Abattage et distribution de volailles
Carrefour, bon prince avec Mairet

Publié par Cédric Michelin
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Le 20 mai, les hypermarchés Carrefour de Chalon nord et sud ainsi que celui de Crèches ont mis en avant un de leur fournisseur local : la société Mairet. Après la visite de l’abattoir de Simard, celle de l’élevage de volaille de Bresse de Thierry Jallet à Sens-sur-Seille ponctuait la volonté mutuelle de promouvoir et commercialiser des produits de qualité du terroir.
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Fondée en 1948 et rachetée par le groupe LDC en 2008, la société Mairet se positionne toujours sur un « petit créneau » « rentable » de l’aveu même de son directeur, Jean-Vincent Mathieu. « On fait de la découpe sur table et on travaille encore à la commande. Un préparateur va faire un client, qui peut imposer un conditionnement. Les colis sont personnalisés », précise-t-il, pour se différencier de l'abattage industrielle. Pas étonnant dès lors de voir 68 salariés sur le site de Simard. En 2013, Mairet a livré 3.382 t (vif) de volailles, pour un chiffre d’affaires d’environ 15 millions d’€. Carrefour ne représente “que” 3,5 % de son CA. 65 % de ses débouchés restent donc les boucheries traditionnelles ou leurs grossistes dans la région. 20 % pour les distributeurs de régions éloignés. 5 % pour les restaurants et pareil pour la vente directe, soit au magasin d’usine, soit sur deux marchés (Beaune et Nuits).

Leader en volailles de Bresse



Pour approvisionner Mairet, environ 50 éleveurs de volailles de Bresse et 200 pour l’IGP Bourgogne sont nécessaires. Une dizaine pour “son” poulet des amis, répondant à un cahier des charges maison (2,4 kg à 65 j ; formulation alimentation spécifique par Sirugue…). La traçabilité est présente à chaque opération. Ce qui n’est pas rien pour 3.600 poulets de Bresse, 4.500 poulets des amis, 4.400 coquelets, 1.000 poules, 2.500 pintades fermières de Bourgogne, 7.200 poulets fermiers noirs de Bourgogne… Mairet est d’ailleurs le principal opérateur en matière de volailles de Bresse, avec 25-30 % du marché total. Thierry Jallet et son fils livrent d’ailleurs l’intégralité de leur production de volailles de Bresse (30.000/an) à Mairet.

Compenser l’arrêt des boucheries



« On maintient notre place mais la population des bouchers traditionnels se réduit. Nous maîtrisons notre développement et on ne voulions pas prendre de marchés si on ne pouvait pas assurer après. On en a sous le pied d’où le développement depuis quatre mois avec les Carrefours Market qui reprennent le concept des magasins de proximité », explique le directeur. Côté de la grande distribution, avec l'émergence des locavores, Carrefour multiplie les partenariats locaux « afin de contribuer au développement du tissu local ». Philippe Gaudillat, responsable alimentaire à Carrefour Chalon nord ajoute : « cela permet de fidéliser nos clients puisqu'on répond à leurs deux principales attentes : de la qualité et de la proximité ».
La stratégie de Carrefour n’est pas fonction du type de magasin. Les hypers ne visent pas la même clientèle que les supers. Directeur du Carrefour Chalon sud, Carlos Alves constate également des comportements différents dans son magasin de 12.950 m2 (291 salariés, + 100 fournisseurs locaux) : « en rayon, les clients vont pour le prix. Au rayon “traditionnel”, les clients vont pour la qualité et l’achat plaisir plus haut de gamme ». Le responsable du rayon “traiteur” à Carrefour Crèches fait le même constat : « nous réalisons 37 % de notre CA en “trad” contre 17 % en moyenne nationale (et 83 % en libre service, NDLR) ».
Sylvain Massa, directeur commercial de Mairet, qualifie donc le partenariat avec Carrefour de « relation logique ». Carrefour est son unique partenaire dans la grande distribution.




Label rouge pour le Prince de Bourgogne



« Il y a une demande ferme de clients en volailles de Bresse mais elle n’augmente pas non plus de + 5 % tous les ans. Au départ destiné aux rôtisseries, nous remettons sur le marché un poulet de 94 jours qui vient d’obtenir en février le label rouge par l’Inao. Produit uniquement en Bourgogne, le Prince de Bourgogne est une démarche propre à Mairet, porté par le Syndicat des volailles de Bourgogne, et sortira en septembre. Il sera certainement présent dans les rayons Carrefour. Son positionnement se veut entre le Bresse et le poulet noir fermier avec sa chair charnue. Le prix de reprise n’est pas encore fixé. Probablement 15 à 20 % au dessus du noir de Bourgogne pour se retrouver à moins de 10 € au consommateur. Pour l’heure, l’objectif de Mairet est de 2.000 princes par semaine et 4.000 à terme. Une aide de 20 €/m2 est prévue pour installer des éleveurs intéressés », annonçait Jean-Vincent Mathieu.