Production de volailles
Nouvelles règles de biosécurité

Publié par Cédric Michelin
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Le ministère de l’Agriculture a édicté de nouvelles règles de biosécurité pour l’élevage de volailles. Parmi les principales : la conduite en bande unique, la présence de sas sanitaires, de zones bétonnées de désinfection, d’abris désinfectables. Des guides doivent préciser ultérieurement la mise en œuvre de ces principes dans chaque système de production. Les mesures toucheront essentiellement la filière avicole du Sud-Ouest.
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Le ministère de l’Agriculture a publié, par un arrêté le 10 février, les nouvelles règles de biosécurité qui s’appliqueront, à partir du 1er juillet, à tous les élevages de volailles. Tous les professionnels font le même constat : les filières avicoles du Sud-Ouest n’ont pas réussi à endiguer efficacement le développement de la grippe aviaire, apparue en novembre. L’arrêté fixe donc les grands principes qui doivent à l’avenir permettre à la région de mieux gérer la prochaine survenue d’un virus de grippe aviaire hautement pathogène ; les principales mesures sont les suivantes : les éleveurs devront conduire autant que possible leurs volailles en « bandes uniques par unité de production », c’est-à-dire, une conduite par lots d’animaux homogènes en âge, introduits au même moment dans l’unité de production ; ils devront aussi disposer d’un sas sanitaire à l’entrée de chaque « unité de production » et d’une zone bétonnée dans chaque exploitation, sur laquelle les véhicules (tracteurs, camions d’équarrissage…) pourront être nettoyés. Après chaque bande, le ministère souhaite que les éleveurs procèdent au nettoyage des bâtiments, suivi d’une désinfection et d’un vide sanitaire. Les abris des animaux doivent pouvoir être nettoyés et désinfectés. La plupart de ces mesures sont déjà respectées dans de nombreuses filières, au travers de guides privés. Elles toucheront principalement la filière foie gras.

Des guides de mise en œuvre à paraître



Cet arrêté ne présente toutefois que de grands principes de fonctionnement, dont l’application sera précisée ultérieurement. Cette application pourrait conduire à des assouplissements. Le premier exemple d'entre eux annoncé par les professionnels concerne la bande unique : les exploitations, qui réalisent l’ensemble de la production (des cannetons au gavage) pourraient échapper à cette règle, afin de leur permettre de continuer à écouler régulièrement leur production, comme c’est souvent le cas dans les circuits de vente directe. « Il y aura quand même des contraintes de biosécurité, et nous travaillerons avec eux à la façon de les appliquer », assure Anne Richard. Des guides, qui entreront dans le détail des pratiques d’élevage pour chaque filière, seront publiés prochainement et reconnus par une note d’instruction ministérielle à paraître. « L’objectif est de mettre en place des pratiques de biosécurité adaptées à chaque système », explique la directrice de l’Itavi (Institut technique de l’aviculture) Anne Richard. Réagissant à la parution de l’arrêté, le Modef estime, dans un communiqué le 10 février, que sa mobilisation « a payé », et que « le gouvernement prend aujourd’hui mieux en compte la diversité de la filière palmipèdes à foie gras ». Environ 500 personnes avaient manifesté le 20 janvier à l’appel du Modef pour demander un assouplissement des futures règles de biosécurité. Le Modef est notamment satisfait des mesures prises en matière de gestion des effluents (épandage autorisé à condition d’être enfoui), mais aussi du traitement spécial qui sera, selon le syndicat, accordé aux « éleveurs-gaveurs » concernant la conduite en bande unique.

Une région qui cumule les risques



La publication de ces nouvelles règles doit permettre aux filières avicoles du Sud-Ouest de ne plus connaître la crise qu’elles sont en train de traverser : il faut dire que cette région cumule les risques en termes de biosécurité ; d’abord parce que les mouvements d’animaux sont plus nombreux dans la filière foie gras que dans toute autre filière avicole : alors que dans la production de poulets les mouvements se limitent à l’entrée de poussins et la sortie de poulets, la production de canards gras se subdivise en trois ateliers (cannetonnière, atelier de canards prêts à gaver et gavage), parfois situés sur différentes exploitations, qui multiplient les mouvements de camions, d’animaux ou d’individus tout au long de l’élevage. En plus de cette difficulté, les exploitations du Sud-Ouest comptent souvent en leur sein plusieurs ateliers avicoles (canard gras et poulet plein air), contrairement aux exploitations de l’Ouest (uniquement poulet plein air). « Jusqu’ici, il n’y avait pas dans le Sud-Ouest une conscience de ce risque, qui est plus élevé qu’ailleurs, compte tenu de la quantité de mouvements, résume Anne Richard, directrice de l’institut technique de l’aviculture. Cette conscience n’existait pas, tout simplement parce qu’il n’y en avait pas eu besoin, jusqu’à l’arrivée de virus. Il faut donc se mettre en position d’être prêt à la prochaine alerte, afin que seule l’exploitation où un virus hautement pathogène apparaîtrait soit touchée ».


Grippe aviaire : publication du plan d’éradication



Le ministère de l’

Agriculture a publié, le 10 février au JO, un arrêté détaillant le plan d’éradication de la grippe aviaire, dans la zone de restriction qui s’étend sur quinze départements du Sud-Ouest. L’introduction de tout palmipède dans la zone est interdite du 18 avril au 16 mai. Les parcours de palmipèdes devront être maintenus vides pendant la période allant du 18 avril au 16 mai, durant laquelle les sols chaulés ou retournés au moins une fois. Les bâtiments devront être nettoyés, désinfectés, et maintenus vides pendant au moins 21 jours. Du 18 avril au 16 mai, les exploitations non commerciales devront confiner les animaux. La zone de restriction sera levée à l’issue d’un programme de dépistage national qui débutera le 2 mai.