Vin et spiritueux
Nouveau record des exportations

Publié par Cédric Michelin
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Christophe Navarre, président de la FEVS, a dressé le 9 février un bilan plutôt flatteur de l’année 2016 : les ventes de vins et spiritueux français ont atteint 11,8 Md€ soit une hausse de 1,2 % en valeur. Encourageant pour 2017, ce résultat reste tempéré par la crainte sur les disponibilités.
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« La performance reste positive », rassure d’emblée Christophe Navarre, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) et PDG de Moët Hennessy. Après les niveaux records atteints en 2015, l’exportation des vins et spiritueux se porte toujours bien et enregistre une progression de 1,2 % en valeur. Elle figure ainsi au « top 3 des exportateurs », pour reprendre son président, derrière l’aéronautique mais devant les parfums et cosmétiques.

Recul des vins



Néanmoins, le marché ne se partage pas à part égale entre vins et spiritueux. Si les premiers représentent deux tiers du secteur, la valeur de leur vente à l’étranger recule de 0,8 % quand les seconds enregistrent une progression de 5,2 %. Parmi les spiritueux, le cognac est de loin le premier alcool exporté (70 %) et progresse de 6,5 % tandis que le rhum, le gin et le calvados sont de plus en plus demandés. Le Cognac a notamment bénéficié du dynamisme de deux de ses principaux débouchés, les Etats-Unis et l’Asie, avec un très fort retour des Chinois aux achats (+22% en valeur) après une période de repli liée à un durcissement de la réglementation sur les cadeaux d’affaire. Au Royaume-Uni, l’effondrement de la livre sterling de 12 % en 2016 ternit sans aucun doute les résultats puisque les exportations y reculent de 8 %.

Les défis à relever pour 2017



D’abord, le deuxième semestre 2016 a été meilleur que le premier, tendance qui devrait se poursuivre : « l’arrivée des millésimes 2014 et 2015 l’année prochaine va aider cette progression » indique Philippe Casteja, pdg du groupe bordelais Borie-Manoux. Une qualité qui, on l’espère, palliera la faible récolte 2016, due aux intempéries. « Cette récolte est la plus faible depuis trente ans » ce qui, logiquement, « pénalise la capacité à exporter » rappelle le président de la FEVS. La baisse tendancielle des disponibilités n’est d’ailleurs pas sans inquiéter les exportateurs français. « Avec la récolte 2016, l’une des plus basses des trente dernières années, la question de la capacité de production de la France est à nouveau posée », a souligné Christophe Navarre. Le président de la FEVS a insisté sur la nécessité de « regagner de la capacité de production, par exemple par le renouvellement du vignoble, de nouvelles plantations ou le recours à l’irrigation ». Il a souhaité que l’exportation soit considérée comme « la clé de voûte » du développement du secteur, dans un contexte de baisse régulière de la consommation nationale.

Pour les accords commerciaux



Il a également réclamé que les vins et spiritueux français bénéficient d’un accès « sécurisé » aux marchés extérieurs, « en particulier par la voie d’accords commerciaux ». La progression stable des ventes en Amérique du Nord et en Asie, et d’autre part, la perspective d’accords bilatéraux, notamment en Chine où la concurrence du Chili, avec qui l’accord est déjà en vigueur, ne laissent plus le choix. Baisser les droits de douane devient d’autant plus urgent que la pénurie de récoltes entraîne une hausse du prix de la production qui peut vite devenir un obstacle. Louis-Fabrice Latour, dirigeant de la maison Louis Latour, a en effet parfaitement conscience que « les clients commencent à s’exaspérer, à tiquer devant la hausse des prix des Bourgogne ».

Haut de gamme en hausse



Car si les vins haut de gamme ont poursuivi leur croissance aux Etats-Unis (+4,6 % en valeur) et en Chine (+6,5 %), les régions et catégories plus exposées à la concurrence internationale ont beaucoup plus souffert. Les ventes de vins IGP ont ainsi baissé de 5,4 %, plus nettement que celles des vins AOC (-0,5 %). « On relève également que l’année a été beaucoup plus difficile sur les marchés traditionnellement les plus exigeants sur les prix, où nous sommes concurrencés en entrée et moyenne gamme par d’autres origines », a relevé Philippe Casteja. Les volumes de vins français commercialisés en 2016 ont ainsi reculé en Allemagne (-0,6 %), au Royaume-Uni (-6,4 %) ou encore en Belgique (-10,5 %). Néanmoins, les acheteurs étrangers ne semblent pas prêts à se passer du vin français. Ainsi, le président de la FEVS ne se dit « pas pessimiste du tout sur la Russie » où en 2016 la valeur des exportations enregistre une hausse de 8 %. Au Canada, si le CETA est validé, les écarts entre produits locaux et importés se réduiront favorablement. Enfin, les relents protectionnistes des Etats-Unis ne semblent, pas de nature à freiner les vins et spiritueux. « Nous avons un long historique de commerce avec les Etats-Unis sur ces produits et l’industrie du vin aux Etats-Unis ne s’est jamais illustrée par des velléités protectionnistes », rassure Christophe Navarre.