Lors de sa dernière assemblée générale, la Safer Bourgogne Franche-Comté a fait le point sur l'évolution du marché foncier

Lors de sa dernière assemblée générale, la Safer Bourgogne Franche-Comté a fait le point sur l'évolution du marché foncier

« En situation de crise financière et morale telle que la connaît notre profession, les techniciens Safer doivent être attentifs à l'aspect humain lorsqu'ils interviennent et alerter en cas de situations désespérées », rappelle Jean-Luc Desbrosses, président de la Safer BFC. Le drame survenu en Saône-et-Loire lors d'un contrôle sanitaire est dans tous les esprits. Les participants à l'assemblée générale de la Safer BFC réunis le 7 juin à Dole ont forcément abordé la question des difficultés croissantes des exploitations à financer l'acquisition du foncier. Le thème retenu pour cette assemblée générale "Bailleurs ou investisseurs, quels acheteurs de foncier pour quel modèle agricole ?" a permis au débat d’entrer dans le vif du sujet.

Le marché du foncier agricole en BFC n'est pas encore, dans son ensemble, confronté à la financiarisation et ne fait pas l'objet de convoitises étrangères. Pourtant, l'exemple des 17.000 hectares vendus dans l'Indre à des investisseurs chinois a montré les limites du contrôle des structures et confirme que la question mérite d'être posée. « Il nous faut moraliser et conserver un financement vertueux de l'agriculture », estime Michel Heimann, directeur de Safer Rhône-Alpes, venu apporter son témoignage. La maîtrise du foncier par la Safer permet un prix moyen des terres en France de l’ordre de 6.000 €/ha à comparer aux 20.000 à 40.000 €/ha de certains pays voisins. Certes, un prix relativement bas du foncier facilite les reprises d'exploitation, mais il peut aussi attirer des investisseurs. « Veillons à ne pas être envahi par des spéculateurs et privilégions de petits porteurs et des investisseurs vertueux. La Safer doit avoir un droit de regard sur l'authenticité de ces investisseurs dans le cadre de la loi foncière », estime le représentant de Rhône-Alpes.

Un vivier de petits investisseurs

Pour la Safer BFC, la région dispose d'un vivier de petits investisseurs privés qui suffisent pour répondre à la demande. « Cette formule est plus sécurisante car ces investisseurs ont un intérêt direct à leur propriété et sont prêts à mettre à bail avec un statut du fermage protecteur, voire à investir dans le bâti s'il est en bon état », note Jean-Luc Desbrosses. Lorsque la Safer est sollicitée par des fonds d'investissements de grandes organisations, de fonds de pensions ou d'assurances, elle les oriente en priorité vers un investissement temporaire, par exemple un achat suivi d'une mise à bail sur une durée d'un an pour faciliter l'installation d'un jeune.

L'appel à des investisseurs n'est donc pas exclue mais doit se faire sous contrôle. Et le président de la Safer BFC de conclure : « Nous avons besoin d'un encadrement solide de la destination du foncier agricole, et la Safer en fait partie, avec l'appui du syndicalisme et des collectivités. Notre objectif : rester dans un modèle où l'agriculteur peut maîtriser son outil et sa production ».

Isabelle Pouget