Vendanges 2016
Le préfet reconnaît le « mal français »

Publié par Cédric Michelin
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Ce 21 septembre à Azé, le préfet de Saône-et-Loire, Gilbert Payet, est venu prendre le pouls des vendanges. Les vignerons en ont profité pour lui expliquer les tracasseries administratives qui s’amplifient, surtout avec le recours à de la main-d’œuvre ponctuelle. Le préfet a alors dénoncé le « vrai mal français » qui se cache dans la complexité administrative et réglementaire. Un discours franc qui, à défaut de régler le problème, montre qu'une certaine prise de conscience s’opère et doit maintenant se traduire au plus vite en véritable "choc de simplification".
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« Dans notre pays, pour simplifier, on rajoute des couches. Le vrai mal français est lié à ce pseudo esprit cartésien - dans les administrations comme chez les parlementaires - qui pense régler les problèmes avec des lois et des circulaires sur tout. Ce qui nous cause des problèmes pour leurs mises en œuvre ». Le message était clair de la part du préfet lequel venait d'entendre les doléances des vignerons qui dénonçaient la « complexité » du système. « Pendant les vendanges à la main de crémant, on passe nos journées à chercher des salariés et à gérer la paperasse », déplorait Eric Palthey, président des Vignerons indépendants de Saône-et-Loire. La Bourgogne emploi 35.000 vendangeurs chaque année à cette période. Aussi, les conseillers départementaux, Catherine Fargeot et André Peulet, tous deux présents à l'occasion de cette visite, rappelaient-ils que la viticulture reste la première activité économique et touristique de leur territoire.
Co-président de l’Union viticole de Saône-et-Loire, Marc Sangoy allait plus loin au sujet de cette « complexité administrative » (complémentaire Santé, Tesa…) qui freine les producteurs français : « le sur-amortissement à 140 % est une usine à gaz. Les caves coopératives n’ont pas droit non plus au CICE, soit une perte de 1,4 milliards d’€ » pour des entreprises qui ne peuvent pourtant pas être délocalisées. A la question du préfet sur l’export, Dany Grandjean, le président de la cave d’Azé, avait pourtant rappelé les besoins pour développer les ventes bouteilles (avec AVB) pour ramener la part Négoce à 50 %.

Pour une fiscalité plus adaptée


En ce mois de septembre, les vignerons ont d’autres soucis - qu’ils ne peuvent pas ou plus maîtriser - pour tout simplement produire. Co-président de l’Union viticole, Christophe Brenot alertait le représentant de l'Etat sur les conséquences des aléas climatiques à répétition de l’année (gel, grêle, excès d'humidité...) et sur la pression cryptogamique (mildiou, oïdium). Des démarches (TFNB, calamités, MSA, assurance…) ont été faites pour abaisser les charges. La CAVB entend également étendre l’an prochain le dispositif de générateurs à iodure d’argent "anti-grêle" à toute la Bourgogne, Mâconnais et peut être une partie du Beaujolais, annonçait Jérôme Chevalier, président de l’Union des vins Mâcon (UPVM). De quoi relancer enfin les débats sur les outils de gestion des risques et d’une fiscalité « adaptée ».

Explosion de l’Esca ?


Mais plus que la grêle, tous redoutent « l’explosion » actuelle de l’Esca et de Flavescence dorée en cette fin de campagne. A sujet, le préfet « reste pour l’instant sur un constat de régression de la maladie », mais précisait qu'il n'hésiterait pas « à revenir aux traitements lourds » si des foyers positifs importants ressortaient des analyses en cours. Un autre message qui, s’il ne fait pas plaisir à la profession qui fait des efforts pour combattre la maladie et réduire les traitements phytosanitaires, va dans son sens. Le président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Bernard Lacour n’a de cesse de en effet de « demander le soutien de l’Etat pour communiquer sur la valeur Travail et sur l’acte de production ». Après les vendanges, l’Union viticole compte reprendre son « bâton de pèlerin » pour expliquer la charte des bonnes pratiques viticoles, signée en début d’été, auprès des collectifs, des maires, des élus et des citoyens.