Visite de François Hollande
« Un emplâtre sur une jambe de bois »
Des promesses
François Hollande, qui s'est exprimé devant une foule de journalistes nationaux, a reconnu que les prix actuels « ne permettaient pas la rémunération du travail accompli » : « Nous devons agir sur le sujet des prix dans toutes les productions. Les décisions qui ont été prises vont se traduire sur le terrain. Nous voulons que la grande distribution fasse cet effort indispensable pour pouvoir rémunérer les producteurs. Les abatteurs et les transformateurs devront eux aussi rendre des comptes. Sachez que le Gouvernement, les Ministres de l'Agriculture et de l'Économie sont mobilisés pour arriver à ce résultat ». Le Président a défendu les mesures d'urgence prises la veille en les qualifiant d'« indispensables » et en citant notamment les « nécessaires » allégements des charges et restructurations de la dette. « Je veux aussi que nous avancions sur l'approvisionnement local et la restauration collective » a t-il poursuivi, « encore deux tiers des approvisionnements dans les cantines ne viennent pas de France. Le Ministre a décidé que il y aurait des actions engagées, des révisions de clauses vont permettre cet approvisionnement français. Sur l'exportation, nous allons faire en sorte que plusieurs pays acheteurs puissent être directement sollicités, je pense à la Turquie, à la Grèce et aux pays du Maghreb où plusieurs de nos Ministres sont aujourd'hui. Moi-même j'irai prochainement en Chine soutenir notre production laitière. A la rentrée, des négociations seront engagées pour améliorer la compétitivité de nos exploitations, en allégeant notamment les contraintes administratives devenues beaucoup trop lourdes et même insupportables ».
Il y a urgence
Pour Fabrice Faivre, la crise est « forte, économique et morale » : « les éleveurs se sentent stigmatisés, cela devient inacceptable. Il y a vraiment urgence d'agir. En terme de compétitivité, nous avons un certain nombre de boulets au pied par rapport à nos concurrents européens et mondiaux. L'agriculteur français rend pourtant beaucoup de services à la nation, celle-ci va devoir privilégier un peu plus son savoir-faire en arrêtant la politique du moins cher. Effectivement, les deux tiers de la viande en restauration collective viennent aujourd'hui de l'étranger, c'est tout simplement inacceptable ». Toujours selon le président de la FDSEA, le gouvernement « doit passer aux actes sans plus tarder » : « les Pouvoirs Publics doivent se bouger et prendre des engagements forts sur les prix, qu'ils fassent respecter l'accord du 17 juin pour que les éleveurs puissent vivre dignement de leurs produits ».
Rencontre avec un JA
Arnaud Parfait, agriculteur à Viévy dans le canton d'Arnay-le-Duc, participait à cette réunion via son titre de vice-président des JA21. L'éleveur charolais s'est lui-même adressé au chef de l'État, en lui faisant remarquer qu'un litre de lait coûtait aujourd'hui 29 centimes d'euro, soit moins qu'une cigarette à 37 centimes. « Je lui ai également dit que le prix de deux kilogrammes de viande était le même qu'un paquet de cigarettes... François Hollande avait l'air surpris par ces exemples qui nous interrogent tous et nous donnent une idée de la tournure inquiétante des évènements... » commente Arnaud Parfait, qui a présenté son propre parcours au Président : « je me suis installé il y a neuf ans, mon projet était viable avec 150 vaches tout en prenant en compte le travail de mon père sur l'exploitation. Aujourd'hui, il nous faut plus de 200 vaches pour pouvoir en dire autant et encore, ce n'est pas la folie des grandeurs, loin de là... Ces conditions de travail se font au détriment de la vie de famille. La retraite, mon père n'y pense plus pour le moment. Nous sommes face à un mur. Nous sentons l'agriculture délaissée, sa dynamique serait pourtant une bonne source de croissance pour l'État, si celui-ci y croyait fermement ».
La contractualisation, oui mais...
Nathalie Mairet, administratrice FNPL, participait elle aussi à l'entretien avec le Président. La Côte d'orienne a rebondi sur les propos de François Hollande qui faisait la part belle à la contractualisation : « Vous dites que c'est une solution, mais sachez que certains contrats ne sont pas respectés. Il faut légiférer pour que les négociations commerciales entre producteurs et transformateurs soient équilibrées. Nous ne pouvons plus rester dans cette situation qui est un vrai diktat ».