Bineuse à doigts Kress
Un outil, efficace et simple à utiliser !

Publié par Cédric Michelin
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Installé en 1991, Stéphane Martin est associé avec son frère, Richard, sur le domaine familial de 25 ha à Davayé. Le domaine de la Croix Senaillet est labélisé agriculture biologique (AB) depuis 2010. L’arrêt des traitements chimiques « de synthèse » a débuté en 2003. L'occasion donc de tester d'autres techniques...
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La conversion s’est poursuivie ensuite jusqu'à avoir la totalité de la production en label AB pour le millésime 2010. « Nous sommes partis du constat que, dans une parcelle, il y avait beaucoup de dégât d’érosion avec le glyphosate. C’était le début et il était mal maîtrisé. Nous avons donc fait un essai de labour en 2003, année de sécheresse, et ces vignes ont produit plus de vin ! », se souvient Stéphane. Un essai qui lance le domaine dans cette voie. Plus de dix ans après, un choix qu’ils assument toujours. « Nous pensons maintenant que c’est presque plus facile d’être en lutte biologique qu’en conventionnel, même s’il y a toujours des contraintes climatiques ». Le Domaine a fait le choix de ne pas laisser enherber ses vignes, qui ont un écartement d’1,2 m en moyenne (1 m à 1,3 m).

Ni trop humide, ni trop sec



Pour l’entretien du sol, Stéphane et Richard utilisent donc au printemps des interceps hydrauliques classiques, et des griffes Boisselet « pour ameublir » leurs sols mais « qui mettent un peu de terre sous les pieds ». Après le « tassement naturel », ils passent des lames sarcleuses interceps Belhomme. « Pour finir et niveler », ils ont alors essayé la bineuse à doigts Kress® pour la première fois l’été dernier, sur tous les rangs. « Nous avons investi dans une paire, soit environ 1.000 € selon le concessionnaire, pour voir », précise Stéphane avant de reprendre : « Nous l’avons passée deux fois partout, avant vendanges, l’été n’étant pas propice car trop pluvieux ». Les résultats sont satisfaisants et les deux frères choisissent d’investir cet automne dans une seconde paire de doigts Kress.
« Il faut que le sol soit plat mais surtout qu’il soit souple ». En effet, le passage des doigts Kress est à positionner idéalement au stade plantule des adventices à arracher. En ce 23 juillet, après une période de sécheresse caniculaire, « il ne faut rien faire. Surtout pas de poussière. Il fait trop chaud et cela grillerait tout », met-il en garde.

Pas la même efficacité tout le temps



« Dans les jeunes plantations, les doigts s’effacent très facilement et passent à côté de la greffe », explique Stéphane qui a entretenu ainsi une jeune vigne de trois ans. Car c’est un matériel issu de la grande culture et du maraichage, puis adapté à la viticulture. Son principe : les doigts pénètrent dans le sol et arrachent les adventices grâce à un mouvement de rotation. Il existe différents diamètres et différentes duretés des doigts caoutchouc afin de s’adapter au mieux aux types de sol.
Les réglages de l’outil consistent à faire passer l’outil au plus près des pieds : les doigts doivent épouser la base du pied. « En revanche, avec les gros pieds, les étoiles ont du mal à rentrer dedans donc il faut écarter les doigts », conseille Stéphane. En règle générale, cet outil doit travailler avec une inclinaison de 15°; dans cette configuration, la largeur de travail est de l’ordre de 20 cm. La profondeur de travail est de 3 à 4 cm. « Je n’ai jamais casser de doigts même dans les cailloux. Ils sont souples et étonnamment résistants », remarque-t-il.
La bineuse à doigts doit être utilisée de préférence sur des adventices peu développés et sur des sols déjà travaillés au préalable.

Attendre pour voir le résultat



Avec ce matériel, il faut rouler assez vite (4 – 5 km/h), si on veut une bonne efficacité. Equipé pour faire deux rangs à la fois, Stéphane estime son débit de chantier de l’ordre de 2 h à 2 h 30 pour faire un hectare. « Ce qui limite, c’est le fait de devoir rouler droit. Ce qui est compliqué », reconnaît-il. Mais, cela reste un outil très simple à s’approprier. Reste qu’il ne faut pas être impatient : « on ne voit pas l’efficacité tout de suite, car on déplace l’herbe. Il faut donc savoir attendre un peu pour voir le résultat ». Pour travailler en conditions optimales, il faut travailler au stade plantule, et que la terre soit meuble. La présence de gros cailloux peut être ennuyeuse.
Dans les sols limoneux juste secs, « ça va vraiment bien ». « Chez nous, on commence par les argiles et on finit par les limons ». Il existe plusieurs longueurs et plusieurs matériaux pour les doigts. « Je pense que ceux que j’ai sont à peine assez longs, ils ne se recoupent pas suffisamment ». Stéphane et Richard ayant visé le moindre encombrement sur l’enjambeur pour passer dans leurs vignes étroites. Pour le réglage, les doigts doivent se toucher. « Les dents ont tendance à buter. Il faut jouer sur leurs inclinaisons. Plus, elles sont à plat, plus elles ont tendance à tout arracher. Normal, c’est mécanique. Si on sert trop, on casse les pieds aussi », nuance-t-il. Par contre, il n’y a pas d’entretien à faire. Le couplage avec le rognage est possible, mais ces travaux ne tombent pas forcément en même temps !
Il pourrait aussi être couplé avec une tondeuse, mais c’est assez volumineux, il faut donc avoir assez de place sur le porte-outil. Cette année, Stéphane et Richard patientent. « On fera un passage avant les vendanges. Si il pleut, on laissera », car « si on les sort avec de l’humidité, cela bourre en dessous », conclut Stéphane.