Marchés des vins de Bourgogne
Une belle année 2016

Publié par Cédric Michelin
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Comme attendu, la récolte 2016 a enregistré une baisse de volume de 15 % par rapport à la moyenne des cinq derniers millésimes. Toutefois, sur le long terme, le volume global de vins de Bourgogne mis en marché reste relativement stable, en baisse de seulement 1 % (période 2007-2016 par rapport à 1997-2006), analyse le BIVB dans sa dernière note économique.
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Sur le court terme, 2016 impactera le marché amont, avec un volume de transactions (-14 % sur 8 mois) et de sorties de propriétés (-11 % sur 6 mois) en baisse sur les premiers mois de la campagne 2016-2017. Evidemment, les appellations sont touchées de façon très contrastée.
Sur le marché aval, la récolte 2015, de grande qualité et avec des volumes plus importants, a permis aux vins de Bourgogne de gagner des parts de marché à l’export, en particulier aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, avec un nouveau record du chiffre d’affaires à 813,2 millions d’€ (+4,5 % par rapport à 2015). Même constat sur les circuits de distribution français.
Malgré ces résultats encourageants, la Bourgogne reste prudente. Elle se préoccupe de sa capacité de production, tout autant que des changements structurels et conjoncturels de deux de ses principaux marchés (Etats-Unis et Grande-Bretagne). En effet, les surfaces de vignes continuent d’augmenter, mais en raison des maladies de dépérissement et des aléas climatiques, les volumes produits ne suivent pas le même rythme de progression. Rajouter à cela, les incertitudes sur les conséquences du Brexit et le protectionnisme promis par le président Trump, entre autres faits géopolitiques, pourraient vite modifier l’équilibre des marchés des vins de Bourgogne…

Un marché régional ralenti


Alors quelles sont jusqu’à présent les grandes tendances pour cette campagne 2016-2017 ?
La dernière campagne (août 2015 à juillet 2016) avait été marquée par une croissance des sorties de propriété en vins blancs de Bourgogne (+3,4 % par rapport à la campagne 2014-2015). Avec le préambule de la moindre récolte, le BIVB note une baisse générale même si elle ne concerne pas toutes les appellations.
La récolte 2016 se situe autour de 1,22 million d’hectolitres (-18,5 % par rapport à la récolte 2015), mais toutes les appellations et régions viticoles de Bourgogne n’ont pas été impactées de la même manière. Certains secteurs s’en sortent bien. C’est le cas des appellations régionales du Mâconnais qui affichent +3,5 % de volume en plus par rapport à 2015. Pour rappel, dorénavant, ces dernières représentent 35 % des vins blancs de Bourgogne, en prenant en compte le recul des volumes du Chablisien. Les appellations villages de la Côte chalonnaise sont aussi en hausse de +10 % en rouges et de +2,3 % en blancs. Quant aux crémants de Bourgogne, ils continuent également leur marche en avant (+1,3 % par rapport à 2015).

Une Côte-d’Or rare et fragile


D’autres vignobles ont souffert, avec des variations importantes d’une appellation à l’autre. Quelques appellations de Côte de Beaune et de Côte de Nuits, comme les vins de Chablis donc, ont néanmoins pu atténuer en partie les pertes du millésime 2016 grâce à leur VCI (Volume complémentaire individuel).
Les sorties de propriété pour les six premiers mois (campagne 2016-2017) et les volumes de transactions pour les huit premiers mois varient donc d’une appellation à l’autre, pour des résultats globalement en baisse : -11 % par rapport à la campagne 2015-2016 (762.154 hl) pour les sorties de propriétés et -14 % pour les transactions (589.250 hl).

Blanchiment, crémant et -20 % en rouges


La Bourgogne présente cependant un potentiel de production relativement stable sur le long terme. La variation entre la moyenne des dix dernières récoltes (2007 à 2016) et la moyenne des récoltes des dix millésimes précédents (1997 à 2006) n’est que de -1 %. Sur les dix dernières années, les sorties de propriété de la Bourgogne enregistrent une hausse de +5 % (équivalent à une hausse de +9 millions de bouteilles), par rapport aux dix années précédentes.
Le visage des vignobles change. La région poursuit son blanchiment, avec des pertes de volumes importantes en vins rouges (-20,5 %) et une légère évolution pour les vins blancs (+3,6 %). Le crémant de Bourgogne fait une réelle percée (+78 %).


Export 2016: un nouveau record


Cumulé à la demande des marchés, le disponible généré par les beaux millésimes 2014 et 2015 permet aux vins de Bourgogne de maintenir un bon rythme de croissance globale à l’export (+1,6 % en volume et +4,5 % en chiffre d’affaires 2016 par rapport à 2015).
Le chiffre d’affaires progresse de 34 millions d’€ (+ 4,5 %) sur 2016, à 813,2 millions d’€. Il est réalisé à 52 % par les blancs, 44 % par les rouges et 4 % par le crémant de Bourgogne qui poursuit bien sa belle évolution.
Les principaux marchés d’Amérique du Nord, d’Europe (Royaume-Uni, Suède et Suisse), Hong Kong et la Chine contribuent largement à ces très beaux résultats, en chiffre d’affaires comme en volume. Dans le détail, les États-Unis et le Canada poursuivent leur croissance avec la plupart des appellations de Bourgogne. Le Royaume-Uni, la Suisse et la Suède retrouvent le chemin de la croissance, après deux années de recul. Enfin, la situation est plus compliquée sur certains marchés européens, en particulier l’Allemagne (-7,6 % en volume) et la Belgique (-12,2 % en volume). Ces deux pays ont globalement ralenti leurs importations totales de vins (respectivement -4,5 % et -6 % sur la même période)