Programme Degeram
Des pistes de progrès prometteuses

La collecte de données dans le cadre du programme génomique Degeram a débuté l’hiver dernier. Au terme d’une première saison de relevés en ferme, les premiers résultats ouvrent d’ores et déjà des pistes de progrès. Encore balbutiante en allaitant, la sélection génomique pourrait à terme faire gagner en confort de travail et en revenu.
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Invité à l’assemblée générale de l’Ajec 71 le 27 juin dernier à Toulon-sur-Arroux, François Robergeot du Herd-book charolais (HBC) avait pour tâche de présenter le programme génomique allaitant Degeram (lire encadré). Devant un jeune auditoire exigeant et connaisseur, le technicien a délivré des explications à la fois éclairantes et très concrètes. Il a ainsi dévoilé quelques-unes des premières constatations faites sur le terrain en faisant toucher du doigt l’intérêt prometteur de la génomique pour les éleveurs.
C’est sur les critères "Mortalité à la naissance" et "Viabilité des veaux" que la sélection génomique est très attendue. Très peu héritables, ces domaines étaient délaissés de la sélection génétique classique. On leur préférait des critères beaucoup plus faciles à suivre comme le potentiel de croissance. Or avec un taux de mortalité des veaux de 12 %, c’est une marge de progrès économique conséquente qui pourrait s’ouvrir grâce à la sélection génomique, en permettant d’augmenter le nombre de veaux sevrés, expliquait François Robergeot.

Qualité du colostrum


Autre piste prometteuse : le colostrum. Tous les prélèvements réalisés dans le cadre de Degeram sont analysés. Les premiers résultats mettent en évidence une grande hétérogénéité de richesse en sucres. «L’ordre de grandeur va de 1 à 7 avec, dans le meilleur des cas, un colostrum qui ressemblerait presqu’à du miel et à l’opposé, un liquide aussi fluide que de l’eau et à l’aspect peu engageant », décrivait le technicien en charge d’une partie des analyses. Il a également été observé que l’homogénéité des colostrums s’améliorait au fil de la saison des vêlages. Les colostrums sont très irréguliers pour les vêlages d’automne. La situation s’améliore à partir du mois de décembre et les valeurs sont toutes bonnes pour les vêlages tardifs. Ces premiers constats ouvrent de nombreuses pistes d’investigation. Cette hétérogénéité du colostrum provient-elle de la préparation au vêlage ? Qu’en est-il du rang de vêlage ? Quid des effets sur la mortalité ? Le lien entre la qualité du colostrum et la période de vêlage sera amené à être affiné de même que celui avec le poids à 120 jours, indiquait François Robergeot.

Pelvimétrie


Troisième innovation importante : la pelvimétrie. Il s’agit d’une mesure de la hauteur et de la largeur du passage du bassin. Une mesure qui se fait par voie interne et sous épidurale. Les mensurations obtenues seront intégrées dans une formule mathématique qui prendra en compte aussi le poids âge type et l’âge des animaux. Cette pelvimétrie devrait être un indicateur précieux pour éliminer les génisses à problème en vue de la reproduction. Cette donnée tangible devrait permettre de vérifier ou démentir certaines idées, comme celle qui veut qu’un taureau à vêlage facile, donc doté d’un index facilité de naissance important et donnant de petits veaux, produise des filles à l’aptitude au vêlage détériorée.
En investissant le champ de l’amélioration des conditions de naissance, la sélection génomique devrait générer de substantiels gains en confort de travail.
Mais la génomique charolaise n’en est qu’à ses prémices… Beaucoup de choses doivent encore s’affiner. Cette nouvelle technologie devrait cependant être une chance pour l’ensemble des éleveurs charolais, y compris en monte naturelle. Car si l’on parvient à surmonter les imperfections statistiques du système d’indexation actuel, alors il sera possible de détecter le potentiel des animaux où qu’ils soient. Et ce système rendrait l’utilisation de taureaux de monte naturelle toute aussi sécurisée que celle des taureaux testés d’insémination.


Collecte de données dans 75 élevages charolais


Degeram pour "Développement de la Génomique des races du Massif central" est un programme collectif multi espèces. 75 élevages charolais sont impliqués dans ce programme de recherche, dont 60 en Bourgogne et Auvergne et 15 en Pays de Loire. La collecte de données a débuté dans ces élevages l’hiver dernier. Elle porte notamment sur le vêlage : type de logement, comportement de la vache avant vêlage, déroulement mise bas, position du veau, délivrance, poids et tour de poitrine du veau, comportement du jeune veau, analyse de colostrum… Parallèlement à la collecte de données phénotypiques, tous les animaux concernés subissent des prises de sang en vue d’un génotypage. Ce travail sera la base pour créer des outils de sélection génomiques. A partir de la campagne prochaine, toutes les données collectées en ferme ne le seront plus sur papier mais sur tablettes.