50e Vente aux enchères de Charolles
Anniversaire morose

Cette année, la vente aux enchères de Charolles marquait le cinquantième anniversaire de l’association des éleveurs d’Entre Saône et Loire. Une fête gâchée par un contexte particulièrement déprimant, peu favorable aux investissements en matière de génétique.
130882--SCEA_girard.JPG
Apparu 19 jours avant la vente, le nouvel épisode de FCO a bien failli compromettre la célèbre vente de Charolles. Alors que la commune se retrouvait dans le périmètre de protection, la venue d’un certain nombre d’exposants extérieurs était compromise. In fine, six absents ont bel et bien été recensés mercredi dernier. Mais du fait de l’extension de la zone de protection et aussi de la venue de trois veaux privés d’une vente nationale annulée, 64 animaux ont tout de même été proposés aux enchères, soit sensiblement le même effectif qu’en année normale.
Cette présence n’a toutefois pas permis d’enrayer la morosité commerciale : 29 reproducteurs ont trouvé preneurs à un prix moyen de 3.566 €. Seuls les veaux de moins d’un an ont été misés. En revanche, aucun des huit taureaux de 18 mois n’a fait l’objet d’enchères. Jugés pourtant « bons » par les connaisseurs, certains auraient cependant été achetés à l’amiable à l’issue de la vente.

Tarifs en berne


Si plus de la moitié des veaux ont été vendus, les tarifs ont pâti de l’ambiance générale. Les éleveurs s’y attendaient : la mobilisation de l’été passé dénonçant de graves problèmes de trésorerie, une nouvelle Pac angoissante et cet énième coup dur de résurgence de FCO… 21 des 29 sujets adjugés n’ont pas dépassé 3.800 € et, parmi eux, une douzaine ont été vendus à la mise à prix de 2.600 €.
A ces tarifs-là, certains acheteurs ont fait de véritables affaires, car on avait là des veaux d’élites, les meilleurs reproducteurs de l’année sélectionnés dans les meilleurs élevages, des descendants de souches prestigieuses, fils de champions aux ascendances bien notées et qualifiées pour beaucoup d’entre eux…

Huit veaux à plus de 4.000 €


Huit veaux ont dépassé 4.000 € avec un record de prix à 7.500 €, sans commune mesure avec les 45.000 € atteints en 2014. C’est Jean-Baptiste Girard de Saint-Gervais-sur-Couches qui a eu l’honneur de réaliser la meilleure vente avec Laurel. L’acquéreur est Roger Batho de la Nièvre. Autre joli veau adjugé 6.400 € : Lempereur, né au Gaec Berland de Viry. C’est l’association Charolais Evaluation qui s’en est portée acquéreur. « Un animal bien équilibré dans sa morphologie avec une bonne indexation (grand-père maternel Jumper) et un père plusieurs fois premier à Charolles et à Gueugnon », détaillait l’un des acheteurs. Parmi les autres bonnes ventes, on peut citer Les Apports, un veau de l’élevage Berthier de Marizy vendu 5.500 € à deux éleveurs de la Nièvre ; Lindberg, né chez Jean-François Baudot à Marizy, vendu, quant à lui, à 5.300 € à Maxime Labonde de Brion et Alain Coureault de Dracy-Saint-Loup.

50 ans ont passé…


En dépit du contexte sanitaire, huit départements étaient représentés parmi les acheteurs dont la Vendée, l’Indre, l’Isère ou les Charentes-Maritimes…
Cette année, la vente de Charolles aura été la seule des grandes ventes à ne pas avoir été annulée. Le seul évènement national charolais à avoir pu être maintenu depuis le concours national adulte du Mans.
Au terme des enchères, les organisateurs confiaient qu’au regard du nombre d’animaux vendus et des prix, le millésime 2015 se rapprochait des années sombres de 2008, 2009 ou 2010. Une déception surtout pour un cinquantième anniversaire. C’est en compagnie du président d’honneur et fondateur de l’association, Paul Pacaud, que l’actuel président Bernard Dargaud a rappelé la date de la création de la structure en 1965. « Ils étaient alors quarante éleveurs de Saône-et-Loire, tous passionnés, avec le but d’assurer la promotion et la commercialisation de reproducteurs charolais certifiés. Cinquante ans plus tard, l’association est toujours là avec 80 adhérents, dont quelques-uns des départements limitrophes », signalait Bernard Dargaud. « Au fil des années, grâce au travail bénévole des adhérents, la vente de Charolles s’est forgée une grande notoriété », se félicitait le président. Une renommée qui, en dépit des aléas du monde de l’élevage, est restée intacte. Cela tout en conservant le côté convivial d’une vente à la criée. Pas d’enchères électroniques, mais des inscriptions et la publication en ligne des résultats de vente sur le site www.charolais 71.