Coopération vinicole
« Fiers d’être vignerons coopérateurs »

Publié par Cédric Michelin
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Le 24 et 25 juin prochains, la Confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF) tiendra son congrès national à Valence dans la Drôme. Son président, Boris Calmette revient sur les enjeux de ce rendez-vous. Interview.
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Le thème de la table ronde cette année est « Appellation, marque ou signature ». Pourquoi ce choix ? Est-ce un enjeu de taille pour la viticulture française de demain ?

Boris Calmette :
Lors de l’élaboration du plan stratégique avec FranceAgriMer, le constat était clair. Le volume de production diminue en France et nous perdons des parts à l’export. Nous faisons également face à des évolutions dans les habitudes de consommation. Comme pour la nourriture, le goût des consommateurs se mondialise. Nous avons voulu à travers l’organisation de cette table ronde interroger notamment des importateurs, des producteurs et des metteurs marchés, pour savoir comment les appellations, les marques ou encore les signatures se développent sur certains marchés. Loin de nous l’idée de vouloir hiérarchiser les choses. Nous souhaitons avoir un éclairage complet sur la question pour savoir quoi utiliser pour atteindre nos cibles.

Quel est l’enjeu du foncier en viticulture aujourd’hui, thème qui sera abordé lors d’une commission de travail ?
B.C. :
Le foncier est un enjeu commun à toute l’agriculture. Des jeunes souhaitent s’installer en viticulture et il existe des possibilités notamment en coopération. Nous avons travaillé à des outils qui permettent d’accompagner les caves coopératives quand elles souhaitent intervenir sur le foncier. Nous avons, par exemple, fait évoluer la loi d’avenir agricole pour intégrer la possibilité pour les coopératives de porter des parts de groupements de foncier agricole (GFA). Lors du congrès, nous présenterons également le bail cessible hors cadre familial. Notre objectif est de mettre à disposition de nos fédérations de caves coopératives un maximum d’outils pour répondre à leurs besoins en la matière. Les coopératives doivent pouvoir mettre le pied à l’étrier à des jeunes.

Quel sera le message fort que vous souhaitez lancer lors de ce congrès ?
B.C. :
Il y en aura plusieurs sans doute. Mais pour résumer : nous sommes fiers d’être vignerons coopérateurs. Le modèle coopératif a fait ses preuves. Nous sommes capables de créer des richesses et de les partager de façon équitable entre coopérateurs mais également de transmettre des outils performants aux futurs coopérateurs. Les coopérations sont transgénérationnelles et permettront aux générations futures de vivre dignement de leur métier. On s’inscrit dans le temps et l’on est aussi moderne pour répondre aux besoins de la société.

Le 25 juin, les prix du concours « Les caves coopératives installent les jeunes vignerons » seront remis. En quoi consistent-ils ?
B.C. :
Nous avons lancé ces prix l’an dernier au congrès. Le concours « Les caves coopératives installent les jeunes vignerons »*, labellisé par le ministère de l’Agriculture, vise à dévoiler les atouts de l’installation en cave coopérative et à valoriser les initiatives des caves pour accompagner des jeunes dans leurs projets. Le 25 juin, nous allons remettre quatre prix, le prix du projet collectif celui de la « mise en valeur du territoire », de la « formation des jeunes coopérateurs » et le Coup de cœur du jury, à des jeunes qui viennent de s’installer. Notre objectif est de mettre en avant les initiatives des coopératives qui ont été mises en place et de les diffuser dans les réseaux.

L’Assemblée nationale a penché pour la clarification de la loi Evin. Quel est votre sentiment aujourd’hui ?
B.C. :
Cet amendement apporte de la précision quant au travail de journaliste. C’est une excellente chose car nous pourrions avoir des reportages et articles qui parlent du vin de façon objectif sans risquer d’être pénalisés. C’est important pour nous qui sommes dans une démarche d’éducation, de modération en matière de consommation.

Quelles sont les spécificités viticoles de la Drôme, le département hôte du congrès ?
B.C. :
La Drôme, comme beaucoup de départements viticoles français, est relativement variée. Il est riche d’un groupement de producteurs important ; le Cellier des Dauphins, une structure économique capitale pour les côtes-du-rhône, la cave coopérative de Tain l’Hermitage et de nombreuses autres caves coopératives qui font vivre le territoire. La Drôme a aussi la particularité d’avoir à Suze-La-Rousse une école renommée où l’on forme les dirigeants de la viticulture de demain.

* Voir à ce sujet le portrait d'Hugues Perrousset à Laives qui s'installe avec la Cave des Vignerons de Buxy dans notre édition du 24 avril en page 11.