d’utilisation, Bruno et Fabien ne cachent pas que l’adaptation à cette nouvelle façon de travailler demande un peu de temps. Les associés constatent néanmoins qu’avec moins de main d’œuvre mobilisée, le niveau de performances a été maintenu. La mélangeuse leur permet d’incorporer plus facilement de la fibre (paille) dans les rations. C’est particulièrement intéressant dans une ration à base d’ensilage d’herbe. « Cela a permis un ralentissement du transit ayant pour effet un assèchement des bouses. Notre inséminatrice a constaté une diminution nette de la fréquence des hémoroïdes », signale Bruno.
Autre grand avantage de la mélangeuse, elle permet de peser tous les composants de la ration d’où une meilleure maitrise des coûts, signalent Bruno et Fabien.



Bovins croissance
Parmi les dix premiers au classement Sabot 2014


En 2014, le Gaec Corneloup Guichard Sabot faisait partie des vingt élevages dont les performances ont le plus progressé parmi les adhérents de Bovins croissance. Classé 9è du département au challenge des Sabots, l’élevage de Chenay-le-Châtel affichait un IVMat moyen de 102,4 ; un ISevr de 103,5 ; un IVV de 372 jours ; un poids âge type 210 jours de 287 kg et une productivité de 98 %. Des chiffres qui traduisent une bonne maitrise et une progression des postes génétique, conduite alimentaire et productivité.