Vols en milieu rural
Sentinelles agricoles

Publié par Cédric Michelin
-
Le ministre de l’Agriculture et le ministre de l’Intérieur se sont rendus dans l’Ain pour démontrer que l’engagement de l’Etat sur la problématique de la sécurité, notamment en milieu rural, était plus que jamais d’actualité.
128632--lefoll_cazeneuve_17.jpg
En décembre 2013, Cyril Degluaire, producteur à Saint-Cyr-sur-Menthon (Ain), s’est vu dérober une soixantaine de chapons et poulardes la veille d’un concours où il devait les présenter, peu avant les fêtes de fin d’année. Devant Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, le jeune agriculteur de 34 ans raconte comment il a retrouvé la chambre froide fracturée, précisant que « bien sûr, les voleurs sont venus la nuit où elle était la plus pleine ». Le cambriolage a occasionné près de 7.000 € de pertes pour le producteur, sans compter les 1.700 € de dégâts sur les portes du bâtiment. Les deux ministres écoutent, compréhensifs.
Depuis quelques années, on assiste à une augmentation des vols en milieu rural (+12 % en 2011, +15% en 2012) qui sont le fait de filières de plus en plus organisées, parfois internationales. Sans compter que la pratique du dépeçage des animaux vivants dans les champs, très traumatisante pour les éleveurs, s’est accrue de façon inquiétante. « Depuis un an, les agriculteurs ont alerté les autorités sur la recrudescence de ces actes et leur changement de nature », précise Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA également sur place. L'Etat entend mettre des moyens pour renforcer et améliorer son efficacité dans les territoires ruraux qui constituent « la richesse de la France », rappelle Stéphane Le Foll. « La sécurité, c’est partout, pas seulement dans les quartiers sensibles des villes », ajoute Bernard Cazeneuve.


« Proximité et réactivité »




Tout au long de la visite, l’adjudant Roux, de la gendarmerie de l’Ain, détaille quelques solutions pouvant être mises en place sur l’exploitation de Cyril Degluaire pour éviter de nouveaux vols : pose de barreaux sur les ouvertures des bâtiments, système d’alarme, lumière qui s’allume à chaque détection de mouvement, tout ce qui peut « renforcer l’insécurité du cambrioleur ». Il est l’un des deux « gendarmes référents » du département qui se déplacent sur les exploitations pour en souligner les points faibles en matière de sécurité. Le problème principal, poursuit l’adjudant Roux, « c’est l’accès, souvent ouvert : on préconise l’installation d’éléments de clôture comme les portails ou la végétation ». « Ah oui, des haies denses et épineuses, ça je connais », s’exclame Stéphane Le Foll, satisfait de pouvoir vérifier la pertinence des conseils prodigués sur le terrain. Pour favoriser ces recommandations adaptées aux spécificités de chaque production, le dispositif des gendarmes référents devrait se généraliser pour augmenter « la proximité et la réactivité », avec « des dispositifs qui allient la présence de l’Etat et les relais au sein de la profession agricole », ajoute le ministre en soulignant l’importance de l’expertise terrain. C’est dans cette optique qu’une convention a été signée dans l’Ain entre le préfet, la gendarmerie et les professionnels agricoles pour renforcer ces interactions d’autant plus importantes que « les gendarmes sont de moins en moins nombreux à avoir des agriculteurs dans leur famille et c’est donc un milieu qu’ils connaissent mal, même en milieu rural », témoigne un responsable de la FDSEA. Comme en Saône-et-Loire, un réseau d’alertes par SMS a également été mis en place pour que les agriculteurs puissent signaler tout ce qui leur paraît suspect. Si cette visite a donné l’occasion aux ministres de montrer leur volonté de lutter contre une possible « peur de la relégation, de l’abandon », selon Bernard Cazeneuve, pour Dominique Barrau « ce n’est qu’une étape dans le travail engagé, un travail continu, de tous les jours, qui n’est jamais gagné sur le terrain ». Pour envisager la suite, le général Favier, directeur de la Gendarmerie nationale, sera présent au Conseil fédéral de la FNSEA le 19 juin pour faire un état des lieux des conventions signées dans les départements depuis le plan anti-cambriolages lancé en septembre. L’organisation syndicale aimerait que soit instauré un suivi trimestriel pour multiplier les initiatives et optimiser la présence de la gendarmerie sur le territoire, en lien avec les agriculteurs qui restent de « véritables sentinelles » sur le terrain, explique le secrétaire général de la FNSEA.