Agriculture française
« Engager un vigoureux effort de compétitivité »

Publié par Cédric Michelin
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Le président de la Fédération nationale du Crédit agricole, Dominique Lefebvre, considère que le diagnostic et les solutions proposés par la FNSEA et les JA sont en mesure de redonner de la compétitivité à l’agriculture française. Interview.
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Est-ce que le Crédit agricole soutient la mobilisation de la FNSEA et des JA, le 5 novembre et pourquoi ?
Dominique Lefebvre :
Je comprends les revendications portées par la FNSEA et les JA au travers des huit thématiques mises en avant. Mon propos n’est pas d’apporter un soutien syndical, car le Crédit agricole n’est pas un syndicat. Mais je n’en suis pas moins interpellé par la pertinence des questions posées et je considère qu’il est normal que la FNSEA et les JA alertent et cherchent à redonner un nouveau souffle à l’agriculture française.

Est-ce que la crise qui frappe l’agriculture en ce moment remet en cause la capacité des agriculteurs à se développer et à investir ?
DL :
Bien sûr ! Le Crédit agricole suit régulièrement la trésorerie des exploitations. Le moins que l’on puisse dire est que nous observons actuellement des tensions chez les agriculteurs, et ce qu’elles que soient les filières de production. Certaines de ces tensions sont liées à des accidents conjoncturels consécutifs à des difficultés de marché, pour les céréales par exemple, ou à l’embargo russe sur d’autres secteurs. Dans ces cas et pour ces exploitations qui sont viables, le Crédit agricole est en mesure d’apporter des réponses adaptées à chaque situation grâce à des prêts de trésorerie, ou tout autre dispositif d’aménagement…Nous sommes en revanche plus désarmés pour les exploitations dont la rentabilité est nulle ou durablement compromise, et qui n’ont plus de marge de manœuvre.

Le plus tôt possible



Comment procédez concrètement pour accompagner ces deux catégories d’agriculteurs ?
DL :
Notre objectif est d’intervenir le plus en amont possible. Aussi avons nous décidé d’intensifier les contacts de notre réseau avec les agriculteurs en difficulté passagère, et de discuter avec chacun d’entre eux des meilleures façons de s’en sortir. Plus nous serons en mesure d’intervenir précocement, plus il sera facile de trouver des solutions. Pour les autres, les solutions ne relèvent pas entièrement de nous. Il existe au sein des départements des associations regroupant l’ensemble des OPA, ainsi que des procédures Agridif au travers desquelles des solutions peuvent être mises en œuvre. J’insiste sur l’intérêt d’anticiper plutôt que d’être contraint à un traitement curatif trop tardif rendant parfois les situations désespérées.

Au-delà du financement, quelles mesures devraient prendre les pouvoirs publics pour sortir l’agriculture du marasme dans lequel elle se trouve ?
DL :
L’agriculture doit engager un vigoureux effort de compétitivité. Elle ne peut le faire seule. Elle n’y parviendra que si les pouvoirs publics reprennent à leur compte les revendications portées par la FNSEA et les JA le 5 novembre. Pour résumer cela passe par la simplification des procédures, l’allégement des charges qui pèsent sur les exploitations agricoles, l’adaptation de la fiscalité… Je pense notamment à l’amélioration de la DPA/DPI que je trouve encore mal ficelée, ou la mise en place d’un véritable système d’assurance pour lequel il faut dépasser la simple mutualisation des coûts par une contribution significative des pouvoirs publics français et européens. Le Gouvernement a exprimé des intentions qui vont dans le bon sens. Reste à les concrétiser sans trop tarder. Je ne sous estime pas non plus les efforts que doit conduire la profession elle-même pour accompagner tous les agriculteurs, notamment en permettant à chacun d’accéder au meilleur niveau. Même si les temps sont durs je crois que les agriculteurs doivent garder confiance en l’avenir.