Climats de Bourgogne
Universels et exceptionnels

Publié par Cédric Michelin
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Universels et exceptionnels ! L’inscription par l’Unesco des Climats de Bourgogne au Patrimoine mondial ouvre une nouvelle page dans l’histoire de la Bourgogne toute entière. Tout comme la création des AOC en 1936, elle relance pleinement et collectivement les projets bourguignons, à l’image de la prochaine Cité des Vins de Bourgogne à Beaune –et de ses Cités filles– ainsi que la Cité de la Gastronomie à Dijon.
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« Cette inscription est la reconnaissance du travail de toutes les générations d’hommes et de femmes, vignerons, moines cisterciens, ducs de Bourgogne, qui, siècle après siècle, ont patiemment construit le vignoble de la Bourgogne, recherchant l’excellence avec détermination. L’appartenance des Climats du vignoble de Bourgogne au Patrimoine de l’humanité est notre fierté. Désormais, c’est aussi notre devoir vis-à-vis de la communauté des nations », a déclaré solennellement Aubert de Villaine (Domaine de la Romanée Conti), Président de l’Association des Climats du vignoble de Bourgogne, qui a porté la candidature au Patrimoine mondial de l’Unesco ce samedi à Bonn en Allemagne. Et de poursuivre : « c’est à toutes celles et ceux qui ont cru en cette aventure, qui l’ont soutenue avec ferveur, que je veux rendre hommage et à qui j’adresse mes sincères remerciements. Cette inscription est le fruit d’un travail collectif, mené de concert par les collectivités, les services de l’État, le comité scientifique, le monde viticole, les entreprises et mécènes et les plus de 64.000 personnes constituant le Comité de soutien ».

Valeur universelle exceptionnelle



Pour être inscrit au titre de « site culturel », la Bourgogne travaillait sur son dossier depuis huit ans. La Bourgogne viticole est donc reconnue pour son importance culturelle à l’échelle mondiale. « Nous avons la chance de pouvoir affirmer que ce que nous élaborons ici, c’est beaucoup plus que du vin ; que ce que nous exposons, c’est beaucoup plus que des paysages. C’est une construction culturelle à la très longue et riche histoire, qui se distingue parce qu’elle est unique et exceptionnelle », explique Bernard Pivot, Président du comité de soutien à la candidature.
En effet, cette œuvre conjuguée de l'homme et de la nature donne naissance à des vins reconnus dans le monde entier. De plus, ce site culturel abrite un patrimoine bâti exceptionnel lié à la culture de la vigne. La région rayonne dans le monde entier avec son modèle de viticulture de terroirs. Associés aux villes de Dijon et Beaune, sièges historiques du pouvoir politique, économique et culturel, les Climats du vignoble de Bourgogne constituent un conservatoire unique et vivant de savoir-faire et de traditions.

Zone centrale protégée à 90 %



Protéger, valoriser et transmettre ont été les objectifs fondateurs de la candidature. La zone centrale d’inscription sera à l’horizon 2018 protégée à 90 % par des outils adaptés. L’association poursuivra ces projets, en matière d’urbanisme, de développement économique, d’environnement, d’architecture, de médiation et de tourisme, avec le souci de maintenir un équilibre constant entre préservation et développement. L’Unesco n’imposera pas de contraintes supplémentaires par rapport à la législation existante. En revanche, l’inscription au patrimoine mondial introduit une prise de responsabilité de tous les acteurs concernés et prévoit la mise en place d’un plan de gestion qui se traduit dans les règlementations communales ou intercommunales.
« Nous nous réjouissons de cette inscription, a confié Claude Chevalier, Président du BIVB. Mais, cette inscription n’est pas une finalité en soi. C’est une étape de plus qui jalonne notre histoire. Cette inscription nous engage aussi à poursuivre dans la même voix de qualité, sans mettre notre vignoble « sous cloche », mais en assurant la continuité de l’activité économique et de la vie des populations, dans le respect de ce vignoble qui nous fait vivre et que nous transmettrons demain aux générations futures ».



La Cité des Vins relancée sous de bons Climats



Loin de s'achever à Bonn, l’aventure continue avec La Cité des Vins de Bourgogne à Beaune. Ce futur site oenotouristique sera dédié à la Bourgogne, à ses vins et accueillera un centre d’interprétation des Climats. Si la question reste entière pour la Cité fille en Saône-et-Loire, à Beaune, le dossier avance bien et l’appel d’offre pour le choix d’un architecte devrait être lancé courant 2016, pour une ouverture en 2018. Cette Cité rayonnera sur toute la Bourgogne, car, si le site inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco se limite à la Côte de Beaune et à la Côte de Nuits, c’est bien tout le vignoble de Bourgogne qui, au fil des siècles, s’est structuré autour de ses Climats ! En règle générale, une inscription sur la Liste du patrimoine mondial entraîne de nombreuses retombées positives dont une hausse de la fréquentation touristique (de 15 à 20%). Afin de gérer le site dans une logique de développement durable, une étude sur les flux a été conduite sur le territoire des Climats.





Qu’est-ce qu’un « Climat » en Bourgogne ?


Le vignoble de Bourgogne s’est construit sur 2000 ans. Sa spécificité est d’avoir constamment recherché la référence au lieu (le Climat) et au temps (le millésime), comme marqueurs de la qualité de la production viticole. Au fil des siècles, les vignerons ont cherché à révéler et à identifier le potentiel des terroirs de la Côte. Cela explique comment, à quelques mètres de distance, la même appellation ne produit pas le même vin, même si elle est produite à partir d’un seul cépage (Pinot Noir pour les vins rouges, Chardonnay pour les vins Blancs). Cette grande diversité de crus a donné naissance à une parcellaire minutieux.

Cette recherche trouve son expression la plus aboutie tout au long de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune, sur les 60 kilomètres reliant Dijon à Santenay. Accolés les uns aux autres, telles les pièces d’un grand puzzle, les Climats forment une mosaïque de crus uniques, où défilent les noms les plus illustres. Les « Climats » bourguignons –le Montrachet, la Romanée-Conti, le Chambertin, les Cailles…– sont donc des parcelles de vignes, précisément délimitées et de superficie souvent réduite. Ils sont nés des conditions naturelles des sols, de leur exposition au soleil ou aux vents et du travail des hommes qui les a façonnés, révélés et hiérarchisés au cours d’une longue histoire qui remonte à l’époque gallo-romaine. Composé de 1.247 climats, le site classé s’étend sur plus de 8.000 hectares, la superficie de chaque parcelle varie en moyenne de 1 à 20 hectares avec, pour le Clos de Vougeot, une exception avoisinant les 50 hectares. L’emprise de la vigne sur le territoire varie sensiblement d’un village à l’autre : parfois très concentré au nord du village (comme à Corgoloin, Comblanchien,Vougeot ou Ladoix-Serrigny), il vient, la plupart du temps, encercler l’espace urbanisé du village.