Mérite agricole
Fernand Langillier, chevalier

Le 1er août dernier à Montmort, la sous-préfète d’Autun Carole Dabrigeon et le sénateur Jean-Paul Emorine remettaient la médaille de chevalier de l’ordre du Mérite agricole à Fernand Langillier. Une fois n’est pas coutume, ce ne sont pas des responsabilités extérieures ou un engagement professionnel très en vue que l’on mettait à l’honneur. Au contraire, c’est l’essence même du métier d’éleveur qui était distinguée en ce jour : le travail sans relâche, le goût de l’ouvrage bien fait, la rigueur poussée à son paroxysme, la transmission d’un patrimoine : des valeurs simples et fondatrices du monde paysan.
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En maître de cérémonie, le maire du village Bernard Dufraigne donnait tout de suite le ton de cette cérémonie par ses mots chaleureux et bienveillants. Une remise de médaille dont le maire de Montmort est un peu à l’origine, lui qui cousin de Fernand (ils ont un grand-père commun), connait mieux que personne le parcours de la famille Langillier. C’est justement à Montmort que Fernand a vu le jour en 1933. Les onze premières années de sa vie, il les a passées dans la commune, à la ferme de Chevannes. C’est là que « commence très tôt votre vie d’éleveur. Avec papa, vous êtes très polissons. Mais vos jeux sont sérieux. Vous fabriquez des petites vaches en bois. Elles ont toutes un nom. Vous triez les bonnes ; vous faites des lots ; vous les changez de pré… », raconte émue sa nièce Valérie. En 1944, la famille Langillier quitte Montmort pour Dettey. En 1947, Fernand obtient son certificat d’étude avant de suivre une formation agricole par correspondance. En 1958, il se marie avec Yvette Alexandre et il rejoint ses parents et ses frères désormais installés à Charmoy. C’est en 1963 que Fernand et son épouse s’installent à Saint-Bérain-sous-Sanvignes. « Avec son frère Rémy, ils ont été la véritable rampe de lancement de l’aventure de l’élevage Langillier », résume Bernard Dufraigne. « Après des débuts aux concours cantonaux de Saint-Pierre-de-Varennes et Montceau, ils ont exposé pour la première fois au concours de Charolles en 1960 et y ont remporté un deuxième prix d’honneur ainsi qu’un deuxième prix d’ensemble. Depuis, l’aventure ne s’est jamais arrêtée », rapporte le maire de Montmort, lequel s’est plongé dans les archives des sociétés d’agriculture de Charolles, Gueugnon et Moulins. En un demi-siècle, Fernand et ses enfants ont remporté d’innombrables récompenses. Un palmarès impressionnant que Fernand, Rémy et les leurs n’ont pas obtenu « pour faire mieux que les autres ou pour se mettre en avant », fait remarquer Valérie. Cette réussite est avant tout le fruit « d’un travail acharné, toujours pour progresser et améliorer votre cheptel ». Elle est aussi le fruit d’un indiscutable don d’éleveur. « Une connaissance innée des animaux qui se transmet de génération en génération », commente encore Valérie. Une transmission que Fernand et Rémy ont su magnifiquement perpétuer. Quatre de leurs petits fils sont en effet dans l’élevage charolais aujourd’hui.
« Dans une société française toujours un peu machiste, c’est toujours l’homme qui reçoit la médaille ». Par cette réflexion malicieuse, Bernard Dufraigne rendait hommage à Yvette, l’épouse de Fernand, sans qui « rien n’aurait été possible, pas même cette cérémonie », assurait-il.
A travers Fernand et en présence de toute la famille Langillier, c’est aussi son regretté frère Rémy, disparu au printemps dernier, qui était à l’honneur en ce jour chargé d’émotion.